INTRODUCTION
Les années 60 et 80 sont considérées comme les décennies des indépendances
africaines du fait que la majorité des pays aient décidé de mettre fin au joug
de l’époque coloniale afin de repenser de manière autocentrée le développement
de leur continent. Seulement, ces décennies ont également été caractérisées par
des instabilités politiques, des coups d’Etat militaires, des gouvernements à
parti unique, des dictatures et aussi par l’influence grandissante de la guerre
froide dans les affaires africaines. Confrontés à l’apparition de la crise
économique avec un fort endettement extérieur, au déclin du développement
social, aux échecs des institutions financières internationales et des
politiques libérales, les pays africains ont essayé de renverser la tendance en
appelant à un nouvel ordre économique mondial qui leur permettrait d’élaborer
des stratégies de développement autocentrées, culturellement pertinentes et
influencées par l’Etat. C’est dans ce contexte que les dirigeants africains ont
jugé nécessaire de changer l’orientation de l’Organisation de l’Unité Africaine
(OUA), de la libération politique au développement économique. Par conséquent,
tout au long des années 60 à 90, plusieurs stratégies vont être déployées. On
aura entre autres la stratégie d’Ujama élaborée en 1960 par Julius Nyéréré
fondée sur l’autosuffisance, celle des besoins fondamentaux conçue par Robert
Mc Namara en 1973 qui était pour le replacement de l’Homme au centre du
développement par la satisfaction de ses
besoins fondamentaux, le Consensus de Washington généralement associé à la
stratégie prônant l’émergence des ONG. Il eut aussi comme initiatives le Plan
de Lagos (1980), la Charte Africaine d’Arusha pour la participation populaire
et le développement (1990) et le Traité d’Abuja (1991) pour ne citer que ceux-là. Face à l’échec lamentable de ces différents
plans, une nouvelle génération de dirigeants africains décida de rentrer dans
le 21e siècle en proclamant la Renaissance. C’est dans cet esprit de
recherche de nouvelles solutions qu’est
né le « Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique » plus connu sous le sigle NEPAD.
Ce dernier s’est doté d’un programme ambitieux dont les axes tournent autour de
la paix et de la sécurité, des infrastructures, l’agriculture et l’accès au
marché et la bonne gouvernance. Cet
aspect précis de la bonne gouvernance constitue la principale innovation du
NEPAD par rapport aux autres plans et
programmes préalablement établis par les Africains. En effet l’accent mis sur
la bonne gouvernance par le NEPAD, comme condition sine qua none au
développement fait de ce concept plus
que jamais un préalable au développement économique, social et culturel de
l’Afrique. Cependant, dans quel contexte ce projet a-t-il émergé ? En quoi
consiste-t-il ? Dans quelle mesure ou plus encore, par quels moyens le
NEPAD entend il contribuer au développement de l’Afrique ? Les réponses à
ces différentes interrogations nous servirons de guide dans le cadre de cet
exposé.
•
CONTEXTE HISTORIQUE
DE L’AVENEMENT DU NEPAD
Pour comprendre de manière approfondie le NEPAD et le nouvel espoir qu’il entend
apporter à l’Afrique, il est judicieux et important d’étudier d’abord le
contexte dans lequel ce projet est né.
Pour cela, nous passerons en revue les différents Mouvements, Conférences et
Sommets qui ont non seulement précédé l’avènement du NEPAD mais aussi constitué
le socle ou les jalons de cette initiative.
•
Du Non-alignement
aux Conventions de Lomé
•
Du Mouvement des Non-alignés à Belgrade
Le non-alignement exprime la volonté des nations, devenues indépendantes,
d’affirmer leur existence face aux grandes puissances que sont les Etats-Unis
représentant le bloc capitaliste et l’URSS, le bloc communiste. Cependant, le
non-alignement se distingue de la neutralité dans la mesure où il implique une
participation active aux affaires internationales, notamment au travers de
l’Organisation des Nations unies (ONU).Ces nations nouvellement indépendantes
obtiendront leur reconnaissance politique lors de la Conférence de Bandung du
18 au 24 Avril 1955. Celle-ci fut organisée par la Birmanie, l’Inde, l’Indonésie
et le Pakistan et réunit 29 Etats des continents africain et asiatique
principalement issus de la décolonisation. Parmi les participants figurent
Nasser, président d’Egypte, l’Indien Nehru, l’Indonésien Sukarno et le chinois
Zhou Enlai. De cette conférence naîtra concrètement le mouvement de
non-alignement, qui assure l’autonomie et la neutralité des pays du tiers-monde
vis-à-vis de l’URSS et des Etats-Unis. Même si au terme de la conférence
sus-évoquée aucune organisation commune n’est créée pour équilibrer les deux blocs de la guerre
froide, elle aboutira néanmoins à l’élaboration de dix principes au rang
desquels figurent le respect des Droits de l’Homme, l’égalité entre tous les
peuples, et à la formation effective du Mouvement des non-alignés.
En 1961, le mouvement nouvellement formé tint sa première conférence à
Belgrade en Serbie sous l’invitation du Président Tito de la Yougoslavie. Cette
Conférence invitait les deux « super grands » à savoir les Etats-Unis et l’URSS à entrer en
contact afin d’éviter un conflit
mondial, rejetait le système des deux blocs et l’idée que la guerre, y compris
la guerre froide, soit inévitable. Elle prônait également la nécessité d’une «
coexistence pacifique », préconisait un
désarmement total et affirmait le droit des peuples à l’autodétermination, à
l’indépendance, ainsi qu’à la libre disposition de leurs richesses. Enfin, elle
réclame la création, sous l’égide de l’ONU, d’un fonds d’équipement pour venir
en aide aux pays en voie de développement.
•
Les Conférences de Yaoundé et les Conventions de Lomé
L’accession à l’indépendance des pays et territoires d'outre-mer a entraîné
la négociation de leurs relations, notamment dans le domaine de la coopération
économique, scientifique et culturelle avec la CEE, sur des bases
contractuelles. Cette coopération s’est enrichie depuis 1957, tant au niveau de
son champ d’application que de son étendue géographique. C’est dans ce
sens que fut signé le 2 Juillet 1963, la première Convention de Yaoundé. Cette
Convention prévoyait une aide financière et commerciale aux 18 anciennes
colonies africaines qui avaient formé la EAMA (Etats Africains et Malgaches
Associés) . La deuxième Convention fut signée
le 29 Juillet 1969. Celle-ci ne fut en réalité qu’une extension de la
première et portait essentiellement sur le financement des projets avec une prépondérance en
Afrique. Il faut cependant noter que les Conventions de Yaoundé (et plus tard
celles de Lomé) étaient des accords intergouvernementaux et les ressources pour
leur implémentation émanaient d’un fond spécial à savoir le Fond Européen de
Développement (EDF) dans lequel les Etats membres de l’Union Européenne
devaient apporter leur contribution.
L’extension de la Communauté
Européenne avec la venue du Royaume Uni
souleva le problème des vingt (20) pays en voie de développement qui étaient
membres du Commonwealth Britannique. Avec l’Ethiopie et quelques anciennes
colonies britanniques en Afrique, certains de ces pays en voie de développement
ont rejoint le groupe des pays ACP (Afrique Caraïbes Pacifique). Les
crises pétrolières des années 70, la
hausse du coût des matières premières et le dialogue Nord-Sud, ont influencé
les négociations qui ont abouti aux Conventions de Lomé de I à IV. Les principales
caractéristiques de ces Conventions sont
l’égalité des partenaires, la nature contractuelle des relations et une
combinaison d’aide, de commerce et de politique dans une vision à long terme.
•
La première
Convention à savoir Lomé 1 a été signée le 28 Février 1975. Elle concernait 46
pays des ACP et 9 pays européens. Elle visait l’implémentation d’un modèle de
développement basé sur un partenariat et la solidarité. Lors de cette convention,
fut mis en place le STABEX (fonds de
stabilisation des recettes d’exportation sur les produits agricoles) reparti
par le Fond Européen de Développement (FED).
L’objectif ici était de favoriser l’adaptation des pays ACP à
l’économie de marché de la Banque Européenne pour la Reconstruction et le
Développement (BERD).
•
La deuxième,
Lomé 2 fut signée le 31 Octobre 1979 par 58 pays des ACP et 9pays européens.
Elle bénéficiait du financement du 5ième fond européen de
développement. Cette convention n’apportera pas de changement majeur à
l’exception de la création du SYSMIN entendu comme système de développement du
potentiel minier. Celui-ci fut créé pour apporter de l’aide aux industries
minières des pays ACP. Le SYSMIN couvre 8 produits miniers et intervient si la
baisse des cours menace l’outil de production (le seuil de déclenchement doit
représenter 18 pour cent des exportations totales).
•
Lomé 3 fut signée le 8 décembre 1984 par 10
Etats européens et 65 pays ACP et reçût le financement du 6ième FED.
Avec son protocole sur le sucre, elle prévoit l’importation de 1,3 millions de
tonnes de canne à sucre aux prix européens. Ce protocole serait la raison du
décollage des pays fournisseurs de sucre de cannes.la troisième convention de
Lomé mettait l’accent sur un développement basé sur l’autosuffisance et la
sécurité alimentaire.
•
Lomé 4 fut
signée le 4 novembre 1995 par 68 pays ACP et 12 Etats européens, et financée
par le FED 7 et 8. Malgré le fait que le protocole financier n’eût qu’une durée
de trois ans, cette convention fût la première à couvrir une période de dix
ans. Sa particularité émanait du fait qu’elle mettait l’accent sur la promotion
des Droits de l’Homme, la démocratie et la bonne gouvernance, le renforcement
de la position des femmes, la protection de l’environnement, la coopération
décentralisée, la diversification de l’économie des pays ACP, la promotion du
secteur privé et le renforcement de la coopération régionale.
A la suite de Lomé 4, fut signée la
même année par 70 pays ACP, une autre convention appelée Lomé 4 bis.
•
Du Plan de Lagos à la création du NEPAD
•
Le plan de Lagos et son
issue
Durant une rencontre à Monrovia en Juillet
1979, les leaders africains évoquaient l’idée selon laquelle l’Afrique ne
pourrait pas se développer en attendant les bénéfices des relations jusque-là
entretenues avec l’Occident à travers les accords de Lomé et de Yaoundé. Il
faut donc déterminer un certain nombre de stratégies nécessaires pour permettre
à l’Afrique de se développer et de sortir de l’impasse dans lequel se trouve le
continent depuis la moitié des années 70. Comme autres résolutions, les leaders
africains prononçaient la décision de créer des organes régionaux et sous
régionaux pour permettre d’assurer l’autocentricité du développement. Ce
processus continua en Juillet 1980 avec la seconde session extraordinaire des
Chefs d’Etats et de Gouvernements qui a eu lieu au Nigéria et a produit le Plan
d’Action de Lagos. Ce plan était en fait la clarification de la philosophie
indiquée à Monrovia. Dans cet esprit, le plan de Lagos s’était assigné
l’objectif d’une croissance forte (7% l’an) fondée sur une véritable révolution
agricole (4% de croissance annuelle) et sur une industrialisation conséquente
(9.5% de croissance annuelle). Simultanément, il affirmait l’objectif d’une
intervention économique et même culturelle et sociale du continent. De manière
générale, « the tendency of the Lagos Plan was to list the problems that
African countries were facing, suggest solutions without even a vague hint of
how these could be financed, and then recommended the creation of numerous
international institutions to help African countries ». Le continent Africain
a en effet bénéficié de multiples stratégies développement qui ont
malheureusement échoué. C’est ainsi que les institutions financières essayeront
tant bien que mal de penser un développement en Afrique en instaurant les
Programmes d’ajustement Structurels (PAS) pour tenter de venir en aide aux Pays
en voie de développement. Ces programmes étaient basés sur le libéralisme
économique pour une participation effective à l’économie. Cependant, les PAS
n’ont pas amélioré les conditions de sous-développement des PED (Pays en voie
de développement), mais au contraire, ont plongé les PED dans une situation de
dettes et par conséquent d’aggravation de la pauvreté. Cet échec des PAS,
stratégie commanditée depuis le Nord va donc conduire à une réflexion plus poussée
sur la situation des PED. C’est dans cette optique que va émerger à la fin des
années 90, la stratégie de lutte contre la pauvreté, et plus tard l’initiative
du NEPAD.
•
Processus de création
du NEPAD
Né d'une volonté des chefs d’État africains de
ne pas attendre que des propositions nouvelles pour le développement de leur
continent émanent des grands pays industrialisés, le NEPAD est le fruit du
constat des échecs essuyés par tous les plans d’aide portés par les bailleurs
de fonds, sans une véritable implication des peuples africains. C’est ainsi
qu’à l’occasion du Sommet de l’Organisation de l’Unité Africaine qui s’est tenu
le 23 Octobre à Abuja, les Etas membres ont adopté la proposition faite
par cinq (5) chefs d’Etats africains
(Afrique du Sud, Algérie, Egypte, Nigéria) de lancer un nouveau partenariat
pour le développement de l’Afrique. Cette initiative fut d’abord matérialisée
par l’adoption du Millenium Partnership for the African Recovery Program (MAP)
initié par le Chef d’Etat Sud-africain Thabo Mbéki en collaboration avec les
Présidents Olusegun Obasanjo (Nigéria), Abdelaziz Bouteflika (Algérie). Ce plan
est présenté comme un programme de renaissance africaine et une volonté de
réconciliation avec l’Afrique et ses réalités. Il s’agit d’un diagnostic des
sources de l’appauvrissement historique de l’Afrique et un appel à la prise de
conscience. Par la suite, le Président Sénégalais Abdoulaye Wade a apporté sa
contribution en proposant le Plan OMEGA pour l’Afrique. Celui-ci se réfère à la
théorie du rattrapage (The catching up theory) et propose de combler les gaps
qui séparent les pays africains de ceux développés dans les secteurs essentiels
de l’économie. Il préconise ainsi le développement par l’intégration économique
et à partir de la mobilisation du capital physique et humain. Ces deux plans
vont donc fusionner en Juillet 2001 à Lusaka (Zambie) sous le nom de Nouvelle Initiative Africaine qui sera rebaptisée plus tard Nouveau Partenariat pour le Développement
Africain.
Manifestation de la résurgence
panafricaine, ce nouveau partenariat s’inscrit dans le cadre de la réforme de l’OUA et se
positionne comme l’instrument privilégié de la prochaine Union Africaine (UA).
Le NEPAD se présente en effet comme un outil devant faciliter la réalisation
des objectifs fixés par la Charte de l’UA parmi lesquels on retrouve notamment
la nécessité de « créer des conditions appropriées permettant au continent
de jouer le rôle qui est le sien dans l’économie mondiale ». Cette
nouvelle initiative traduit ainsi la volonté politique du continent de
s’engager sur la voix d’une croissance et d’un développement durable, tout en
participant activement à l’économie et à la vie politique mondiale. L’objectif
d’une telle réflexion est donc d’identifier les différents moyens à mettre en
œuvre afin de permettre enfin le décollage du continent.
•
LE NEPAD :
INITIATIVE DE BONNE GOUVERNANCE ET DE DEVELOPPEMENT AFRICAIN
•
Présentation du NEPAD
Le NEPAD est un programme africain adopté en Octobre 2001 par seize chefs
d’Etats africains et visant à promouvoir un développement autocentré de
l’Afrique et offrant une vision opérationnelle englobant les activités
sociales, politiques et économiques. Ce dernier n’est pas une version révisée
du programme d’ajustement structurel (PAS), mais il vise plutôt à développer un
nouveau partenariat global et son objectif est de transformer la relation
donateur-bénéficiaire en une nouvelle approche de développement basé sur des
objectifs communs et un engagement mutuel. Avec le NEPAD, l’Afrique réaffirme
sa détermination à renforcer sa capacité à s’intégrer dans le monde en tant que
partenaire dynamique, et non comme une entité marginalisée. Le Nouveau
Partenariat Pour le Développement de l’Afrique (NEPAD), est « une promesse
faite par des
dirigeants africains, fondée
sur une vision commune,
ainsi qu’une conviction
ferme et partagée
qu’il leur incombe d’urgence d’éradiquer la pauvreté, de
placer leurs pays, individuellement et collectivement, sur la voie d’une
croissance et d’un développement durables, tout en participant activement
à l’économie et
à la vie
politique mondiales » . Le
Président Olusegun Obasanjo décrit le NEPAD comme étant : « la
plus jeune épouse de l’Afrique (…)». En effet, le NEPAD est le dernier
venu d’un ensemble de mesures politiques et de propositions de programmes sur
la façon dont le continent devrait être libéré du joug de la pauvreté et du
sous-développement. Le NEPAD a l’originalité de mettre l’accent sur le secteur
privé qui apparaît comme un des partenaires prioritaires. De plus, il fait de
la région l’espace premier en différenciant les cinq(05) grandes régions de
l’Union Africaine (Afrique du Nord, Afrique australe, Afrique Centrale, Afrique
de l’Ouest et l’Afrique de l’Est). De ce fait, le cadre régional constitue un
référent de base pour penser les projets de développement.
Le NEPAD est
structuré de la manière suivante :
•
Le Comité
d’Orientation des Chefs d’Etat et de Gouvernement (HSGOC) : il
assure la direction du processus du NEPAD, définit les politiques,
fixe les priorités et les programmes d'action. Au lancement du programme du
NEPAD, le nombre des membres du Comité d'orientation était de 15 y compris les
cinq pays initiateurs. Afin d’encourager l’intégration et l’appropriation, le
nombre a été porté à 20 membres par l’Assemblée de l’UA.
•
Le Comité de
pilotage : est
principalement responsable de l’élaboration des termes de référence des
programmes et projets identifiés ainsi que de la supervision du travail et des
activités programmatiques de l’Agence du NEPAD ;
•
L’Agence du
NEPAD : est de
faciliter et de coordonner la mise en œuvre de programmes et projets
prioritaires régionaux et continentaux, d’encourager les
partenariats, de mobiliser des ressources et de s’atteler à la
gestion de la recherche et des connaissances.
•
Les principes
Le projet du
NEPAD est basé sur huit (8) principes généraux :
•
La bonne
gouvernance comme un impératif de base pour la paix, la sécurité et un
développement socioéconomique et politique durable ;
•
Assurer la
propriété, la responsabilité et le leadership par l’Afrique ;
•
Ancrer le
développement de l’Afrique sur ses ressources ;
•
Partenariat
entre les peuples africains ;
•
Accélération de
l’intégration régionale et continentale ;
•
Construire la
compétitivité des pays africains ;
•
Mettre sur pied
un nouveau partenariat international qui va changer les relations jusqu’ici
inégales entre l’Afrique et les pays développés ;
•
S’assurer que
tous les partenariats avec le NEPAD vont dans le même ordre d’idées que les
Objectifs du Millénaire pour le Développement.
•
Objectifs du NEPAD
L’objectif principal du NEPAD est d’éradiquer la pauvreté et d’engager les
Etats africains, individuellement et collectivement, sur la voie d’une
croissance et d’un développement
durables et, dans le même temps, de prendre activement part à l’économie
et à la politique mondiale sur un même pied d’égalité que les pays développés.
Par rapport à cet objectif global, il s’est assigné plusieurs objectifs selon
lesquels l’Afrique devrait :
•
S’impliquer davantage dans la prévention des
conflits afin d’établir une paix durable dans le continent ;
•
Œuvrer pour
l’adoption et l’implémentation des principes de démocratie et de bonne
gouvernance politique et économique et faire de la protection des droits de
l’Homme une priorité dans tous les pays africains ;
•
Développer et
implémenter des programmes effectifs d’éradication de la pauvreté ;
•
Stopper la
marginalisation de l’Afrique dans le processus de mondialisation ;
•
Promouvoir une
croissance accélérée et un développement soutenu.
•
NEPAD : Initiative de bonne gouvernance et de
développement Africain
•
NEPAD et bonne
gouvernance
La bonne gouvernance est un concept fortement contesté. Son usage général
se réfère à une plus grande efficience dans le processus
gouvernemental, « transparence » et « rationalité » dans
l’allocution des ressources. Selon Sawar Lateef, ‘’la bonne gouvernance se
décline sous trois aspects à savoir : la forme du régime politique, le
processus par lequel le pouvoir et l’autorité sont exercés, la capacité de
créer, formuler et implémenter des politiques.’’ Plus clairement, la bonne
gouvernance désigne « les règles, processus et comportements qui
influent sur l’exercice des pouvoirs au niveau d’un Etat, d’une organisation ou
d’une communauté particulièrement du point de vue de l’ouverture, de la
participation, de la responsabilité, de l’efficacité et de la cohérence ».
Le MAEP
(Mécanisme Africain d’Evaluation par les Pairs) apparaît au sein du NEPAD dès
2003 dans le but de servir comme un instrument d’interface, capable de garantir
une harmonisation des normes déjà disparates en vertu de la contextualisation
du concept de « bonne gouvernance » en Afrique. Il définit les
institutions et processus qui guideront les évaluations futures entre pairs sur
la base des codes et des normes de gouvernance démocratique, politique,
économique et des entreprises, convenus d’un commun accord.
C’est dans cette optique qu’en 2007
la fondation du Soudanais Ibrahim Mo va instituer le Prix Mo dans le but de
primer les anciens chefs d’Etats Africains qui auront fait preuve de bonne
gouvernance dans leur gestion des affaires publiques pendant qu’ils étaient au
pouvoir ». Pour attribuer le prix le Mécanisme Africain d’Evaluation par
les Pairs procède en quatre phases. Tout d’abord le Comité des Chefs d’Etat et
de Gouvernements participant au forum est la plus haute instance de décision du
MAEP ; le groupe des personnalités éminents supervise le processus
d’évaluation afin d’en garantir l’intégrité, il examine les rapports et fait
des recommandations au forum du MAEP ; le secrétariat du MAEP fournit
l’appui technique administratif et sert d’organe de coordination au
MAEP ; l’équipe des missions des
nouveau pays visite les états membres afin d’évaluer les Progress et élaborer
un rapport MAEP sur le pays.
Ce prix pour la bonne gouvernance s’élève à 5 millions de dollars et
s’accompagne d’une rente de 200 000 dollars par ans. Il y a eu comme
lauréats Joaqhim Chisano du Mozambique
en 2007 ; Nelson Mandela ex président Sud-Africain qui a été lauréat et
qui s’est vu attribué un titre honorifique la même année; Festus
Mogae du Botswana recevra le sien 2008.
Afin de mieux cerner cette notion de MAEP, nous allons l’étudier sous deux
axes : son fondement et son organisation et les types, périodicité
d’évaluation et étapes du MAEP.
•
Fondements et
organisation du MAEP
•
Fondements
•
Principes
Ce mécanisme se
fonde sur l'adoption de politiques, standards et conduites propices à une
stabilité politique, une croissance économique et un développement durable.
Cela passe par le partage d'expériences et le renforcement des pratiques ayant
connu du succès entre Etats membres, ainsi que par le nécessaire renforcement
des capacités de décision des pairs dans l'exercice d'un dialogue constructif
basé sur des arguments de nature à rendre le processus effectif, crédible et
acceptable.
Le MAEP est par
ailleurs basé sur la participation de toutes les composantes de la société à la
gestion de la gouvernance démocratique, politique, économique et des
entreprises. L'adhésion y est volontaire et la participation ouverte à tous les
Etats membres de l'Union Africaine. C'est un processus initié et géré par les
Africains eux-mêmes. Le MAEP permet en outre la participation des tiers dans
les affaires intérieures des Etats de même qu'une mobilisation des compétences
techniques et crédibles libres de toute manipulation, contrairement à la politique
jusque-là appliquée en matière de relation internationale qui est celle de la non-ingérence.
•
Contenu
Dans le cadre
de la mise en œuvre du Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique
(NEPAD), les chefs d'Etat et de Gouvernement de l'Union Africaine ont, dans
leur Déclaration sur la gouvernance démocratique, politique, économique et des
entreprises, « convenu de travailler ensemble en termes de politiques et
d'actions pour atteindre les objectifs suivants: La Démocratie et la bonne
gouvernance politique; La Gouvernance économique et sociale; Le Développement
socio-économique; Le Mécanisme africain d'évaluation entre pairs ». Le MAEP est
en réalité un outil prévu pour, (comme son nom l'indique) évaluer les Etats sur
leurs performances relativement aux trois premiers objectifs retenus dans la
déclaration, en se fondant sur les codes et les normes rattachés à ces
objectifs.
Les centres d'intérêt du MAEP sont par
conséquent regroupés ainsi qu'il suit :
•
la démocratie et la gouvernance politique
La démocratie
et la bonne gouvernance impliquent le respect des droits fondamentaux des
individus et des groupes à travers l'existence d'un Etat de droit, la
reconnaissance et le respect des principes d'égalité de tous devant la loi et
des libertés individuelles et collectives, la reconnaissance et le respect du
droit de chaque citoyen à créer ou adhérer à un parti politique ou un syndicat
conformément à la constitution. Cela suppose également la reconnaissance et le
respect du droit aux mêmes opportunités pour tous, du droit inaliénable des
individus de prendre part, à travers des processus libres, crédibles et
démocratiques, à l'élection périodique de leurs dirigeants pour un mandat
déterminé. Cela implique enfin l'adhésion à une doctrine de séparation des pouvoirs,
notamment la protection de l'indépendance de la magistrature et l'existence
d'un parlement crédible.
Voilà pourquoi
la bonne gouvernance est définie par S.E.M. Kofi A. ANNAN comme étant le fait
qu'il existe, dans un Etat, des institutions politiques et juridiques sérieuses
qui fonctionnent bien, des institutions que les citoyens considèrent comme
étant légales et à travers lesquelles ils se reconnaissent, des institutions
qui les rendent autonomes et au sein desquelles ils prennent part aux prises des
décisions affectant leur vie au quotidien.
•
la
gouvernance économique
Par ce vocable,
les Chefs d'Etats et de Gouvernements de l'Union Africaine expriment leur
croyance ferme en ce que la promotion de l'efficacité du marché, le contrôle du
gaspillage dans les dépenses publiques, la consolidation de la démocratie et
l'accroissement du flux des capitaux du secteur privé soit les aspects cruciaux
des efforts visant à réduire la pauvreté et à encourager le développement
durable sur le continent. Pour se faire, la promotion des politiques macroéconomiques
qui soutiennent le développement durable, la mise en œuvre des politiques
économiques transparentes, prévisibles et crédibles, la promotion d'une gestion
saine des finances publiques, le renforcement de la capacité institutionnelle
de l'Etat, la décentralisation fiscale, les mesures de lutte contre la
corruption et le blanchiment d'argent, les mesures visant à l'intégration
régionale et à la coopération monétaire sont des objectifs qu'il va falloir
évaluer.
•
la
gouvernance des entreprises
La gouvernance
des entreprises est un système dans lequel les entreprises sont dirigées,
contrôlées et ont l'obligation de rendre compte. Elle touche à toutes les
formes d'entreprises, qu'elles soient du secteur public ou du secteur privé.
Une bonne gouvernance des entreprises est marquée par certains traits
distinctifs que sont entre autres: la discipline, la transparence,
l'indépendance, l'obligation de rendre compte, la responsabilité, la
citoyenneté sociale. Ces traits caractéristiques sont importants dans la mesure
où ils renforcent la confiance des investisseurs et facilitent aux entreprises
la mobilisation des capitaux pour le financement de leurs activités.
•
Le
développement socio-économique
Le
développement socio-économique implique, dans le cadre du NEPAD, l'amélioration
continue du bien-être et du niveau de vie des populations. Ce centre d'intérêt
permet de souligner les efforts déployés et les progrès accomplis dans la
conception des politiques appropriées et des mécanismes de prestations de
service dans les domaines clés de développement social. Le développement socioéconomique
se mesure à partir des points suivants: la promotion de l'auto dépendance et le
renforcement des capacités pour un développement durable, l'accélération des
objectifs socio-économiques en vue de l'éradication de la pauvreté, le
renforcement des politiques et mécanismes de prestation de service, la lutte
contre le VIH/SIDA et autres maladies transmissibles. Il se mesure également à
travers l'accès abordable de tous les citoyens, (notamment des pauvres) à
l'eau, à l'énergie, aux finances, aux marchés et aux TIC (technologies de
l'information et de la communication).
Par ailleurs,
le développement socio-économique s'apprécie dans les progrès réalisés sur les
plans de l'application du concept genre, en particulier celui de l'accès à
l'éducation pour les filles de même que celui de la participation élargie de
toutes les parties prenantes au développement ; ce qui fait appel à une
certaine structuration des instances du MAEP.
•
Organisation du MAEP
Pour mieux
assurer son fonctionnement et atteindre ses objectifs, le Mécanisme Africain
d’Evaluation par les Pairs s’est doté d’organes continentaux et nationaux.
•
Organes continentaux
Comme acteurs
institutionnels continentaux, on a les organes de décision et les organes de
mise en œuvre. Les organes de décision sont :
•
le Forum des Chefs d'Etat et de Gouvernement ; il est l’organe suprême de décision du MAEP. Tout le
processus se déroule sous sa responsabilité ; il est investi du pouvoir
d’examiner, d’adopter et de s’approprier les rapports d’évaluation des pays que
lui soumet le Panel puis de convaincre, par la persuasion et le dialogue, le
chef de l’Etat évalué afin que celui-ci se conforme aux recommandations
contenues dans le rapport d’évaluation le concernant ;
•
le Panel des éminentes personnalités ; au nombre de cinq à sept, ces personnalités sont
désignées par les Chefs d’Etat et de Gouvernement membres du MAEP et doivent
jouir d’une grande intégrité morale et d’une expérience avérée dans les
domaines de compétence du MAEP. La désignation de ces personnalités doit par
ailleurs tenir compte de l’équilibre régional, l’égalité entre les hommes et
les femmes puis la diversité des cultures; Le Panel est chargé de la direction
et de la gestion du mécanisme ; il est notamment chargé de veiller au choix et
à la nomination des membres des équipes d’évaluation, d'assurer la supervision
et l’intégrité du processus d’évaluation puis de faire des recommandations au
Forum à partir des rapports d’évaluation que lui transmet le secrétariat du
MAEP.
Les organes de mise en œuvre
sont constitués :
•
du Secrétariat : qui est chargé de l'appui technique et administratif. Il a pour tâches
entre autres, de mettre en place une base de données sur la situation politique
et économique de chaque pays membre du MAEP, d’élaborer les documents de base
nécessaires au travail des équipes d’évaluation, de proposer les indicateurs de
performance puis de suivre les performances de chaque Etat membre. Pour
l’accomplissement de ces tâches, le secrétariat du MAEP peut faire appel, avec
l’accord du Panel, au service des institutions et experts africains dont il est
convaincu de la compétence ;
•
Et de l’Equipe d’Evaluation Pays du
MAEP : il s’agit d’une commission constituée d’experts africains dont
la mission est de procéder à l’évaluation du pays candidat en matière de
gouvernance politique, économique et des entreprises puis en matière de
développement socioéconomique. En réalité, l’équipe du MAEP apprécie l’auto
évaluation faite par le pays visité, examine le rapport qui en est issu et
le confronte avec les réalités du
terrain. Aussi, elle juge de la pertinence du projet de plan d’action contenu
dans le rapport d’auto évaluation, produit à son tour un document constituant
le projet de rapport définitif d’évaluation, avec un plan d’action et des
propositions de recommandations, qui seront soumis à l’appréciation du Panel
des éminentes personnalités par l’intermédiaire du Secrétariat du MAEP. Au
rapport d’évaluation de l’équipe du MAEP, sont annexées les observations du gouvernement
du pays évalué, Le rapport d’auto évaluation est rédigé sous le contrôle des
organes internes de mise en œuvre du MAEP.
•
Les organes nationaux
Les acteurs
nationaux du MAEP sont en général le public cible et les institutions chargées
de la mise en œuvre du mécanisme. Il s’agit donc de tout le monde. Comme
structures nationales de mise en œuvre du Mécanisme Africain d’Evaluation par
les Pairs, on peut citer de façon spécifique :
•
le Point Focal qui est le
représentant de l’Etat dans la mise en œuvre du MAEP ; il suit pour le compte
de l’Etat le processus d’auto évaluation jusqu’à la prise en compte du rapport
par l’équipe d’évaluation ; il siège au sein du Ministère en charge des
Affaires Etrangères ;
•
la Commission Nationale Indépendante de mise en œuvre
du MAEP ; c’est l’organe national compétent pour servir de répondant aux
structures centrales du MAEP ; sous sa surveillance, sont conduites les
enquêtes dans les pays en vue de la constitution de bases de données par les
cabinets d’étude;
•
les Cabinets d’Etude sont recrutés sur procédure d’appel d’offre lancé par la commission
nationale indépendante. Ils sont au nombre de quatre soit un cabinet pour
chaque centres d’intérêts. Ces cabinets recrutent à leur tour des enquêteurs
qui se rendent sur le terrain pour la collecte des données relatives à la bonne
gouvernance ; toutes les couches et catégories socio professionnelles du pays
évalué sont concernées par cette enquête.
•
Types, périodicités d’évaluation et étapes du MAEP
Le Mécanisme Africain d’Evaluation par les
Pairs est fait d’une succession d’étapes qui se tiennent suivant une régularité
permettant l’atteinte des objectifs que se sont fixés les chefs d’Etat et de
gouvernement.
•
Types et périodicités
d’évaluation
Il existe deux
types d’évaluations à savoir : les évaluations ordinaires et les
évaluations extraordinaires. Les évaluations ordinaires sont de deux sortes :
d’une part il y a l’évaluation de base qui intervient dans les dix-huit mois
qui suivent l’adhésion formelle d’un Etat au MAEP aux fins d’apprécier le
niveau de développement de cet Etat et faciliter ainsi le suivi de ses progrès
; d’autre part nous avons les évaluations périodiques qui se font tous les deux
ou quatre ans après l’évaluation de base pour s’assurer des progrès réalisés
par l’Etat évalué dans le respect des objectifs convenus.
•
Etapes du MAEP
Que
l’évaluation soit ordinaire ou extraordinaire, elle se déroule en cinq étapes
de la façon suivante :
1ère étape :- elle se
résume en la réunion des informations nationales pouvant permettre au pays
d’être évalué et la rédaction d’un document de base par le secrétariat du MAEP
indiquant le mode d’évaluation du pays. Elle consiste aussi en l’auto
évaluation qui doit déboucher sur un programme d’action que le pays propose
pour corriger les imperfections qu’il a lui-même relevées ;
2ème étape :- c’est la
visite de l’équipe d’évaluation dans le pays concerné qui ne peut durer plus
d’un mois ; cette visite vise à
confronter le rapport d’auto évaluation et le projet de Programme d’action du
pays avec la réalité sur le terrain ;
3ème étape :- elle
consiste en la préparation du rapport d’évaluation par l’équipe du MAEP et sa
transmission par le Secrétariat au Panel des Eminentes Personnalités. Ce
rapport devra contenir des recommandations sur les mesures spécifiques que le
pays évalué doit inclure dans son Programme d’Action ;
4ème étape :- elle
commence avec l’examen du rapport par le Panel des Eminentes Personnalités et
se poursuit par la transmission du rapport, avec les recommandations du Panel,
au Forum des chefs d’Etats et de Gouvernements à travers le Secrétariat du MAEP
; les membres du Forum adoptent ledit rapport puis prennent leur décision
qu’ils communiquent au chef de l’Etat ou du gouvernement évalué;
5ème étape : c’est
l’étape de la publication, du rapport dans les institutions régionale et
sous-régionale telles que le Parlement panafricain, la Commission africaine des
droits de l’homme et des peuples, le Conseil de paix et de sécurité et le
Conseil économique, social et culturel de l’Union Africain et autres. Elle se
fait par le Forum des chefs d’Etats et de Gouvernement dans les six mois qui
suivent son adoption
•
Nepad et Développement Africain
Pour rendre
opérationnels les objectifs de l’UA, le NEPAD est devenu, en 2001, son
programme de développement socio-économique. Ainsi, pour atteindre les objectifs qui lui ont été
assignés, le NEPAD défini dans un premier temps les conditions préalables au
développement puis les priorités sectorielles.
•
Les conditions préalables au développement durable
Elles sont au nombre de trois. Les dirigeants africains
s’engagent à concrétiser ces initiatives, individuellement et collectivement,
dans leur pays, leur région et le continent.
•
Initiative pour la paix et la sécurité
La première de
ces conditions concerne l’assurance de la paix et de la sécurité sur le
continent. Les Etats africains affirment leur intention de prendre en charge la
promotion de la sécurité sur leurs territoires et insistent à cette fin sur
quatre domaines clés dans lesquels des efforts doivent être entrepris. Il
s’agit de la prévention, de la résolution des conflits, de la recherche et du
maintien de la paix, de la réconciliation, de la reconstruction suite à un
conflit et enfin de la lutte contre la prolifération illicite des armes légères
et des mines terrestres.
D’un point de vue pratique, l’effort
doit se traduire par la réactivation des organes chargés de la prévention et du
règlement des conflits. Le but visé est le renforcement de la capacité des
mécanismes africains à promouvoir la paix et la sécurité sur le continent. Un
sous-comité présidé par l’Afrique du Sud et traitant spécialement de cette
question a été créé au sein du comité de mise en œuvre.
•
Initiative pour la gouvernance économique et la
gouvernance politique
La question de
la gouvernance constitue un aspect majeur du NEPAD. Les problèmes liés à la
gouvernance sont en effet souvent à l’origine des dysfonctionnements concernant
l’inefficience de l’aide et le climat peu attractif pour les investissements.
Les Africains doivent à cet effet relever les défis de la gouvernance politique
et économique.
Au niveau
politique, les principaux objectifs visés consistent à respecter les normes
mondiales en matière de démocratie (pluralisme politique, organisation
périodique d’élections démocratiques libres, justes et transparentes…). Le
respect des droits de l’homme et la primauté du droit sont de même mis en
avant.
Sur le plan économique, le NEPAD entend
« promouvoir des programmes concrets,
assortis d’un échéancier, visant à améliorer la qualité de la gestion
économique et des finances publiques ainsi que la gouvernance des entreprises
dans tous les pays africains ». Des mesures tangibles ont été prises en ce
sens à travers notamment l’adoption de huit codes et normes de bonne
gouvernance économique.
•
Approches sous-régionales et régionales au développement
Ces approches
se manifestent avant tout par l’objectif d’intégration économique des
différents espaces africains. Le NEPAD reconnaît que les pays d’Afrique ont
besoin de mettre leurs ressources en commun et de favoriser la coopération et
l’intégration économique régionales du continent pour améliorer leur
compétitivité sur le plan international. Une logique d’organisation des solidarités
africaines doit s’imposer à travers le renforcement des accords d’intégration
économique régionaux. C’est la troisième condition requise pour que le
phénomène de marginalisation du continent soit stoppé. Une telle gestion
intégrée du développement doit permettre, entre autres, de lutter contre la «
balkanisation » du continent, d’assurer la mise en œuvre d’économies d’échelle
et d’engager une dynamique de diversification de la production. La Banque
Africaine de Développement (BAD) doit jouer un rôle de pointe dans le
financement des études, programmes et projets régionaux.
•
Les priorités
sectorielles
Le NEPAD
dégage un programme d’action dans des
secteurs prioritaires porteurs de croissance.
•
Les infrastructures : l’objectif principal ici est de combler l’écart dans le domaine des
infrastructures. Ceci consistera à
•
faciliter
l’accès aux infrastructures en les rendant plus abordables et fiables à la fois
pour les entreprises et pour les ménages
•
améliorer la
coopération et le commerce au niveau régional grâce à de meilleures connexions
transfrontalières des infrastructures
•
accroître les
investissements consacrés aux infrastructures en réduisant les risques auxquels
les investisseurs privés doivent faire face
•
édifier des
bases de compétences adéquates en technologie et en ingénierie pour installer,
exploiter et entretenir en Afrique des réseaux d’infrastructures.
•
Les technologies de l’information et de la
communication :
•
Diminution du
coût des appels téléphoniques
•
Prolifération
de la communication électronique sur le continent
•
Former des
jeunes compétents dans le cadre de la télématique et l’informatique
•
L’éducation : Les chefs d’Etats d’Afrique sont conscients que le niveau d’éducation est
un préalable et une condition sine qua non pour enclencher le processus de
développement. C’est la raison pour laquelle le NEPAD plaide pour un effort
soutenu en faveur des infrastructures de l’éducation afin de pallier
l’insuffisance des installations et des systèmes de formation. Est rappelé
l’objectif international du
développement visant à parvenir à une éducation primaire universelle d’ici à
l’an 2015. L’inversion de la tendance à la fuite des cerveaux est de même un enjeu
primordial. Le NEPAD souhaite que des stratégies soient élaborées en vue de
retenir sur le continent les capacités humaines nécessaires au développement de
l’Afrique.
•
La santé : convaincu qu’il sera impossible de véritablement mettre en valeur les
ressources humaines du continent tant que les maladies transmissibles telles
que le VIH/SIDA ou le paludisme ne seront pas éradiquées, le NEPAD fait de la
santé un domaine prioritaire. Il encourage les pays africains à accroître la
place des soins de santé dans leurs budgets et soutient par ailleurs le
processus visant à obtenir des médicaments à des prix abordables.
•
L’environnement : En matière de protection de l’environnement, huit interventions
prioritaires sont énumérées parmi lesquelles celle de lutter contre la
désertification et les espèces exotiques envahissantes, de protéger les zones
humides, d’organiser la gestion des côtes et de créer des zones transfrontières
de protection de l’environnement.
•
L’énergie et l’eau : En matière d’énergie, le NEPAD vise notamment à intégrer les réseaux de
transport d’énergie électrique et les gazoducs pour faciliter les flux
transfrontaliers d’énergie ou encore à exploiter le potentiel hydroélectrique
des bassins fluviaux d’Afrique.
Au niveau de la gestion de l’eau, la mise en place de nouvelles
infrastructures est jugée indispensable afin de pouvoir assurer son
assainissement et son accès durable, aborder la menace climatique de façon
efficace ou accroître l’agriculture irriguée et pluviale.
•
L’agriculture : Du fait du caractère rural de la majeure partie des populations d’Afrique,
l’agriculture fait l’objet de considérations particulières. Le NEPAD attire
l’attention sur la désaffection de l’aide internationale dans le secteur
agricole et souhaite un renversement de cette tendance négative. Le plan
d’action insiste sur la nécessité d’accroître le pouvoir d’achat des
populations rurales pour engager la dynamique de croissance. L’amélioration de
la productivité du secteur agro-industriel doit également être recherchée. A
plus court terme, les efforts doivent se focaliser sur le problème de la
sécurité alimentaire.
•
L’accès aux marchés : Les économies africaines se fondent sur les produits primaires ; il
faudrait donc diversifier la production il faudrait donc un développement de la
production des biens d’équipement. Il faut apporter un soutien aux entreprises
privées car elles sont des moteurs de croissance et de développement. Il faut
également encourager l’entreprenariat.
•
Les transports : le développement des transports vise une réduction des délais de
circulation transfrontalière des biens, des personnes et des
marchandises ; une réduction de l’attente et des temps morts dans les
ports ; améliorer le transport aérien des frets et des personnes dans les
sous-régions.
•
Culture et science : Le NEPAD souhaite veiller à la conservation mais aussi au développement du
savoir traditionnel (littérature, art, inventions, connaissances médicales…).
Le NEPAD voudrait également que les africains
développent des compétences dans les domaines de la biotechnologie et
des sciences de la terre.
Le cadre géographique de
conception du développement et d'intervention s’inscrit dans les cinq zones
Nord, Ouest, Est, Centre et Sud. En vue de rationaliser l'organisation du
travail, les secteurs prioritaires ont été regroupés autour de programmes
thématiques principaux, au nombre de cinq dont la mise en œuvre incombe à un
pays déterminé. Ces thèmes sont : 1) la Gouvernance politique (Afrique du Sud),
2) la Gouvernance économique et les flux de capitaux (Nigeria), 3) l’Accès aux
marchés et la diversification de la production (Egypte); 4) les Infrastructures,
l’environnement, les NTIC, l’énergie (Sénégal) ; 5) le Développement humain
(Algérie).
•
BILAN ET PERSPECTIVES
Comme il a été dit précédemment dans notre analyse, le NEPAD a pris des
engagements pour participer au développement africain et à la promotion de la
bonne gouvernance. Cependant, la question est celle de savoir si le NEPAD a
effectivement tenu ses promesses. Il s’agit donc d’établir une sorte de bilan
du NEPAD (A) et même pourquoi pas d’envisager quelques perspectives (B).
•
BILAN
•
Réalisations
L’Afrique a connu au cours des années
1990 un affaiblissement sur le plan interne (catastrophes naturelles,
pandémies, endémies, famines…). Depuis sa création, le NEPAD a fait l’objet
d’une large avancée en Afrique dans le processus de paix, en politique et aussi
sur le plan économique. L'Afrique a réussi à attirer l'attention des géants du
monde sur ses efforts de développement et ses défis par le biais du NEPAD.
Ainsi, les dirigeants africains défendent désormais avec assez de détermination
la démocratie, certains donnent plus d'espace à la société civile et adoptent
des politiques économiques ambitieuses.
•
Le plus grand
succès du NEPAD est sans doute l’amélioration du climat politique grâce à la
promotion de la démocratie et de la bonne gouvernance assurée par le MAEP
(mécanisme africain d'évaluation par les pairs) ;
•
Le NEPAD a
élaboré plusieurs projets afin de valoriser et renforcer les capacités des
africains. Il a permis aux africains, pour la première fois de pouvoir penser
et proposer leur propre vision du développement.
•
De nombreux
pays, auparavant en conflit, jouissent désormais de la paix. On a l’exemple de
la Sierra Leone qui, après dix ans de guerre civile, a réussi à avoir en 2002 des élections réussies, ce
qui a posé la première pierre pour la recherche d’une paix durable. En Angola,
ce sera la signature de l’accord de cessez-le-feu qui constituera un pas pour
une instauration de la paix et de la stabilité. Dans le même sillage d’idées,
on peut aussi citer le Soudan, le Rwanda, la RDC, etc.
•
Le dialogue
régional entre les médias africains, les responsables de la Commission de
l'Union africaine, le secrétariat du NEPAD et les représentants des agences des
Nations Unies qui s'est tenu dans le Vaal, Afrique du Sud, du 19 au 20 février
2009, a mis un accent sur le rôle des médias dans le développement de
l’Afrique. A cet effet, ces trois interlocuteurs ont reconnu la nécessité de
soutenir techniquement les médias africains pour une meilleure efficacité.
•
Le Ghana, qui a
connu une augmentation de taux de participation des populations aux affaires
politiques du pays, ceci grâce au renforcement de la démocratie. Le Ghana prend
également des décisions nécessaires à la réforme économique, ceci entraîne un
recul du chômage et de l’inflation.
•
L’Afrique du
Sud : elle a connu des avancées incontestables au cours des huit années
qui ont suivi l’institution d’un gouvernement démocratique. Ce pays joue
désormais un rôle important dans les relations internationales.
•
En 2004, au
sommet de Maputo, 10 millions d'euros ont été mis à disposition pour la santé
de la femme, l'éducation et la protection de l'environnement. 46 organisations
en Afrique en ont bénéficié pour un total de 23 pays.
Cependant, le NEPAD n’est pas une œuvre parfaite, il présente aussi quelques
failles qu’il y a lieu de relever.
•
Les limites
La réelle faille du NEPAD réside dans le fait qu’il existe un grand fossé
entre ce qui devrait être fait et les réalités sur le terrain.
•
NEPAD et manque de participation populaire
Le NEPAD est censé être un programme de développement des
africains pour les africains mais de façon paradoxale, les populations
africaines ignorent son contenu et ses missions. Une fois de plus, les leaders
africains ont pensé qu’il valait mieux pour le continent qu’ils décident à la
place de leurs peuples. Il constitue un processus top down qui non seulement manque de crédibilité, mais aussi
intègre peu ou pas les dynamiques du dedans. En effet, les normes théoriques du
NEPAD sont en déphasage avec les pratiques et les attentes des africains. Cette
approche soulève des questions importantes sur la légitimité du mécanisme et du
contenu du NEPAD ainsi que sur le succès en matière de développement que le
NEPAD est censé apporter. Ce problème est rendu plus complexe par le fait que le
NEPAD est davantage orienté vers l’extérieur (préoccupé des intérêts des
donateurs et des investisseurs) et prête peu d’attention aux demandes émises de
longue date par les organisations africaines progressistes de la société civile
qui remettent en cause l’impact de l’aide, de la dette, et de la mondialisation
sur l’Afrique. Certains militants remettent même en question la légitimité du
NEPAD en raison du manque de consultation dans le processus du NEPAD et du
manque de stratégies.
Le
NEPAD n’est pas né d’un dialogue continental général et, par conséquent, il
demeure inconnu, sinon étranger à la plupart des Africains. Bien que le NEPAD
affirme être un partenariat pour le développement africain, il lui a manqué,
dès sa conception, la consultation et le dialogue nécessaires avec la société
civile africaine.
•
NEPAD et
néolibéralisme
Le
NEPAD accepte la théorie néo-libérale qui affirme que le rôle de l’État devrait
être minimisé afin d’ouvrir la voie aux capitaux privés et au marché comme
moteur du développement économique. La logique néo-libérale explique que la
prospérité vient par un environnement permettant au secteur privé de réaliser
des profits de telle manière qu’une partie de ces derniers finiront par
profiter à tous les citoyens. Les cas observés en Afrique et ailleurs ont
démontré qu’au cours des 20 dernières années, cela s’est rarement produit. Bien
au contraire, la libéralisation économique a provoqué une concentration sans
précédent de richesses dans les mains d’un petit nombre alors que la majorité
de la population mondiale s’est appauvrie davantage. Cela laisse peu d’espoir
pour améliorer la crise actuelle car les investissements étrangers en Afrique
sont largement concentrés là où les ressources (le pétrole et les diamants)
peuvent être exploitées sans avoir à contribuer au développement de ces pays. « L’Angola, par exemple, a reçu le
plus grand Investissement direct étranger de l’Afrique australe mais cela n’a
certainement pas contribué au bien-être de la majorité de sa population ». La stratégie économique du
NEPAD a le défaut fondamental de se
baser sur les principes du Fond monétaire
international (FMI) et de la Banque mondiale,
principes appliqués par les pays africains
depuis vingt ans avec des conséquences
désastreuses. L’un des obstacles au développement de l’économie de l’Afrique est que celle-ci est demeurée principalement une
exportatrice de matières brutes
(dont le prix a considérablement baissé
sur le marché international) alors que le
continent continue à importer de produits finis. Le NEPAD fait pourtant à peine allusion à ces conditions inégales de commerce et n’émet aucune critique sur les programmes
d’ajustement structurel en Afrique.
Le NEPAD repose sur le postulat erroné que
les pays, plus particulièrement les pays pauvres, ont simplement besoin d’un peu plus de moyens financiers et que le marché assurera de manière efficace et équitable la
redistribution des richesses et des
ressources de façon durable.
En
clair donc, le NEPAD appelle à plus de capitalisme, plus de principes motivés
par le profit, plus de concurrence et plus de privatisation. Ce sont là
certains principes qui ont contribué au sous-développement de l’Afrique. Le
fait de placer les profits avant les besoins primaires de la population a
entraîné la transformation des sols des pays africains en champs de cultures
commerciales destinées à l’exportation alors que nos enfants souffrent de
malnutrition et de famine. Le NEPAD n’offre malheureusement aucune lumière
nouvelle ou solution à cette crise profonde.
•
Le problème de la mobilisation des
ressources
Le
NEPAD affirme que les 64 milliards de dollars nécessaires annuellement pour
atteindre ses objectifs proviendront essentiellement de sources extérieures au
continent. Toutefois, l’examen des rapports sur la circulation des capitaux sur
le continent révèle que pareille affirmation n’est fondée sur rien. L’Aide
publique au développement (APD) a décliné depuis les années 90. D’une moyenne
d’à peu près 0,34%de leur PNB en 1993, l’aide aux pays pauvres est passé à
0,24% en 1998. Les recettes nettes d’Aide publique au développement
(APD) sont passées de
17,5 milliards en 1993 à 14 millions en 1998. Pour le pourcentage net de son
PNB, l’APD de l’Afrique sub-saharienne est passée de 5,7% en 1993 à 4,1% en
1998. Le NEPAD affirme que le développement africain ne peut être stimulé en
avant que par plus d’aide et de crédit, qui ont pourtant été donnés à l’Afrique
pendant presque 40 ans sans effet significatif sur l’éradication de la
pauvreté. L’aide présente un problème particulier : elle s’accompagne de
conditions. Les pays emprunteurs se trouvent souvent dans l’obligation
d’acheter des produits aux sociétés commerciales des pays prêteurs. On dénote
donc une contradiction d’une part les leaders souhaitent que les africains
s’extirpent eux-mêmes du sous développement et d’autre part ils réclament
encore l’aide des occidentaux. Cette idée est d’ailleurs énoncée dans le texte
du NEPAD « Ce Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique
(NEPAD) est un engagement par les leaders africains, basé sur une vision
commune et la conviction ferme et partagée qu’ils ont le devoir pressant
d’éradiquer la pauvreté et de placer ainsi leur pays, tant sur le plan
individuel que collectif, sur la voie du développement et de la croissance
durables; ils doivent en même temps avoir une participation active à l’économie
et à la politique mondiales. Le Programme est basé sur la détermination des
Africains à s’extirper, eux et leur continent, du malaise du sous-développement
et de l’exclusion dans un contexte de mondialisation ».
La
mise en place de tout plan de développement de l’Afrique devrait avant tout se
baser sur les ressources africaines et non sur les capitaux extérieurs. Les
sources de financement extérieur ne doivent être considérées que comme des
compléments. Si les Africains eux-mêmes ne sont pas les premiers donateurs pour
le développement du continent, qui d’autre le sera? Notons que le Nigeria à lui
seul a des recettes d’environ 1,5 milliards de dollars américains par jour. Si
de telles ressources étaient utilisées au profit du peuple africain, il n’y
aurait aucune raison de dépendre de l’assistance financière extérieure.
•
L’échec du MAEP dans la crise du Zimbabwe
La
crise du Zimbabwe fut la première épreuve à laquelle fut confronté le NEPAD.
L’accent mis par ce programme sur la bonne gouvernance et la démocratie en
général imposait notamment aux instituteurs de ce programme des actions visant
à implémenter les dispositions prises. Du respect ou non de ces dernières
dépendait grandement la légitimité de ce programme.
Lors
de la Conférence sur la renaissance africaine de septembre 1998, le Président
Mbeki a déclaré : « nous voulons
nous opposer à la dictature, sous quelque forme qu’elle soit. Nous devons donc
nous assurer que des élections seront organisées; elles doivent être vraiment
démocratiques et aboutir à des gouvernements acceptés par le peuple et
représentant la volonté du peuple». Cet engagement devait subir une épreuve
sérieuse durant la crise du Zimbabwe, surtout au cours de la période des
élections présidentielles de 2002, très contestées et qui ont assuré au
président Robert Mugabe un nouveau mandat de cinq ans. En fait, les
revendications au Zimbabwe étaient basées sur la question de la terre de la
répartition entre les fermiers blancs et les autochtones. Cette situation
s’empira avec l’arrivée au pouvoir de Robert Mugabe qui inaugura une nouvelle
ère de corruption et de tueries de masse. A ce climat de répression et de tueries
massives vinrent se greffer d’autres situations tout aussi graves. Le pays vit
dans une insatisfaction croissante par rapport au pouvoir en place incarné par
le parti de Robert Mugabe, le ZANU-PF caractérisé par la protection à tout prix
des intérêts égoïstes des leaders. L’économie va connaitre un déclin et, de ces
diverses frustrations, une opposition va se former. Le problème de la
rémunération des anciens vétérans de la guerre de libération n’arrangera pas
les choses, bien au contraire. C’est ainsi qu’en 2002, une élection
présidentielle est organisée, mais Robert Mugabe n’entend pas céder le pouvoir.
Ainsi, toute tentative d’opposition était cruellement réprimandée. L’on se
demande dès lors s’il ne s’agit pas d’un leurre quand on sait que le Président
Thabo Mbéki, n’a pas dénoncé les crimes de Mugabe, mais n’a fait que les
étouffer, ce qui est totalement contraire à son discours sur la bonne
gouvernance.
Le
club de l’élite africaine a choisi d’ignorer les questions de gouvernance, de
corruption, de violence et d’allégations de fraude électorale et s’est empressé
de déclarer les élections libres et justes. La violence et l’intimidation au
grand jour, l’expulsion de journalistes étrangers, le changement des règles
électorales à la veille des élections, les attaques verbales et l’ingérence
dans le travail de la justice, les attaques contre les médias indépendants,
tous faits qui ont entaché les élections mais ont été passés sous silence par
les gouvernements africains. D’autres exemples illustrent le cas du Zimbabwé:
En Afrique australe par exemple, le président Levy Mwanawasa de Zambie est
arrivé au pouvoir par suite d’élections entachées d’irrégularités, tandis que
Benjamin Mkapa de Tanzanie est responsable de la mort de beaucoup d’innocents
survenue au cours d’une descente ordonnée par lui chez les militants de
l’opposition de Zanzibar. Le président Sam Nujoma de Namibie a modifié la
constitution du pays, ce qui lui permettrait de le diriger pendant un troisième
mandat après l’expiration de ses deux mandats constitutionnels.
•
Le NEPAD et le VIH/sida
Les
auteurs du NEPAD semblent penser à un mécanisme développement de l’Afrique sans
faire du VIH/sida une de leurs priorités clé. Alors que cette pandémie est
devenue le tueur numéro un en Afrique, le NEPAD semble glisser sur le sujet et
ne le présente pas comme l’un de ses domaines prioritaires. La réduction
spectaculaire de la population de l’espérance de vie sur le continent de (62 à
47 ans) est largement attribuable au Sida. Ce mal affecte le secteur le plus
productif de la population sur un continent où quatre personnes sur dix
touchent moins d’un dollar américain par jour.
Il est peut-être vrai que le VIH/sida ne
ressort pas du document du NEPAD à cause de la position de Thabo Mbéki sur le
sujet. Parce qu’il remet en question le lien qui unit VIH et sida, le Président
Sud-africain manifesta de la réticence à dépenser des fonds publics pour le
traitement du VIH/sida et pour les antirétroviraux qui pourraient prolonger la
vie des malades du sida et limiter la propagation de la maladie.
•
Le NEPAD et la question de genre
« Il manque au NEPAD le concept
d’égalité et de justice entre les sexes. Il se caractérise par la bonne vieille
recette : mêlez-y les femmes et mélangez». (Randriamaro, 2002 :22-23).
Comme la plupart des
initiatives macro-politiques, le NEPAD semble avoir adopté l’approche de la
« féminisation de la pauvreté ». Cette approche mélange
fondamentalement les problèmes de pauvreté et ceux du genre de manière à ce que
toutes sortes de désavantages, y compris la subordination des femmes qui
devrait être considérée comme un problème à part entière distinct de celui de
la pauvreté, soient identifiés comme des questions de pauvreté. Le NEPAD
voudrait mettre en œuvre des stratégies de réduction de la pauvreté promues par
les institutions de Bretton Woods semblables aux affreux PAS qui ont exacerbé
la charge des femmes en tant que mères et productrices de soins.
Comme le dit Ian Taylor, “a recovery plan
devised by (elite) men for (elite) men cannot claim to be a recovery plan for
all the people”. Ce qu’il faut donc ce
n’est pas seulement augmenter la participation, mais plutôt des actions
concrètes qui transformeront les institutions au sein des sociétés. En d’autres
termes, des changements structurels doivent être faits au sein des sociétés
dans le but d’améliorer la position des femmes.
•
Perspectives
Pour
une intégration africaine réussie et le salut du continent noir, les figures de
proue du NEPAD devraient s’engager de façon continue dans la lutte pour
l’authenticité de ce programme africain. Ils devraient davantage veiller à
l’application des normes, à respecter leurs engagements, afin d’éradiquer ce
contraste entre rhétorique et réalité. Le NEPAD a élaboré plusieurs projets
dans divers domaines à l’instar du projet Gazoduc de l’Afrique de l’Ouest.
Cependant ces projets sont encore au stade de souhaits car la mise en œuvre du
NEPAD connaît beaucoup de failles parmi lesquelles le manque de ressources
disponibles. De plus, le NEPAD, plan conçu par et pour l’Afrique, devrait tenir
compte des spécificités du continent. Les piliers centraux d’une telle
stratégie impliquent sans aucun doute les domaines de l’éducation et de la
formation ; de l’Agriculture et l’agro-industrie ; de la santé ;
du bâtiment ; du vêtement ; de la communication ; des arts de la
culture ; etc.
ü Dans le domaine de l’éducation, il convient
de régler le problème du déphasage qu’il existe entre les filières enseignées
en Afrique et l’ambition de développement. Il faudrait donc une revalorisation
des filières telles que l’agriculture et l’agro-industrie, lesquelles étaient
auparavant assimilées aux africains ayant raté leur scolarité. Dans son ouvrage
‘’ Repenser le développement à partir de
l’Afrique’’, J. E. Pondi va plus loin en précisant « qu’il ne suffit
pas simplement de modifier la structure éducative telle que préconisée plus
haut. Il convient en outre de veiller scrupuleusement au contenu des enseignements prodigués pour
que ceux-ci puissent apporter aux apprenants une certaine connaissance
d’eux-mêmes (histoire), de leurs potentiels intellectuels et surtout, de les
confronter dans leur capacité à transformer eux même l’Afrique et pourquoi pas,
le monde. »
ü Pour ce qui est de la santé, il serait
judicieux de moderniser la médecine africaine de façon à la rendre plus fiable
selon les normes internationales. Dans la même lancée, une formation intense
des spécialistes de médecine traditionnelle africaine est nécessaire pour une
meilleure gestion du patrimoine naturel que l’Afrique possède. En effet, les
forêts de ce continent regorgent d’une quantité abondante de quinine, mais qui
malheureusement est acheminée en Occident, empaquetée sous forme de gélules ou
de comprimés, puis revendue aux Africains à un prix exorbitant.
ü Concernant le rôle de l’Etat, celui-ci
devrait galvaniser les initiatives scientifiques, technologiques, économiques
et culturelles en leur apportant des financements.
CONCLUSION
En définitive, il était question pour nous dans le cadre de cet exposé
d’analyser le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD)
tout en s’interrogeant sur les différentes initiatives mises en place pour
promouvoir la bonne gouvernance qui aidera le continent africain à sortir du
joug du sous-développement dans lequel il se trouve. Après analyses et études
nous nous rendons compte que le NEPAD apparaît comme l’ultime espoir de développement pour le continent africain.
En effet, le NEPAD est le dernier né d’une longue série de projets,
d’initiatives et de programmes de développement élaborés ces cinquante
dernières décennies dans le but de permettre à l’Afrique de sortir du
sous-développement. Il est donc mieux élaboré que ces prédécesseurs car il
s’est inspiré des échecs et des
faiblesses essuyés par ceux-ci et en a fait une force. Ce nouveau bijou est une
innovation pour l’Afrique car grâce à lui, les valeurs de gouvernance
démocratique, le respect des droits
humains et l’Etat de doit ne sont plus des sujets tabous à soulever. Il s’agit
là d’une avancée remarquable par rapport à la situation d’il y a plusieurs
décennies. Par ailleurs, l’accent est graduellement mis sur la participation
populaire à la conduite des affaires aux niveaux national et continental. De
plus, le fait qu’un mécanisme d’évaluation par les pairs soit prévu dans le
NEPAD témoigne du sérieux dans la réalisation de la nouvelle vision. Cependant,
le fossé est énorme entre la pratique et la théorie. En effet, la majorité des initiatives proposées par le NEPAD manquent
de concrétisation ; l’échec du NEPAD face à la crise Zimbabwéenne en est
d’ailleurs une preuve palpable. De plus, en privilégiant les questions
macro-économiques et sectorielles, le NEPAD prend peu en compte les politiques
redistributives pour lutter contre la pauvreté ou les dynamiques du dedans qui
constituent la trame réelle des sociétés africaines. Nous constatons à ce
niveau que le NEPAD va progressivement à l’encontre de l’objectif qu’il s’est
fixé. De ce fait, pour éviter de tomber dans le même piège que des programmes
et projets de développements précédemment élaborés, il serait impératif que les
initiateurs de ce nouveau partenariat redéfinissent les principes et objectifs
du NEPAD afin que les sociétés africaines soit les premiers acteurs de
développement et que soit pris en compte les réalités africaines.
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Article 26 de la
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