PLAN
I – DEMOGRAPHIE
A-
DEFINITION ET BREF HISTORIQUE DE
LA POPULATION HUMAINE
1-
ACCROISSEMENT DE LA DENSITE DEMOGRAPHIQUE
2-
LES DIFFERENTES COURANTS DE
PENSEES DEMOGRAPHIQUES
B-
DEMOGRAPHIE ET DEVELOPPEMENT
1-
EFFETS DE LA CROISSANCE
DEMOGRAPHIQUE SUR LE DEVELOPPEMENT, ET CONFERENCE SUR LA POPULATION
2-
QUESTION DE LA POPULATION SUR LA
SCENE INTERNATIONALE ET POLITIQUES DE POPULATION
II- GENRE
A-
DEFINITION ET CONTEXTE HISTORIQUE
1-
DEFINITION
2-
CONTEXTE HISTORIQUE
B-
CONSCIENTISATION INTERNATIONALE
SUR L’APPROCHE GENRE DANS LE PROCESSUS DE DEVELOPPEMENT
1-
MOUVEMENT FEMINISTE
2-
DIFFERENTES CONFERENCES SUR LE
GENRE
III-
DEMOGRAPHIE, GENRE ET DEVELOPPEMENT : QUELS LIENS ?
A-
IMPACT DE LA DEMOGRAPHIE ET DU
GENRE SUR LE DEVELOPPEMENT
1-
INTERACTION ENTRE GENRE ET
DEMOGRAPHIE
2-
DEMOGRAPHIE ET GENRE DANS LE
PROCESSUS DE DEVELOPPEMENT
B-
LIMITES
1-
DES STRATEGIES ELABOREES PAR LE
NORD
2-
UNE POLITIQUE DE LA POPULATION AU
DETRIMENT DES FEMMES
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
INTRODUCTION
L'idée d'un développement
pouvant à la fois réduire les inégalités sociales et réduire la pression sur
l'environnement a fait son chemin. Quand Gilbert Rist perçoit le développement
en terme « d’une croyance Occidentale »[1]
, l’ex président des États-Unis, Harry Truman, quant à lui dans son discours d’investiture dans l'Etat
de l'Union,(le point IV)[2] en 1949 popularise le mot « développement »
en prônant une politique d'aide aux pays « sous-développés », grâce à l'apport
de la connaissance technique des pays industrialisés. Il affirme que « tous les
pays, y compris les États-Unis, bénéficieront largement d'un programme
constructif pour une meilleure utilisation des ressources mondiales humaines et
naturelles ». C’est dans ce sillage que plusieurs métathéories (modernisation ;
dépendance ; institutionnalisme) et stratégies (Ujamaa, satisfaction des
besoins fondamentaux, l’émergence des ONG et le développement local) de
développement émergeront dans notre village planétaire dans l’optique de tirer
une sonnette d’alarme sur la détérioration inquiétante de l’environnement : la pollution
de l’air, le réchauffement climatique[3] (Rio 1992 à Copenhague ; Global Warning and
Climate change) et nous conduira vers notre sujet de travail qu’est le genre,
démographie et développement approche développée à partir de la conférence de
Bucarest en 1974. Les nations Unies se sont ainsi mobilisées face à la
situation inégalitaire entre femmes et hommes dans le monde, dans le but de
promouvoir l’approche genre. Les soixante dernières années (1945-2005) ont
donné lieu à un important corpus de conventions, de déclarations, de
conférences internationales avec leurs plans d’action et leurs engagements. La
Convention de 1979 contre toutes les formes de discrimination envers les femmes
et le plan d’action de la Conférence de Pékin, en 1995, constituent les textes
de référence dont la mise en œuvre effective est urgente pour atteindre les
objectifs d’égalité. Depuis 2000, la déclaration du Millénaire et les Objectifs
du Millénaire pour le développement constituent une nouvelle feuille de route
opérationnelle. Il est essentiel d’articuler ces différents engagements pour
faire de l’égalité femmes-hommes une démarche vraiment transversale et un
levier de développement durable. Le problème qui taraude notre esprit dans ce
travail est celui de l’impact de la démographie et du genre sur le
développement. Souligner cette inquiétude, revient à nous poser la question
celle de savoir quelle est l’interaction entre genre et démographie dans
le processus de développement ? Comment la démographie influence-t-elle le maintien
de développement ? Et quels pourront être les stratégies élaborées pour relier
les différents concepts.
I-
LA DEMOGRAPHIE
A-
DEFINITION ET BREF HISTORIQUE DE
LA POPULATION HUMAINE
La démographie du grec
« démos » signifiant peuple est l’étude quantitative des populations
et de leurs dynamiques, à partir des caractéristiques telles que la natalité,
la fécondité, la mortalité, la nuptialité(ou conjugalité) et la migration.
1-
ACCROISSEMENT DE LA DENSITE
DEMOGRAPHIQUE
La
population mondiale a connu une augmentation plus ou moins permanente depuis
l’apparition de la vie sur la terre, mais son rythme de croissance s’est
accéléré depuis deux cent ans et jusqu’à une période très récente. On peut
distinguer quatre ères dans l’histoire démographique de l’humanité.
·
L’ère préagricole : ici la
densité démographique et le rythme d’accroissement étaient nécessairement très faibles, dans la
mesure où une population avait besoin d’une vaste superficie pour survivre.
Cette ère pris fin avec l’introduction de l’agriculture sédentaire
·
De l’agriculture sédentaire à la
révolution industrielle : l’introduction de l’agriculture sédentaire
révolutionne la capacité du globe à faire vivre les humains, la production
alimentaire s’accroit et gagne en régularité. On assiste à une baisse du taux
de mortalité, à une élévation de l’espérance de vie et à une augmentation
progressive de la croissance démographique de l’ordre de 0,50/O
par an.
·
De la révolution industrielle à la
seconde guerre mondiale : la révolution industrielle qui marque le
démarrage de la croissance économique moderne, renforce le potentiel
démographique de la terre.
·
La période de
l’après-guerre : elle est marquée par de nouveaux développements
révolutionnaires dans la production alimentaire et la lutte contre les
maladies. Ces phénomènes entrainent une
véritable révolution dans les taux de mortalité et dans l’espérance de vie. La
chute brutale des taux de mortalité dans de nombreuses régions entraine une
élévation du taux d’
2-
LES DIFFERENTS COURANTS DE PENSEES
DEMOGRAPHIQUES
La population mondiale continuera d’avancer pendant au
moins cent ans et l’essentiel de cette production se produit dans les pays en
voie de développement et principalement en Afrique. Cette perspective donne
lieu à toutes sortes de points de vue car la question du choix des populations
à limiter et des moyens à employer est manifestement délicate.
Ø LE COURANT ANTINATALISTE
C’est un courant qui regroupe des penseurs dont l’hypothèse
est de réduire les naissances pour mieux gérer les ressources humaines et
l’occupation des infrastructures (emploi, santé, scolarisation).
ü Malthus et son univers
Théoricien de la démographie le plus célèbre, Thomas R .Malthus
(1766-1834), dont la vision pessimiste sur les principes qui fondent la
reproduction humaine et les perspectives du développement économique est bien
connue, considérait que «la passion entre les sexes »[4]
entrainerait une augmentation démographique tant que la production le
permettrait. Malthus ne pensait pas que l’essor de la production alimentaire
pourrait, à long terme, rester supérieur à celui de la population. Dans un
exemple célèbre, il soutiendra que les substances croissent selon une
progression arithmétique (additive), tandis que la population se confirme à une
progression géométrique explosive (multiplicative). Ainsi, dans l’univers
morose de Malthus, les entraves à la croissance démographique sont
principalement constituées de facteurs augmentant le taux de mortalité,
qualifiés par lui de « contrôles positifs ». Dans cette expression à
la modération trompeuse, Malthus inclut les désastres qui exterminent
massivement les populations : famines, guerres et épidémies. Pour lui, ce
sont ces phénomènes qui, sur un plan général, limitent effectivement la
population. Il faudra attendre les éditions ultérieures de son célèbre essai
sur le principe de population pour qu’il admette la possibilité d’une deuxième
catégorie, moins draconienne, de facteurs de limitations : les
« contrôles préventifs », réduisant le taux de natalité. Dans
ceux-ci, Malthus voit principalement des mesures de «
modération » telles que le mariage à un âge plus tardif. A la différence
des néomalthusiens, il ne prône pas la limitation des naissances qu’il juge
immorale en sa qualité de pasteur. Même s’il reconnait à contre cœur que
l’humanité pourrait volontairement limiter sa croissance numérique, Malthus ne
nourrissait guère d’espoir dans cette possibilité.
ü Gary Becker
Professeur
à l’université de Chicago, il voit dans les enfants une sorte de bien de
consommation durable que le temps rentabilise. Selon ce dernier, les couples
devraient disposer d’une marge de manœuvre pour choisir consciemment la
dimension du groupe familial, en procédant à un calcul des bénéfices et des
coûts. Selon lui, l’élargissement de l’information sur les moyens contraceptifs
joue un rôle important, et compte tenu des frais croissants provoqués par la
quantité d’enfants les parents devraient investir sur la qualité de leur
descendance en dépensant davantage sur un nombre décroissant[5].
ü Richard Easterlin
Concurrent du modèle de fécondité purement économique de
Becker, le schéma de Richard Easterlin, démographe de l’université de Pennsylvanie
prend directement en compte les motivations qui amènent les êtres humains à
utiliser les moyens disponibles pour réduire la fécondité. Car la fécondité
selon lui est déterminée par des facteurs tels que la demande d’enfants qui est
essentiellement affaire de coût changeant avec le temps, la fécondité
naturelle, la culture.[6]
ü John Caldwell
Ce démographe explique la transition démographique par le
fait que l’existence des grandes familles dans les sociétés traditionnelles,
les transferts de richesses entre générations vont des générations jeunes aux
générations adultes. Selon lui, si les flux de richesses étaient inversés entre
les générations, les parents décideraient d’avoir moins d’enfants[7].
Ø LE COURANT PRONATALISTE : sceptiques et dissident
Malgré
les arguments qui plaident pour une limitation de l’accroissement
démographique, les résultats obtenus par les auteurs des modèles démographiques
et les thèses d’organismes d’aide puissants, des dissidents ont toujours
contesté l’opinion majoritaire selon laquelle un essor démographique rapide est
nuisible à la croissance économique.
ü Jean -Claude Chesnais
Il s’indigne de ce que la question
démographique soit régulièrement réduite à une vulgaire entre deux taux :
le taux de croissance de la population et le taux de croissance de l’économie.
Pour cet auteur, cette vision est erronée parce qu’elle « ignore la
vraie nature de la croissance démographique, qui tire son origine d’un
abaissement de la mortalité », et non d’une diminution de la fécondité qui
n’intervient ultérieurement qu’en processus de régulation ; de surcroit,
l’examen des relations profondes entre
les évolutions démographiques et la croissance économique démontre
que « l’accroissement démographique est un symptôme de progrès économique et donc par certains
aspects, un moteur de développement ».[8]
ü Colin Clark
Economiste australien, il a été l’un des premiers à
remarquer que les faits ne confirmaient pas la thèse selon laquelle
l’accroissement démographique entravait l’essor économique. Selon lui, le
rapport concret entre l’élévation de la population et du revenu individuel est,
en fait positif[9].
ü Ester Boserup
Economiste danoise, elle tire la conclusion que la
croissance démographique stimule l’intensification des cultures et la
modernisation technique dans
l’agriculture[10].
ü Julian Simon
De
l’université de l’Illinois, il a réuni des arguments variés en faveur de la
croissance démographique. Il soutient qu’une population accrue compterait
davantage d’entrepreneurs et d’autres créateurs susceptibles de contribuer au
règlement des problèmes de l’humanité.[11]
ü Rati Ram et Théodore Schultz
Respectivement de l’université de l’Illinois et de
l’université de Chicago, ils soulignent que l’allongement de la durée de vie
qui accompagne les taux de mortalité et l’augmentation de la croissance
démographique dans les PVD[12]
favorise l’investissement dans le capital humain et élève la productivité du
travail.[13]
B-
DEMOGRAPHIE ET DEVELOPPEMENT
1-
EFFETS DE LA CROISSANCE
DEMOGRAPIQUE SUR LE DEVELOPPEMENT, ET
CONFERENCES SUR LA DEMOGRAPHIE
v EFFETS DE LA CROISSANCE SUR LE DEVELOPPEMENT
Selon les auteurs suscités une croissance démographique
rapide fait obstacle au développement. Dans une analyse approfondie
effectué en 1984 sur l’évolution démographique
et le développement, la Banque Mondiale a constaté qu’une croissance
démographique rapide réduisait l’épargne privée, obligeait à élargir le capital
et décourageait un approfondissement du capital investi par travailleur pour
élever la productivité et le revenu individuel[14].
En outre, beaucoup d’auteurs ont mis en garde contre les effets négatifs de la
croissance démographique sur l’environnement. Ils ont remarqué que
l’augmentation des densités avait entrainé un déboisement dans de nombreuses régions
du tiers monde, la recherche de nouvelles terres agricoles et de bois à brûler
amenant les ruraux à s’installer dans les flancs de collines. En fait, une
croissance démographique rapide accélère l’épuisement des ressources non
renouvelables. La Banque mondiale a également souligné les incidences de
l’augmentation de la population sur l’urbanisation, qui s’accompagne de coûts
supplémentaires pour la société. Un accroissement démographique rapide peut,
dans les pays où la densité est plus faible peser sur les maigres ressources financières du
pays et faire obstacle à l’approfondissement du capital, ainsi qu’aux efforts
entrepris pour améliorer les services publics. La croissance excessive du
nombre des enfants d’âge scolaire, par exemple, mettra la société en difficulté
pour assurer à chacun une scolarisation de qualité suffisante. Même si une
réduction du nombre moyen d’enfants par famille contribuait à résoudre le
problème, le fait d’avoir moins d’enfants ne permettrait pas de trouver des
établissements publics meilleurs. Elle peut également générer des déséquilibres
externes sur le plan international. Un agronome américain, Keith C. Barrons,
dans une série de lettres adressées au Pape dit pourquoi il faut que la démographique
du tiers monde décline, selon lui elle provoque la dégradation de
l’environnement et l’insécurité alimentaire, gène le progrès économique, sape
la santé des êtres humains et menace la quantité et la qualité de
l’approvisionnement en eau[15].
Les politiques d’expansion démographique
nationale peuvent accroître la probabilité d’un conflit en ouvrant la voie à un
élargissement des forces armées et en renforçant la concurrence pour le sol et d’autres ressources, et
peuvent générer dans des pays à forte densité, des pressions pour une immigration
vers d’autres pays qui ont maitrisé leur croissance démographique.
v LES CONFERENCES SUR LA DEMOGRAPHIE
LA première conférence internationale sur la population fut
organisée en 1927 à Genève puis à Londres par la Société des Nations (S.D.N.), elle eut entre
autre pour résultat la création de l’Union Internationale pour l’Etude
scientifique de la Population (U.I.E.S.P.) qui réunit depuis la communauté
mondiale des chercheurs. A l’époque, le « planning familial », présenté comme
l’exercice d’une liberté individuelle, heurtait les pays soucieux de combattre
la dénatalité, dont la France. Ce débat naissant fut étouffé par les clameurs
expansionnistes et racistes de l’Allemagne hitlérienne sur l’« espace vital ».
Congrès de Rome en 1954 : congrès mondial
de la population, ce fut une conférence d’experts dans laquelle Julien Huxley,
premier directeur général de l’Unesco demandait que chaque pays se dote d’une
politique de population, intégré dans une politique mondiale.
La conférence de Belgrade :
elle fut convoquée en 1965 et incluait la planification des naissances dans les
programmes de population
La conférence de Bucarest :
La conférence de Bucarest se tint en 1974 peu après le
« Premier choc pétrolier » de 1973. Le plan fut adopté par consensus, à
l’exception du Vatican. Selon sa philosophie les variables démographiques
étaient dépendantes du développement et de la justice sociale[16].
La régulation des naissances était associée au bien-être familial, et la contraception à la protection maternelle
et infantile, à l’éducation des femmes, à la réglementation de l’âge au
mariage. Nulle mention de l’avortement.
Cette conférence avait pour
but d’examiner les problèmes
démographiques fondamentaux,
leurs liens avec
le développement économique
et social et les
politiques et programmes d’action
nécessaires dans le domaine démographique
pour promouvoir le
bien-être et le
progrès de l’homme[17].
La conférence de Bucarest légitimait la notion de « politique
démographique », et certains pays notamment en Amérique du Sud modifièrent
leur constitution pour y intégrer le droit des personnes à choisir librement le
nombre et l’espacement de naissances.
La conférence de Colombo (Srilanka) :
conférence parlementaire sur la population et le développement, elle se tint en
septembre 1979 et souhaitait une meilleure couverture des problèmes de
population par les média et innovait en demandant aux leaders religieux
d’œuvrer dans le domaine.
La conférence de Mexico sur
la population et le développement: décidé en 1981, une nouvelle conférence
mondiale se tint à Mexico en Août 1984. Elle résume la
situation démographique dans
le monde et réitère l’engagement total
vis-à-vis des problèmes de population. Dans
cette déclaration la
Conférence reconnaît que
d’importants progrès ont
été réalisés dans
de nombreux domaines essentiels au
bien-être de l’humanité,
comme par exemple
: la baisse
du taux d’accroissement de
la population mondiale,
la diminution des
taux de mortalité et de
morbidité, la réduction, à
faible coût, de
la fécondité grâce
aux programmes de planification familiale, l’amélioration de la
condition de la femme et
la valorisation de son
rôle dans le processus
de développement, etc.
Malgré ces progrès cependant,
beaucoup reste à faire.
Aussi, la Conférence recommande la poursuite
de l’exécution du PAMP.
A ce sujet, il
y a notamment lieu :
- d’encourager les pays
en développement à
adopter des programmes de planification familiale
- d’améliorer la
santé de tous
tout en portant
une attention particulière aux services
de santé maternelle et
infantile
- de mettre sur pied
des programmes spécifiques conçus
pour répondre aux
besoins et aspirations
des enfants et des
jeunes dont le
nombre continuera à augmenter
dans les pays en
développement
- d’élaborer et d’exécuter
des stratégies de
développement rural et urbain intégré
- d’accroître les ressources destinées aux activités
en matière de population
compte tenu des
résultats encourageants obtenus
dans les domaines des politiques démographiques au
cours des dix dernières
années.
La conférence de Rio 1992, Agenda
21 : la conférence des Nations Unies sur
l’environnement et le développement( CNUED) permis aux Etats présents de
faire le point sur l’état de l’environnement en présentant un rapport national
à la demande du secrétariat de la conférence. Le point 2 de cette conférence
donne les aspects démographiques qui nuisent à la préservation et à la
protection de l‘environnement.
Conférence internationale du Caire sur la population et le
développement(CIPD) ,1994 : elle s’est déroulée en Egypte au Caire du 05
au 13 Septembre 1994, et un nouveau programme fut adopté lors de cette
conférence comme un guide national et international d’action sur la question de
population et du développement pour les 20 années à venir à compter de la date
de la conférence. Montrant la nécessité et l’importance de la population pour
le développement, elle demande aux différents Etats de s’occuper plutôt de
l’amélioration des conditions de vie des hommes et de la satisfaction des
besoins en rapport au respect des droits de l’homme reconnus universellement.
2-
QUESTION DE LA POPULATION SUR LA SCENE
INTERNATIONALE ET POLITIQUES DE
POPULATION
L’humanité, face
à sa population, est
inquiète, rien ne va plus en effet
dans les relations
qui lient l’évolution
démographique et le développement socio-économique. Le problème se
pose avec de plus en plus
d’acuité en raison
de l’évolution inverse
des éléments en présence : d’une
part, accélération sans précédent de
la population mondiale du
fait principalement de
la forte croissance démographique enregistrée
dans les pays
en développement depuis
le début des années
1970 ; d’autre part,
épuisement ou tout au moins
pénurie, dans un
proche avenir, de
ressources non renouvelables et dégradation
de l’environnement du
fait du niveau
élevé de la consommation et, surtout,
de l’industrialisation effrénée
des pays développés. C’est en
ces termes antagonistes que
la question de la
population a été
posée à la
conférence mondiale sur la
population tenue à Bucarest
en 1974. Plus concrètement, les
pays industrialisés du
bloc occidental avaient pris à partie
ceux du Tiers monde
en général et
d’Afrique en particulier,
et vice versa.
Pour les premiers,
en effet, l’explosion
démographique était la
cause du maintien des
pays du Tiers monde dans
le sous-développement et ceux-ci,
en Afrique en particulier, devaient,
par le biais
des programmes de
planification familiale,
réduire leur fécondité
pour résoudre leurs
difficultés économiques et
sortir du sous-développement. En revanche,
la plupart des pays
du Tiers monde,
appuyés par ceux
du bloc socialiste d’alors, soutenaient
non seulement qu’il ne
se posait pas
chez eux de problèmes de population,
compte tenu de
la faiblesse de
leurs effectifs par rapport
aux terres disponibles,
et que, dans
tous les cas, «le développement
socio-économique était le
meilleur
contraceptif », mais ils
dénonçaient également l’injustice
au niveau mondial. Pour eux, la
cause fondamentale de la
crise mondiale était à
rechercher dans la
surconsommation et donc
le gaspillage des
ressources aussi bien
au niveau des ménages que des
industries dans les pays
riches, ce modèle
de consommation étant
la cause de
l’iniquité dans les
relations économiques internationales. Pour
parvenir à une
répartition plus égalitaire
des richesses mondiales,
ils proposaient, d’une part,
d’accorder une priorité
absolue au développement
économique et social
dans les pays
du Tiers monde, d’autre part,
de réduire de
façon drastique le
niveau de consommation
dans les pays
riches. Cette question a
donné lieu à
des débats passionnés à
Bucarest, et en dépit d’un
désaccord quasi total
entre les parties
en présence dans
la définition du
problème qui se
posait à l’humanité, et donc
dans les solutions
proposées pour y
faire face, un Plan d’action mondial de
la population fut malgré tout
adopté presque à l’unanimité,
ce qui montrait l’acceptation
par tous de
l’existence d‘un problème,
même si le
contenu que chacun
donnait à celui-ci était
différent. Ce Plan d’action
consacrait le principe selon lequel
la formulation et la
mise en œuvre des politiques
démographiques relevaient du droit
souverain de chaque nation, soulignait la
nécessité de la coopération
internationale en matière de
population et reconnaissait
que les politiques
démographiques étaient des éléments constitutifs des politiques de développement social et
économique. Enfin, le Plan
d‘action recommandait que tous
les pays et, à l’intérieur
de chaque pays, toutes
les catégories sociales s’adaptent à
une utilisation plus rationnelle et sans
excès des ressources naturelles de façon que
certains ne se
voient pas privés
de ce que
les autres gaspillent [18]!
(Nations unies, 1975).
v LES POLITIQUES DEMOGRAPHIQUES
Une politique de population est un ensemble de mesures et
de programmes élaborés et mis en œuvre en vue d’agir sur les variables
démographiques. Cette actions se fait par des moyens directs (offre
d’information et de services, persuasion, contrainte) où indirects (action sur
l’environnement économique et socioculturel destiné à modifier les
comportements).
Dans
leur majorité, les autorités des pays en développement sont aujourd’hui
clairement favorables au ralentissement de la croissance démographique et ont
défini des politiques et programmes de planification familial en général pour
tenter d’atteindre cet objectif. Les engagements les plus résolus sont venus en
général des pays d’Asie
CAS SPECIFIQUE DE
L’AFRIQUE
L’Afrique, avec un indice synthétique de fécondité de 5,1
enfants par femme, se distingue des autres continents en développement à la
fécondité plus faible (3,2 enfants par femme
en Asie et 2,7 en Amérique latine). Le décalage est également
flagrant pour l’utilisation de la contraception
moderne, atteignant à peine 16%
en Afrique, tout en étant inférieur à 10% dans sa partie sub-saharienne, alors
que les autres continents se caractérisent par une prévalence des moyens modernes qui
dépasse 55%. Cependant, depuis
deux décennies, la démographie africaine évolue rapidement et la transition de
la fécondité est maintenant bien engagée, tout comme les progrès de la
contraception. En Afrique, les politiques relatives à la fécondité, et
plus largement à la démographie, peuvent
être distinguées selon deux formes principales.
·
Les premières ont
été élaborées par
quelques pays pionniers, tels la Tunisie, le Kenya
et le Ghana, après leur indépendance
et en période de croissance économique, comme une composante de leur politique de
développement.
·
Les
secondes, les plus nombreuses, ont été le produit plus ou moins direct des crises et récessions économiques. Certaines furent définies de
manière relativement endogène, en Algérie par exemple, comme une réponse au décalage entre la
croissance de l’économie et celle de la population. La plupart des autres ont
été suscitées de l’extérieur, en tant que part obligée des programmes
d’ajustement structurel comme en
Afrique sub-saharienne
francophone.
Quelques pays se
sont situés en dehors de ces évolutions,
parce qu’ils n’ont pu, du fait de guerres ou de conflits internes, mettre en œuvre une politique ou développer
celle qu’ils avaient esquissée (Congo, Érythrée, Liberia,
Rwanda…). Ainsi, à travers l’évolution des déclarations gouvernementales
lors des Conférences sur la population,
depuis celle de Bucarest en 1974
jusqu’à celle du Caire en
1994, Daniel Sala-Diakanda montre le renversement
complet de perspective
en une vingtaine d’années
et le passage
progressif des différents pays africains d’un
discours nataliste à un désir de maîtrise de la fécondité, puis à l’adoption d’objectifs
quantitatifs d’utilisation de
contraceptifs et de réduction
de la croissance
naturelle. La persistance de la crise
économique est pour
lui un élément
décisif, qui va forger
le consensus sur la
nécessité de planifier les naissances suivant en cela les
pays qui avaient entrepris, dès la fin des années 1960, des politiques de fécondité
et des programmes de planification
familiale.
Toutefois, si les politiques de fécondité ont des origines
différentes, leurs articulations avec les
transitions de la fécondité sont également diverses. Dans certains
cas, où l’efficience des
politiques apparaît démontrée, les programmes publics
de planification familiale
suscitent une progression de
l’utilisation des moyens modernes
de contraception qui se révèle être l’un
des facteurs majeurs de la baisse de la fécondité. Si les pays pionniers en
matière de politique de fécondité se situent tous dans cette perspective, il
existe néanmoins des différences significatives entre leurs expériences. Celle de la Tunisie se signale, comme
l’indique Tamany Safír, par la baisse de la fécondité la plus rapide, dans la mesure où l’effet du recul de
l’âge au premier mariage est associé à celui d‘un programme de planification familiale
efficace. Dans ce pays, la transformation du rôle de la femme dans la société, notamment liée à
l’amélioration de la scolarisation féminine, joue également un rôle important dans l’émergence précoce
d’attitudes favorables à la maîtrise de la fécondité. Et, à la suite de la Tunisie, c’est tout le Maghreb qui
s’est engagé dans des politiques réussies de réduction de la croissance
démographique. Au Kenya, la transition a été plus lente à se dessiner. Après
une période d’augmentation significative de la fécondité sous l’effet de
l’amélioration des conditions sanitaires
de la reproduction, elle est aujourd’hui bien engagée. D’une histoire
démographique à l’autre, l’analyse de différents pays au regard de l’évolution
des politiques de fécondité et de leur
influence sur le début de la transition en Afrique apporte ainsi une vision
complexe. On constate la diversité des
expériences, où les échecs sont à ce jour
plus nombreux que les succès, où les
politiques réussies se comptent sur les doigts de la main. Si la baisse de
la fécondité est quasiment partout amorcée, sa relation avec
la progression de la contraception est
plus ou moins nette. Les pays où les programmes de planification
familiale conjuguent leurs effets à ceux
des changements socio- économiques pour susciter l’aspiration à une famille
réduite et sa concrétisation sont encore peu nombreux; ils se trouvent le plus
souvent dans les parties arabophone
et anglophone du
continent. Les transformations à l’œuvre sont encore largement en
devenir, comme le montrent les prémices de baisse de la fécondité perçues par Valérie Delaunay en
milieu rural sénégalais, de nombreux pays étant au début d’une évolution
sensée les conduire à une croissance démographique maîtrisée.
GENDER
A) DEFINITION AND HISTORICAL CONTEXT
1) Definition
“Gender” refers to the socially
constructed roles, behaviors, activities, and attributes that a given society
considers appropriate for men and women. As defined by the FAO, gender is “the
relations between men and women, both perceptual and material. However, gender
is not biologically determined, as a result of sexual characteristics of either
women or men, but is constructed socially. It is a central organizing principle
of societies and often governs the processes of production and reproduction,
consumption and distribution”[19].
Gender is mostly based on equality which is considered a critical element in
achieving decent work for all men and women. Therefore, gender equality refers
to equal rights, responsibilities and opportunities regardless of whether one
is born male or female.
2) Historical context
Early development initiatives which
had begun preoccupying economists and colonial officials from the 30s- 50s
largely ignored women and failed to question themselves to know whether western
development policies would extend equally to all classes, races, and gender
groups. It was however, until the 70s that emerged the concept of gender
whereby arguments, discussions and different points of views were exchanged
concerning the relation between men and women, their social interaction and the
issue of social construction of masculine and feminine issues. This created an
awakening of conscience to the problem of inequality or hierarchy existing
between men and women. Around the 30s- 50swomen were seen as individuals who
were incapable of handling positions of great responsibilities and decision
making, and in carrying out an activity to perfection. This view of the woman
was even the more damaged in the 90s, therefore making it difficult for rural
women to participate in the development of their community.
B) GENDER DIMENTIONS IN THE DEVELOPMENT POLICIES
AND PROGRAMS
1) Feminist Development Movements and Theories[20]
·
WOMEN IN
DEVELOPMENT (WID)
The Women in Development
perspective evolved in the early 1970s from a ‘liberal’ feminist framework and
was particularly influential in North America. This approach was highlighting
the fact that women need to be integrated into development processes as active
agents if ever there is a wish to achieve an efficient and effective
development. It refers to the integration of women into the national economies
and development programs of their countries. This movement was derived from the
research work carried out by Ester BOSERUP based on ‘Women’s Role in Economic
Development’[21]. In the course of her
investigation on the impact of development projects on third world women,
BOSERUP discovered that most of these projects greatly ignored women and the
role they play in the development of their societies; thus, women’s
subordination was seen in terms of their exclusion from the market sphere, and
their limited access to and control over resources. Emphasis is again laid on
the fact that: women have to be considered in the process of a sustainable
development and therefore an effective participation of men and women in the
process of development is of high importance. Also BOSERUP brought to light the
fact that technologically sophisticated projects undermined women’s economic
opportunities and autonomy. This is to say that there has to be equal
opportunities for both men and women for a better functioning of the society.
However, so far the world is beginning to recognize the efforts and
contribution of women in development projects and programs. Thus, the need and
wish for women to change and reverse their position so as to prove their
importance in the society for a better tomorrow.
·
WOMEN AND
DEVELOPMENT
This movement came up around the
70s due to the weaknesses of WID in implicating women directly into development
projects and programs (PARPART 1989, RATHGEBAR 1990). The WAD stresses the
distinctiveness of women’s knowledge, work, and women’s goals and
responsibilities. According to this movement, women do not participate enough
in development proceedings on an equal basis as men. This movement advocates
for a system whereby women would have separate development projects and
programs from men. However, despite the fact that most development projects
today is focused on women’s integration,
be it at the economic, social, political and environmental domain; the
WAD has not succeeded in decision-making
to bridge the inequalities between men and women. The WAD approach is also
inclined to see women as a class downplaying differences among women,
particularly along racial and ethnic lines.
·
GENDER AND
DEVELOPMENT
Gender and Development stands for
gender and development which is also referred to as the “Empowerment Approach”
or “Gender Aware Planning” adopted in the 80s. GAD emerged from a frustration
with the lack of progress of WID policy in changing women’s lives and in
influencing the broader development agenda. The GAD approach focuses on the
socially constructed basis of differences between men and women and emphasizes
the need to challenge existing gender roles and relations. As such, with the
establishment of GAD emphasis is no longer centered on the quest for equality
between men and women, what is capital here is to create a spirit of awareness
to the problem of gender and development. Gender is no longer seen as a problem
of ‘sex’ nor is it seen as the biological and physiological differences
existing between men and women. As such
Work opportunity is encouraged so as to improve on the society’s development
and to obtain positive goals based on mutual objectives between men and women
position in. GAD approaches generally aim to meet both women’s practical gender
needs and more strategic gender needs, by challenging existing divisions of
labor or power relations.[22] To
this effect, GAD is characterized by three principles proposed by CEPDA[23]
(Center for Population and Development Activities). They are:
Firstly, men and women have to
create and perpetuate the society and aid in conditioning the distribution of
tasks to the satisfaction of all. However, it is but common knowledge that
women suffer more even though the gains gotten from their labor are not evenly
shared, especially as men always get more pay than women for the same work
done. Thus, the revandication of women who believe they deserve more
consideration and work opportunities today, especially as they have been
discriminated upon over a long period of time now.
Also, it should be noted that women
and men have different relations with the community, and despite certain
interdependency, often function in different sectors of the community.
Therefore, their differences in priorities and perspectives.
Again, it is also important for us
to bring to the notice of all that development occurs differently on women and
man, and they both exercise different influences on development projects. As
such, both have to get in the identification of problems related to gender,
participate in power sharing and decision making, coming up with propositions
for possible solutions and for the advancement of the society.
2- LES DIFFERENTES CONFERENCES SUR LE GENRE
De la Conférence de
Mexico, en 1975, au Sommet du Millénaire pour le développement, en 2000, une
série de conférences mondiales est organisée par l’ONU, rappelant les objectifs
d’égalité entre femmes et hommes, comme fondement des droits humains et du développement.
Quatre de ces conférences concernent spécifiquement le statut des femmes : la
Conférence mondiale de l'Année internationale de la femme à Mexico en 1975; la
Conférence mondiale de la décennie des Nations unies pour la femme “Égalité, développement
et paix” à Copenhague en 1980 ; la Conférence mondiale chargée d’examiner et
d’évaluer les résultats de la décennie des Nations unies pour la femme à
Nairobi en 1985 ; la Conférence mondiale sur les femmes “Lutte pour l’égalité,
le développement et la paix” à Pékin en 1995. Il faut noter que les
organisations de la société civile des pays du Sud et du Nord ont été très
présentes lors de ces conférences, en
particulier à Rio et Pékin, et ont grandement favorisé les avancées par leur
expertise et leurs actions de plaidoyer. Le mérite de ces conférences et des
actions entreprises a été d’avoir suscité une prise de conscience des
inégalités flagrantes qui caractérisent le genre, voir le sexe et de la
nécessité de mener des actions en vue de les corriger[24].
Ø 1ère conférence du
19 juin-2 juillet 1975 sur le statut des femmes, Mexico
De cette conférence on retiendra le thème « Equality,
development and peace ». Les résolutions prises étaient fixées autour de
trois priorités à savoir:
•
Promouvoir l’égalité complète entre les hommes et les femmes, en éliminant
notamment la discrimination fondée sur le sexe ;
•
Favoriser la participation des femmes au développement ;
•
Développer l’implication des femmes dans le renforcement de la paix
internationale.
À
la sortie de cette conférence deux ans plus tard en 1977,le 08 mars est
institutionnalisé par l’ONU comme Journée Internationale de la Femme, dédiée à
la lutte pour l’émancipation de la femme. Cette journée rend hommage aux femmes qui avaient commencé ce combat et
s’affirme au fil des années comme l’expression de la lutte contre l’inégalité
du genre[25].
Ø 2ème conférence,
sur la décennie des Nations unies pour la femme : égalité, développement et
paix, Copenhague 1980
Destinée
à examiner les progrès réalisés depuis Mexico, et en particulier depuis
l’élaboration de la CEDEF, la Conférence de Copenhague définit trois domaines
d’actions spécifiques pour atteindre les objectifs de Mexico. Il s’agit de
favoriser :
• Un égal accès à
l’éducation ;
• Un égal accès à l’emploi ;
• Un égal accès aux
soins.
Le
programme d'action appelle à la mise en place de mesures nationales plus
concrètes, par exemple pour garantir aux femmes la propriété et le contrôle
foncier, ainsi qu’une amélioration des droits en matière de succession, de
garde parentale et de perte de nationalité.
Ø 3èmeConférence
chargée d’examiner et d’évaluer les résultats de la décennie des Nations unies
pour la femme, Nairobi 1985
Cette
conférence se propose d’effectuer le suivi et l'examen des réalisations de la
Décennie des Nations unies pour la femme (“Egalité, développement et paix”).
Son plan d’action établit un ensemble de mesures légales et constitutionnelles
pour favoriser l’égalité :
•Au niveau de la participation sociale
•
Dans la vie politique ;
•
Dans la prise de décision.
La
Conférence de Nairobi, avec 15000 participantes au Forum parallèle des ONG,
essaye de faire une sorte d’analyse de la conférence de Copenhague et témoigne
du fait que le mouvement des femmes est devenu une force internationale de
proposition.
1992 - Conférence sur
l’environnement et le développement, Rio
Le “Sommet de la Terre” marque le début de la diffusion, au
niveau international, du concept et des pratiques de développement durable25. Ce
que nous retiendrons de cette conférence sera le principe 20 affirmant que : “Les femmes ont un rôle vital dans la
gestion de l’environnement et le développement. Leur pleine participation est
donc essentielle à la réalisation d’un développement durable”. L’Agenda 21
considère les femmes comme un des “groupes majeurs” dont l’action est
essentielle pour mettre en œuvre les transformations économiques, sociales,
environnementales et politiques nécessaires à un développement durable. Le chapitre
24 porte sur le “rôle et statut des
femmes dans le développement”.
Ø La 4ème Conférence
mondiale sur les femmes, Pékin 1995 : un tournant majeur
La quatrième Conférence mondiale sur les femmes, qui a eu
lieu à Pékin en septembre 1995, s’est attachée à élaborer un nouveau programme
d’action afin de réaliser ou d’approfondir les objectifs fixés depuis 1975. Une
importante mobilisation de certains gouvernements et des organisations de la
société civile a permis d’aboutir à des acquis essentiels. Véritable charte
refondatrice des droits des femmes, la déclaration de Pékin consolide et
précise le travail engagé vingt ans plus tôt. Les gouvernements y reconnaissent
que “l’égalité des droits, des chances et de l’accès aux ressources, le partage
égal des responsabilités familiales et un partenariat harmonieux entre les
femmes et les hommes sont essentiels à leur bien-être et à celui de leurs
familles ainsi qu’à l’affermissement de la démocratie”. La Conférence de Pékin
proclame que l’égalité entre les femmes et
les hommes est une condition essentielle du développement durable, de la paix
et de la démocratie.[26]
2000 - Les Objectifs du
Millénaire, une nouvelle étape
La déclaration du Millénaire et les Objectifs du Millénaire
pour le développement (OMD) sont l’aboutissement du Sommet du Millénaire de
septembre 2000, qui a réuni les dirigeants du monde au siège des Nations unies,
à New York. La déclaration expose dans leurs grandes lignes les préoccupations centrales
de la communauté internationale – paix, sécurité, développement, viabilité de
l’environnement, droits humains et démocratie – et propose un ensemble
d’objectifs, qui se renforcent mutuellement, en matière de développement social
et économique.
Il
est essentiel que l’OMD 3 soit considéré et mis en œuvre de façon transversale
avec les autres Objectifs du Millénaire .En effet, l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes sont à la fois un
objectif, une condition et un moyen pour atteindre l’ensemble des OMD.
III) DEMOGRAPHIE, GENRE ET DEVELOPPEMENT :
QUELS LIENS ?
A) IMPACT DE LA
DEMOGRAPHIE ET DU GENRE SUR LE DEVELOPPEMENT
1) INTERACTION ENTRE GENRE ET DEMOGRAPHIE
Au cours des dernières décennies, de nombreux ouvrages et
articles, d’importants séminaires et des tables rondes, des colloques ou des journées
scientifiques n’ont cessé d’attirer l’attention sur les problèmes, les défis et
les enjeux démographiques auxquels le monde en général et l’Afrique en
particulier sont confrontés. La démographie étant considérée comme un « un
frein » au développement il est devenu important pour les pays en
développement de contrôler leur flux démographique. Au sommet de Rio, une
déclaration affirmait que la croissance démographique menaçait d’annihiler tous
les efforts pour améliorer les conditions de vie, à cause de ses effets
dévastateurs sur l’écosystème global. Cette affirmation s’articule avec
l’esprit des textes de la conférence du Caire dont le principal pilier fut
l’irruption de l’approche genre dans la sphère démographique. Il convient
d’insister sur la pertinence de cet outil d’analyse et de cette sensibilité à
la relation du genre qui envahit tous les champs de recherche et d’intervention
dans la société contemporaine. Il ne s’agit plus, notons-le, d’une question de
biologie mais aussi et surtout de pouvoir dans tous les espaces de la vie
publique et privée[27].
Après la IVe conférence mondiale « Paix, égalité,
développement » qui s’est tenue à Pékin en septembre 1995, le combat des
femmes pour l’égalité est devenu un enjeu majeur, le programme d’action de Beijing
insiste particulièrement sur les droits génésiques (droit de contrôle de la
fécondité). En effet, il y’eut une entente sur le droit des femmes de contrôler
tous les aspects de leur santé, et en particulier leur fécondité, le droit
humain des femmes comprenant le droit de contrôler leur propre sexualité, sans
aucune coercition, discrimination ni violence[28].
L’enjeu principal pour les pays du Nord étant la limitation
et la réduction des naissances, notamment dans les pays du Sud, les conférences
suscitées furent le point de départ de plusieurs programmes d’action en vue de
remédier à cette situation. « Les pays pauvres devaient cesser d’avoir
trop d’enfants pour que le développement économique soit possible »[29].
Pour atteindre cet objectif, il faut dorénavant passer par l’éducation de la
femme et de la jeune fille en matière de santé et de reproduction :
l’impératif devint ainsi d’envoyer les femmes à l’école, de les occuper en leur
accordant un travail qui leur attribuerait des occupations autres que celles du foyer, et la diminution des
mariages en bas âges. C’est dans cette optique que furent mis sur pieds des
méthodes contraceptives par le biais de la politique du planning familial, autrefois méconnues des
femmes africaines. L’éducation est donc le point de convergence entre la femme
et la démographie. Cependant, la question qui se pose est celle de savoir si
l’Afrique de par son tissu historique devrait s’approprier une politique de
réduction des naissances? Quand on sait qu’après la traite négrière l’Afrique a
été vidé d’environ la moitié de sa population, l’éducation de la femme en
faveur de la limitation des naissances serait-elle compatible avec son rôle
d’antan dans le foyer ? Et enfin est ce que donner des capacités plus
fortes a la femme dans le processus de développement permettra à l’Afrique
d’atteindre le niveau de développement escompté? C’est dans cet ordre d’idées
que nous allons essayer d’établir le corolaire entre les notions de démographie
et de genre dans le développement qui semble t’il est le point d’arrivée de
toutes ces programmes et politiques misent en place.
2) DEMOGRAPHIE ET GENRE DANS LE PROCESSUS DE
DEVELOPPEMENT
« L’explosion démographique sape les programmes
sociaux et économiques destinés à améliorer l’alimentation, la santé et
l’instruction »[30],
telle est la problématique au centre des débats depuis les années 60. Lors de
la conférence de Bucarest en 1974 entachée des heurts de la "guerre
froide", on assista à une cristallisation des positions autour de la
maîtrise de la population et sur l'idée selon laquelle le développement est le
meilleur moyen de ralentir la progression démographique. La conférence de
Mexico a quant à elle développé un consensus mou en 1984, à cause de la
« Pérestroïka»[31]. Au Caire en 1994 la conférence s'est
focalisée sur les moyens pour allier
"population et développement". Les différents sujets traités ont été
dans l'ordre décroissant : les liens entre croissance et développement, les
politiques de population, la situation sanitaire, la conséquence économique du
Sida et enfin le vieillissement. En réalité, les débats été focalisés sur la planification
familiale, aspect des politiques démographiques actuelles. Certains pays
allèrent jusqu'à proposer à l'exemple de la "conditionnalité verte"
de Rio, une "conditionnalité démographique" de l'aide au
développement. Dans ce cas, les crédits ne seraient octroyés qu'à partir d'un
certain degré d'implication d’un Etat dans la prise en compte de la femme dans
ses différentes politiques, notamment celle en matière de procréation pour
ralentit la bombe démographique. « cette question de la bombe
démographique est intimement liée à la place de la femme dans la problématique
du développement »[32],
et retrace à souhait leproblème de planification des naissances dans nos sociétés contemporaines. En effet si comme le
dit si bien Malthus, la production s’accroit arithmétiquement et la population
géométriquement, il adviendrait un moment ou la production ne suffirait plus à
satisfaire les besoins fondamentaux des Hommes qui sont la clé de leur survie.
La satisfaction des besoins fondamentaux étant un fondement
cardinal des processus de développement, il devient nécessaire de réduire les
naissances afin que « Tous » soient satisfaits[33].
Dans cette optique, il devient plus que nécessaire de respecter une politique
de planification des naissances, de même qu’une position plus efficiente de la
femme dans la recherche sur le développement avec la prise en compte son
éducation qui lui permettra de s’épanouir pleinement et d’être elle-même
actrice du développement social, économique et politique. C’est donc à ce
niveau que la prise en compte de la notion de « genre » ou encore du
renforcement de la capacité des femmes trouve sa pleine mesure.
En lui permettant d’acquérir les moyens pour le
développement, au travers de la santé et de la reproduction, de l’éducation, de
la parité de chance dans la recherche des emplois, on permet à la femme de
s’autonomiser en lui rappelant l’impact qu’une trop grande fécondité aurait non
seulement sur elle, mais aussi sur la population mondiale. Cet impact de la
planification familiale, qui est la véritable résultante de la notion du
Gender, peut être retrouvé à plusieurs niveaux en fonction de l’approche
adoptée :
*approche économique : les dernières décennies ont vu
une promotion intensive de la contraception pour provoquer une baisse de la
fécondité perçue comme une nécessité urgente dans le processus de
développement. Ainsi, avec la prise en compte de la femme et de son éducation
en matière de réduction des naissances, un réel développement économique serait
atteint.
*approche politique : à ce niveau, il se pose le
problème d’assurer la survie de ses populations qui doivent avoir accès à l’éducation,
à la santé, à la sécurité, accès à
l’emploi... Ici, les missions régaliennes de l’Etat doivent être assurées et au fur et à mesure que la population
croit, celui-ci va peiner pour résoudre les différents problèmes posés par la
population ; de ce fait donc dans la recherche de redistribution des ressources
d’un Etat, l’approche genre dans la notion démographique serait un allié de
taille dans la recherche perpétuelle du développement prônée par le politique.
*approche environnementaliste : ici, il se pose la
question d’appropriation du milieu par l’Homme. Plus la population augmente,
plus il faut créer des espaces pour lui. Cela suppose qu’il faudrait
apprivoiser les milieux et ainsi continuer d’altérer l’environnement qui est de
nos jours la place centrale du développement durable.
Cependant de notre point de vue, si, à long terme, la
baisse de la fécondité est sans doute nécessaire, à court terme, une politique
combinée de lutte contre la pauvreté, contre la sous-alimentation chronique,
contre l'analphabétisme (en particulier féminin), pour la santé , pour
l'extension des activités (en particulier la participation des femmes aux
activités économiques), pour le développement de la consommation et des
échanges commerciaux aurait eu des effets plus substantiels sur le
développement, et certainement sur la diminution du nombre des enfants. Enfin,
la nature trop simpliste de ces analyses est d’autant plus flagrante et
regrettable qu’elle néglige la nature dialectique de la relation, et en
particulier celle des effets de la croissance économique sur la population,
dans un contexte de ressources donné.
C-
LIMITES
Les problèmes de population des pays en général et de
l’Afrique en particulier sont-ils une conséquence du mal développement et des
déséquilibres Nord-Sud ou bien doit on les considérer comme la cause universelle
de tous les maux de la terre[34] ?
En revenant sur l’esprit néo-malthusien du texte de la conférence du Caire, il
peut être craint que les nations riches se mobilisent pour contrer la grande
menace démographique qu’elles voient se profiler de tous côtés. A l’heure où
les rapports de genre s’imposent à toute démarche, il semble important
d’amorcer la réflexion sur le sort des femmes dans le choix des modèles
familiaux qui sous-tendent les programmes d’action mis en œuvre dans le
contexte de l’expansion des technologies de la reproduction soumises aux
logiques de marchés.
1-
DES STRATEGIES ELABOREES PAR LE
NORD
Comment faire que nous ne soyons pas trop nombreux et que
la terre puisse bien se porter ? Telle est l’inquiétude qui se généralise
dans les pays où «l’explosion démographique » est perçue comme une menace
sérieuse pour l’environnement. Pour de nombreux groupes qui ne sont pas perçus
comme des marginaux et selon un puissant courant d’opinion qui se propage
depuis le Nord, pour préserver la terre, il suffirait de réduire fortement la
population des pays du Sud[35].
Plusieurs actions ont de ce fait été de
ce fait menées pour accélérer le déclin du taux de natalité dans la centaine de
pays dont le taux de croissance démographique dépasse 20/0.
L’Afrique noire est particulièrement visées dans ce plan de sauvegarde de la
planète. Sans ressusciter la vielle querelle des anciens et des modernes, les
problèmes liés à la démographie doivent être abordé en s’interrogeant sur la
pertinence des projets d’actions proposées par les experts si l’on veut prendre
en compte les contextes spécifiques dans lesquels les décisions en matières de
population se prennent dans la diversité des sociétés et des cultures[36].
Au cours de « la grande messe »[37]du
Caire, il n’est pas certain que les délégués africains aient fait entendre sur
les tribunes internationales ce qui se dit dans les villages et les quartiers
populaires sur les sujets portant sur un thème aussi important que la sexualité
et la procréation. Les gens de la brousse et des quartiers ont été peu informés
sur les véritables enjeux de cette conférence, quant aux élites accrochées au
pouvoir, c’est à peine si elles ont laissées aux différents composante de la
société civile, en dehors de quelque ONG, la possibilité de s’exprimer sur les
sujets qui les concerne et d’en débattre collectivement en toute liberté. En
l’absence d’un pays leader comme ce fut le cas pour l’Algérie qui joua un rôle
déterminant à Bucarest en 1974, l’Afrique s’est trouvée incapable de s’unir
face à des blocs de pression ayant des porte-parole de poids comme l’Allemagne
qui s’exprimait au nom de l’Union Européenne. N’ayant pas procédé à une
appropriation critique des questions et des débats du Caire à partir du
contexte africain, les délégués à la conférence sur la population et le
développement ont laissés les pays du Nord imposer une vision des enjeux
démographiques où l’on retrouve les analyses que les experts et les
institutions internationales n’ont cessé de reproduire depuis plus de quarante
ans. Sur ces enjeux graves, comme le dit Jean Marc Ella, les Africains risquent
de subir des stratégies élaborées par le Nord selon le modèle de la pensée
unique. A la conférence du Caire où le contraceptif est resté au centre des
débats, les Africains n’ont pas vus que pour le Nord, la solution aux problèmes
posés par la croissance démographique est simple : « c’est en
supprimant les pauvres qu’on réduit la pauvreté »[38].
ü Le piège de l’ethnocentrisme
Selon les actes de la conférence du Caire, tout individu a
le droit de jouir du meilleur état de santé physique et mental qu’il est à
mesure d’atteindre, y compris dans le domaine de la sexualité et de la
reproduction. Ces affirmations suggèrent une réflexion de fond, car s’il est
vrai que l’évolution du statut des femmes est liée aux problèmes
démographiques, l’amélioration de la condition féminine est plus que jamais
nécessaire. Mais il faut constater qu’exister au masculin comme au féminin est
le produit de la société La question qui se pose est celle de savoir si autour
du rapport entre genre et population on n’a pas assisté à un transfert des
modèles d’analyse et des postulats qui, depuis les années soixante ont marqué
les études et les débats sur le statut de la femme dans les sociétés
occidentales, car selon la remarque lapidaire de Friedrich Engels, dans la
famille l’homme est le bourgeois ; la femme joue le rôle du prolétariat[39].
Dans ce sens les mouvements de libération de la femme se justifient d’autant
plus que la domination multiséculaire exercée par l’homme en occident sur la
femme est devenu intolérable. De nombreux observateurs ont du mal à comprendre
que les perceptions et les représentations, les statuts et les conditions de la
femme ne sont pas identiques à travers la diversité des sociétés et des
cultures. Il faut donc se garder de projeter le statut de la femme qui a marqué
longtemps les rapports de sexe dans les pays du Nord. Peu de regard résistent à
cette tentation de l’ethnocentrisme, car depuis la
colonisation « l’on n’a presque jamais écrit sur la femme Africaine
que pour la présenter comme un être mineur, asservi. « On a presque
jamais reconnu et admiré son autonomie par rapport à l’homme, la souveraineté
de ses initiatives. La maturité de ses actes, la fécondité de ses valeurs,
œuvres et institutions qu’elle a su créer en toute indépendance, sans pour
autant sacrifier les devoirs de la maternité et de la vie conjugale »[40].
Il y’a beaucoup d’apport à mettre à l’actif des femmes, qui en un sens, sont
d’abord des mères sociales dans les civilisations africaines. Bien plus on doit
reconnaitre les stratégies ingénieuses que les femmes d’Afrique utilisent dans
l’exercice réel de leur pouvoir. Leur influence auprès des hommes est
indiscutable à travers l’expertise du quotidien, dans les différents espaces du
politique[41].
Comme le dit Jean Marc Ella, « il faut ici découvrir les capacités de ruse
des femmes qui donnent à l’homme l’illusion d’être le grand manitou alors
qu’elles choisissent d’être cette force sociale dans l’antichambre où, souvent,
le silence est le royaume d’une parole puissante »[42].
ü PRECARITE ECONOMIQUE ET CONDITIONNALITE DEMOGRAPHIQUE
Pour bien comprendre qu’ils doivent réprimer leur
acharnement procréateur, les africains
risquent d’être de plus en plus soumis à une sorte de harcèlement
néo-malthusien au cours des décennies qui viennent. Toutes les conditions ont
été mises en place pour les inciter à renoncer à croitre et à se multiplier. En
Afrique subsaharienne, au moment où la table est maigre alors que le lit
demeure fécond, tout se passe comme si le temps était favorable pour vaincre
toutes les résistances à changer le système familial en acceptant, en fin de
compte qu’il n’y a pas de malheur à mourir sans enfants. En rendant la vie
difficile aux familles par le chômage croissant des adultes et la dégradation
des salaires, on espère les pousser à procéder enfin déclin de la fécondité.
Les nouvelles contraintes de l’environnement physique et humain imposent une
rationalité à laquelle aucun ménage ne peut échapper. Dans les sociétés
africaines perçues comme une antithèse des sociétés modernes, il n’est plus
nécessaire de considérer l’importance des facteurs culturels qui pourraient
jouer un rôle déterminant dans le changement de norme, d’aspirations et de
comportements vis-à-vis de l’enfant. Bref après l’ajustement structurel, il
faut imposer l’ajustement de la fécondité aux sociétés africaines[43].
Sous l’emprise des nouveaux systèmes de référence et d’évaluation de la
richesse et du bien-être, les indigènes devront donc adopter le modèle de vie
qui les oblige à rétrécir, à nucléariser et à gérer leurs relations autour du
monde pour soi[44].
ü LES NOUVEAUX MARCHES DE LA CONTRACEPTION
La fécondité africaine est un domaine hautement stratégique
compte tenu des craintes des sociétés du Nord par rapport à la natalité des
sociétés du Sud. Comme le souligne Francis Gendre au, la fécondité est
« le seul phénomène ayant fait l’objet d’un programme mondial d’enquête ». Face aux enjeux de la fécondité africaine,
peu importe la qualité des plutôt médiocre des enquêtes et des sondages que le
démographe dénonce. Pour les stratèges, l’essentiel, c’est de construire autour
de l’acte de procréer les politiques de contrôle des populations africaines. Selon
les postulats néo-malthusiens, en vigueur, les enjeux démographiques dépendent
de l’appareil génital, précisément, «les silences du Caire visent à
transformer le Sud et singulièrement en
un vaste marché des produits contraceptifs »[45].
A l’évidence, l’Afrique est un marché porteur pour la vente des produits
contraceptifs, il s’agit ici d’une vastes opportunité d’affaires et de profits
pour l’industrie pharmaceutique qui décide vers quels types de produits
orienter les priorité de la recherche face à la santé et la contraception pour
les femmes du monde entier. C’est dans cette optique que J. M. Ela dira
que « les femmes africaines sont au centre des intérêts de l’industrie
pharmaceutique dans un contexte où la stabilisation de la population mondiale est l’objectif des
agences et des institutions financières internationales »[46]
.
2-
UNE POLITIQUE DE POPULATION AU
DETRIMENT DES FEMMES
En Alabama aux Etats Unis, plusieurs femmes ont révélé au
cours des années 70 qu’elles avaient été stérilisées, pour la plupart à leur
insu, voire contre leur gré, et cette opération justifiée par les nécessités du
planning familial avait surtout touché des minorités ethniques (Noires,
Indiennes, Portoricaines et Mexicaines). Derrière ces politiques, il faut
découvrir la volonté de contrôler la croissance démographique des groupes
humains jugés dangereux pour le bien-être des populations du Nord. A Harlem où
le taux de chômage chez les Noires est élevé, les femmes incapables d’acheter
régulièrement des contraceptifs durent subir l’ablation de l’utérus[47].
Comme on le constate, une tradition des méthodes dures enlève aux femmes toute liberté de
contrôler leur fécondité, et à servi de cadre de référence aux programmes de
planification familial financés dans les régions pauvres où, comme au Brésil depuis les années 50, la stérilisation
est devenue synonyme de politique démographique. Avec les ONG affiliées à
l’IPPF dont on peut occulter l’offensive dans les pays du Sud, notamment dans
les méthodes de limitation des naissances par l’avortement, ces procédures ont
été accélérées dans un contexte où, grâce à des financements internationaux,
les ligatures de trompes sont effectuées dans les hôpitaux publics[48].
Nous sommes en présence d’une véritable guerre déclenchée contre la fertilité
des femmes du Sud : stérilisations incitatives, utilisation de
contraceptifs non approuvés ou même prohibés dans les pays donateurs, absence
d’infrastructures de suivi sur la santé des femmes, telle est la réalité brutal
qui a marqué la transition démographique que l’on observe dans les régions de
la planète qui n’inquiètent plus l’occident. De plus, au moment où l’aide
internationale dans le domaine de la restriction des naissances est appelée à
s’intensifier, c’est dans le continent noir que les efforts d’investissement
risquent de se concentrer au cours du millénaire. Dans cette perspective, on
cherche à faire comprendre aux femmes africaines qu’elles doivent arrêter de
faire trop d’enfants pour empêcher la terre d’étouffer sous le poids de
berceaux. Alors qu’aucun organisme n’insiste sur le fait qu’un seul américain
consomme en moyenne autant d’énergie que 108 Tanzaniens[49].
En interdisant à l’Etat de dépenser de l’argent pour scolariser les filles en
vue d’améliorer le statut de la femme dans les nouvelles sociétés en gestation,
il faut distribuer aux femmes d’Afriques des contraceptifs étudiés pour les
femmes du Nord. En faisant croire aux femmes des milieux défavorisés que la
diminution du nombre d’enfants amènera plus de richesse dans les ménages, on
tend à maintenir ces femmes dans l’illusion à partir des incitants offert dans
un contexte économique et social où une contraception mal adaptée risque de se
solder par une dégradation de leur santé. En tenant compte de l’histoire de la
régulation des naissances dans les pays du Sud, une question fondamentale
s’impose à l’attention : au moment où le discours sur le droit des femmes
à décider du nombre de leurs enfants n’est contesté par personne,
« l’Afrique des femmes » qui est d’abord celle de la majorité des femmes
pauvres, va-t-elle basculer, après l’Inde ou le Brésil, dans l’ère de la
stérilisation et des méthodes fortes en vue de la réduction drastique du taux
de natalité selon les projections sur la stabilisation de la population
mondiale établies par les experts ? Dans la mesure où la forte croissance
démographique est considérée comme un obstacle au développement durable, les
pays riches qui s’engagent en faveur de la planification familiale en Afrique
Noire, vont-ils résister à la tentation d’appliquer ici les méthodes qui ont
obtenues ailleurs des résultats satisfaisants pour la sécurité des
donateurs ?
CONCLUSION
Au terme de ce devoir dont il a été question de parler de
la stratégie de démographie, genre et développement, il en est ressorti que les
notions de démographie et de genre occupent une place importante dans le
processus de développement. La forte croissance démographique étant un frein au
développement des pays du Sud en particulier et du monde en général tel que
perçu par le Nord, plusieurs conférences furent organisées dans le but d’éviter
le chao total. La croissance démographique devait être réduite et la femme
devait être impliquée dans le processus de développement au travers de la mise
en place de politiques de population ayant pour courroie de transmission
l’éducation et le renforcement des capacités des femmes. Bien des pays comme la
France et l’Allemagne se soient développées grâce à la transition démographique
qui permit la réduction de la population, la Chine a connu son évolution industrielle
et économique grâce à sa forte démographie. Aujourd’hui, la population
européenne s’en va vieillissante et la question qui se pose est celle de savoir
par qui le train du développement sera-t-il repris ? Et si le la
démographie de notre Afrique est remise en cause, quand on sait comme le dit
Jean Bodin qu’ « il n’y a de richesses que d’hommes », et que
c’est la jeunesse d’aujourd’hui qui fera l’Afrique libre de demain, ne serait-ce
pas « la peur du nombre » comme le dit Jean Marc Ela, notamment celui
de l’Afrique que le Nord redouterait ? Finalement, la notion de piège
malthusien de nature démo-économique, énoncé par tant de démographes et dont
les remèdes semblaient pouvoir être trouvés dans la mise en œuvre de
stimulateurs de développement, doit être remise en question. Il conviendrait en
particulier de prêter plus d’attention à des pièges de nature
démo-écolo-économique qui peuvent être localement irréversibles et globalement
porteurs de risques pour l’humanité[50].
BIBLIOGRAPHIE
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[2]Il s’agit ici du point 4 de la inaugural Address of president Harry S.
Truman tenue le jeudi,20 Janvier 1949 à la Yale School of law
[3]CfTagou, Celestin : Repenser le développement à partir de l’Afrique
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[4] Malcom Gillis, « Economie du développement », p259
[5] Gary Becker : cité par Malcolm Gillis dans « Economie
du développement », p264
[6]Richard Easterlin : cité par Malcolm Gillis dans «
Economie du développement », p264
[7] John Caldwell : cité par Malcolm Gillis dans « Economie
du développement », p265
[8]M. Lauriaux : Les défis démographiques : Des discours
alarmistes aux politiques incertaines…
[9] Colin Clark : cité par Malcolm Gillis dans « Economie
du développement », p270
[10] Ester Boserup : cité par Malcolm Gillis dans «Economie du
développement », p270
[11] Julian Simon : cité par Malcolm Gillis dans « Economie
du développement », p270
[12] Pays en Voie de Développement
[13]Rati Ram et Théodore Schultz : cité par Malcolm Gillis dans « Economie
de développement », p270
[14] Voir rapport sur le développement dans le monde 1984
[15] Jean Marc Ella, Fécondité et
Migration Africaine :les nouveaux enjeux P54
[16] Bulletin mensuel d’information de l’institut d’études démographiques,
mai 1994, n°290, p2
[17] Nations Unies, rapport de la conférence mondiale des Nations Unies sur
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[18]Opcit, p 65
[19] FAO, 1997
[20] Jane L. PARPART,
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[21]ESTER BOSERUP, 1970. WOMEN’S ROLE IN ECONOMIC
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[22] MOSER, 1993
[23]CEPDA, CENTER For Population and Development
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[24]Promouvoir l’égalité entre les hommes et femmes, Initiatives et
engagement français en matière de genre et développement, d’Yveline Nicolas,
association Adéquations Décembre 2006, P18-22
[25]CfTagou, Celestin in Repenser le développement à partir de l’Afrique
Prof. Jean Emmanuel Pondi P 17
[26]Promouvoir l’égalité entre les hommes et femmes, Initiatives et
engagement français en matière de genre et développement, d’Yveline Nicolas,
association Adéquations Décembre 2006, P18-22
[27]Th.H Ballmer-cao, V.Mottier et Léa Sgier : cité par J.M Ela, p 57
[28] « 4e conférence mondiale sur les femmes et le
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[29] Célestin Tagou, « Repenser le développement à partir de
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[30] Norman Myers, « L’homme et la Terre, état et avenir des
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[31] Histoire de la restructuration du système économique
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[32] Célestin Tagou, repenser le développement à partir de l’Afrique, Rétrospectives des
théories et stratégies de développement, p17
[33] Dr Marèmatouré , in « LA RECHERCHE SUR LE
GENRE EN AFRIQUE : QUELQUES ASPECTS EPISTEMOLOGIQUES, THEORIQUES ET CULTURELS »
[34] Jean Marc Ella, p53
[35] Paul Ariès : cité par Jean Marc Ella, p54
[36] Jean Marc Ella,p55
[37] Opcit,P55
[38] Jean Marc Ella, Anne Sidonie Zoa : Fécondité et migrations
africaines, p55
[39]Friéderich Engels : cité par Jean Marc Ella, p58
[40]Jean Marc Ella, Anne Sidonie Zoa : Fécondité et migrations
africaines, p61
[41] Anne Sidonie Zoa, « Le pouvoir invisible des femmes »,
conférence donnée à l’université du Québec à Montréal, dans le cadre du cours
sur « Pouvoir et Politique en Afrique », session d’hiver 2003
[42] Jean Marc Ela, p64
[43] Jean Marc Ela, « Population, pauvreté et crise »
[44] J.M Ela,p75
[45] J.M Ela,opcit p87
[46] J.M Ela, opcit, p93
[47] J.M Ela, opcit, p100
[48]S.Correa : cité par J.M Ela, p100
[49] J.M Ela, opcit, p101
[50] Francis Gendreau, Développement et croissance démographique
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