Introduction
A chaque fois qu’une forme de société s’est constituée, elle s’est faite soit avec ses idéaux politiques, soit en s’inspirant des modèles déjà existants. Un idéal politique est entendu comme l’ensemble des modes de gestion de la cité. Débattre de l’idéal politique grec et de son application dans les Etats modernes soulève ici le problème de l’adaptation des modèles de vie de la cité grecque dans le monde moderne au fil du temps. Autrement dit, comment l’idéal politique grec a-t-il été implémenté dans les Etats modernes ? Pour répondre à cette interrogation, nous allons tout en faisant une étude simultanée des deux époques, d’une part évoquer les terminologies propres aux deux époques(I) et d’autre part leurs systèmes politiques et la cité(II)
I. Terminologies des deux époques
Le monde moderne est fils de la Grèce antique. C’est du moins ce dont témoigne son vocabulaire politique.
La majeure partie des termes politiques en usage dans les Etats modernes sont un héritage de la Grèce antique. Il s’agit des notions comme la justice, la liberté, la loi, la démocratie, la constitution, la citoyenneté, l’Etat, la république, etc. Notons que même si ces notions existent dans les deux formes de société, elles différent cependant dans l’application aussi bien sur la théorie que sur la pratique. Au plan théorique, l’enseignement dans la cité grecque se faisait principalement à l’Agora tandis que sur le plan pratique, les grecques n’opéraient uniquement qu’à l’intérieur d’une cité qui n’était alors qu’une petite unité d’environ 40.000 personnes pour les plus grandes. Or les Etats modernes sont beaucoup plus vastes rendant ce type d’enseignement impossible. Au sens grec, le terme politique renvoie aux affaires publiques c’est- à -dire à la participation de tous. Dans son sens moderne, il se rapporte plutôt à une instrumentalisation des affaires. C’est ainsi que l’usage public le réduit à une manipulation amorale du pouvoir ou encore une force exercée à l’échelle nationale par les institutions de l’Etat .
Dans les sociétés modernes, ont a cependant vu naitre des concepts nouveaux tels que les parties politiques, la société civile, la séparation des pouvoirs, les droits de l’homme, etc.
II. Le système politique et la polis
Plusieurs systèmes politiques avaient cours dans la Grèce antique. On y trouvait par exemple, l’aristocratie, l’anarchie, la démocratie, etc. Dans le cadre de travail, nous nous limiterons à la démocratie qui est plus présente dans les Etats modernes.
1. La démocratique
Pour Castoriadis, « la démocratie est la société où tous les citoyens ont une égale possibilité effective de participer à la législation, au gouvernement, à la juridiction et finalement à l’institution de la société ». Cette définition révèle l’idée de la participation de tous aux affaires publiques. Ce qui est propre aux cités grecques. Ce système a été qualifié de démocratie directe car en effet, dans la Grèce antique, le peuple est souverain et c’est à lui que revient la prise de décisions. La démocratie grecque est également basée sur le tirage au sort et la rotation des charges ceci par opposition aux élections en cours dans les Etats modernes. Selon Platon, « seul l’utilisateur est bon juge » or c’est la polis qui est l’utilisateur de ce qui est produit donc le pouvoir de juger lui revient de droit. Les Etats modernes, ont quant à eux conservé la démocratie, mais certainement à cause du fait du nombre de la population, de l’espace géographique et de plus en plus de la mondialisation, ils ont développé une démocratie dite représentative dans laquelle, le pouvoir de décider est placé entre les mains des représentants (experts) choisis par le peuple. C’est ainsi que le peuple est appelé à choisir ses représentants de façon périodique. Au Cameroun par exemple, tous les sept et cinq ans, le peuple est appelé à choisir ses représentants respectivement sur le plan exécutif et législatif. Ces représentants ne rendent pas directement compte aux peuples, mais plutôt à une autre institution des représentants (le judiciaire). Pour Rousseau, la taille des sociétés modernes justifie l’application de la démocratie représentative. Il soutient également que la démocratie directe ne peut être réalisée dans le monde moderne que dans des communautés de taille réduite.
2. La polis
Au sens grec du terme, la polis ce sont les citoyens, c’est aussi une unité politique autonome. Ce n’est donc pas un Etat au sens moderne avec tout son appareil politique. Cependant, l’Etat est la résultante de la polis. Dans la cité grecque, ce sont les citoyens qui posent les lois, se gouvernent et ont leur propre juridiction (Aristote). La société grecque tout comme celle des Etats modernes, était une société de classes. Les femmes et les enfants des hommes libres n’ont aucun droit politique bien que leur statut soit différent de celui des esclaves. Les esclaves étaient dépourvus de tous les droits et constituaient la dernière classe, tandis que les metecs ou étrangers (seconde classe) ne pouvaient pas participer à la vie politique. Cependant, ils n’étaient soumis à aucune discrimination. Quant aux citoyens, membres de la première classe, ils étaient uniquement ceux qui participaient à la vie politique. L’appartenance à la classe de citoyen était conditionnée par la possession d’un parent athénien et plus tard, les deux parents. Cette mesure sur la citoyenneté reste visible dans les Etats modernes car aucun pays ne définit comme citoyen tout être humain, mais tous rattachent cette notion de citoyenneté au lien de sang. Pour Aristote, « le citoyen se définit comme celui qui a part au jugement et au pouvoir. Le citoyen excellent est celui qui sait également gouverner et être gouverner.»
Dans la société moderne, l’esclavage a disparu et tout le monde a désormais le droit de participer à la vie politique dans un Etat donné sauf les étrangers. Cependant, la société moderne reste une société de classes (riches contre pauvres ; Nord contre Sud ; pays industrialisés contre pays en voies de développement ou/et pays sous développés).
Le système politique grec était ségrégationniste et donc, non conforme aux droits universels de l’homme en cours dans le monde moderne. La plupart des prérogatives étaient accordées aux hommes tandis que les femmes étaient confinées aux tâches ménagères. Dans la Grèce antique, n’était libre que ceux qui jouissaient du statut de citoyen (hommes adultes) et ce qui leur donnait aussi le droit de participer aux affaires publiques. Tandis qu’au sens moderne, la liberté est plus sociale que politique et aussi bien pour les hommes que pour les femmes. Cette nouvelle forme de liberté englobe la liberté d’expression, le choix d’une profession et le droit à la propriété.
Conclusion
Au terme de cette analyse de l’idéal politique grecque et son application dans les Etats modernes, nous pouvons dire sans risque de nous tromper que, bien que la plus part des idéaux politiques actuels soient un héritage de la Grèce antique, ils ont subi une évolution dans le temps et dans l’espace. Cependant, les Etats modernes ont intégré dans leur fonctionnement des concepts nouveaux tels que la société civile, égalité de tous devant la loi, etc.
Références bibliographiques
1. Gustave, GLOTZ ; La cite grecque, Paris 1928, 273p
2. Christopher, ROWE & Malcolm, SCHOFIELD ; The Cambridge history of Greek and Roman political thought, Cambridge university press, 2000
3. Démocratie grecque / démocratie modern – perspectives, d’après Cornelius CASTORIADIS: la cite et les lois (ce fait la Grèce, 2 séminaires 1983 – 1984, Seuil 2008)
4. http://artslivres.com/ShowArticle.php?Id=894&Title=MOSSE+Claude+-+Les+Grecs+Inventent+la+Politique
5. http://www.oboulo.com/organisation-politique-cite-grecque-104198.html
A chaque fois qu’une forme de société s’est constituée, elle s’est faite soit avec ses idéaux politiques, soit en s’inspirant des modèles déjà existants. Un idéal politique est entendu comme l’ensemble des modes de gestion de la cité. Débattre de l’idéal politique grec et de son application dans les Etats modernes soulève ici le problème de l’adaptation des modèles de vie de la cité grecque dans le monde moderne au fil du temps. Autrement dit, comment l’idéal politique grec a-t-il été implémenté dans les Etats modernes ? Pour répondre à cette interrogation, nous allons tout en faisant une étude simultanée des deux époques, d’une part évoquer les terminologies propres aux deux époques(I) et d’autre part leurs systèmes politiques et la cité(II)
I. Terminologies des deux époques
Le monde moderne est fils de la Grèce antique. C’est du moins ce dont témoigne son vocabulaire politique.
La majeure partie des termes politiques en usage dans les Etats modernes sont un héritage de la Grèce antique. Il s’agit des notions comme la justice, la liberté, la loi, la démocratie, la constitution, la citoyenneté, l’Etat, la république, etc. Notons que même si ces notions existent dans les deux formes de société, elles différent cependant dans l’application aussi bien sur la théorie que sur la pratique. Au plan théorique, l’enseignement dans la cité grecque se faisait principalement à l’Agora tandis que sur le plan pratique, les grecques n’opéraient uniquement qu’à l’intérieur d’une cité qui n’était alors qu’une petite unité d’environ 40.000 personnes pour les plus grandes. Or les Etats modernes sont beaucoup plus vastes rendant ce type d’enseignement impossible. Au sens grec, le terme politique renvoie aux affaires publiques c’est- à -dire à la participation de tous. Dans son sens moderne, il se rapporte plutôt à une instrumentalisation des affaires. C’est ainsi que l’usage public le réduit à une manipulation amorale du pouvoir ou encore une force exercée à l’échelle nationale par les institutions de l’Etat .
Dans les sociétés modernes, ont a cependant vu naitre des concepts nouveaux tels que les parties politiques, la société civile, la séparation des pouvoirs, les droits de l’homme, etc.
II. Le système politique et la polis
Plusieurs systèmes politiques avaient cours dans la Grèce antique. On y trouvait par exemple, l’aristocratie, l’anarchie, la démocratie, etc. Dans le cadre de travail, nous nous limiterons à la démocratie qui est plus présente dans les Etats modernes.
1. La démocratique
Pour Castoriadis, « la démocratie est la société où tous les citoyens ont une égale possibilité effective de participer à la législation, au gouvernement, à la juridiction et finalement à l’institution de la société ». Cette définition révèle l’idée de la participation de tous aux affaires publiques. Ce qui est propre aux cités grecques. Ce système a été qualifié de démocratie directe car en effet, dans la Grèce antique, le peuple est souverain et c’est à lui que revient la prise de décisions. La démocratie grecque est également basée sur le tirage au sort et la rotation des charges ceci par opposition aux élections en cours dans les Etats modernes. Selon Platon, « seul l’utilisateur est bon juge » or c’est la polis qui est l’utilisateur de ce qui est produit donc le pouvoir de juger lui revient de droit. Les Etats modernes, ont quant à eux conservé la démocratie, mais certainement à cause du fait du nombre de la population, de l’espace géographique et de plus en plus de la mondialisation, ils ont développé une démocratie dite représentative dans laquelle, le pouvoir de décider est placé entre les mains des représentants (experts) choisis par le peuple. C’est ainsi que le peuple est appelé à choisir ses représentants de façon périodique. Au Cameroun par exemple, tous les sept et cinq ans, le peuple est appelé à choisir ses représentants respectivement sur le plan exécutif et législatif. Ces représentants ne rendent pas directement compte aux peuples, mais plutôt à une autre institution des représentants (le judiciaire). Pour Rousseau, la taille des sociétés modernes justifie l’application de la démocratie représentative. Il soutient également que la démocratie directe ne peut être réalisée dans le monde moderne que dans des communautés de taille réduite.
2. La polis
Au sens grec du terme, la polis ce sont les citoyens, c’est aussi une unité politique autonome. Ce n’est donc pas un Etat au sens moderne avec tout son appareil politique. Cependant, l’Etat est la résultante de la polis. Dans la cité grecque, ce sont les citoyens qui posent les lois, se gouvernent et ont leur propre juridiction (Aristote). La société grecque tout comme celle des Etats modernes, était une société de classes. Les femmes et les enfants des hommes libres n’ont aucun droit politique bien que leur statut soit différent de celui des esclaves. Les esclaves étaient dépourvus de tous les droits et constituaient la dernière classe, tandis que les metecs ou étrangers (seconde classe) ne pouvaient pas participer à la vie politique. Cependant, ils n’étaient soumis à aucune discrimination. Quant aux citoyens, membres de la première classe, ils étaient uniquement ceux qui participaient à la vie politique. L’appartenance à la classe de citoyen était conditionnée par la possession d’un parent athénien et plus tard, les deux parents. Cette mesure sur la citoyenneté reste visible dans les Etats modernes car aucun pays ne définit comme citoyen tout être humain, mais tous rattachent cette notion de citoyenneté au lien de sang. Pour Aristote, « le citoyen se définit comme celui qui a part au jugement et au pouvoir. Le citoyen excellent est celui qui sait également gouverner et être gouverner.»
Dans la société moderne, l’esclavage a disparu et tout le monde a désormais le droit de participer à la vie politique dans un Etat donné sauf les étrangers. Cependant, la société moderne reste une société de classes (riches contre pauvres ; Nord contre Sud ; pays industrialisés contre pays en voies de développement ou/et pays sous développés).
Le système politique grec était ségrégationniste et donc, non conforme aux droits universels de l’homme en cours dans le monde moderne. La plupart des prérogatives étaient accordées aux hommes tandis que les femmes étaient confinées aux tâches ménagères. Dans la Grèce antique, n’était libre que ceux qui jouissaient du statut de citoyen (hommes adultes) et ce qui leur donnait aussi le droit de participer aux affaires publiques. Tandis qu’au sens moderne, la liberté est plus sociale que politique et aussi bien pour les hommes que pour les femmes. Cette nouvelle forme de liberté englobe la liberté d’expression, le choix d’une profession et le droit à la propriété.
Conclusion
Au terme de cette analyse de l’idéal politique grecque et son application dans les Etats modernes, nous pouvons dire sans risque de nous tromper que, bien que la plus part des idéaux politiques actuels soient un héritage de la Grèce antique, ils ont subi une évolution dans le temps et dans l’espace. Cependant, les Etats modernes ont intégré dans leur fonctionnement des concepts nouveaux tels que la société civile, égalité de tous devant la loi, etc.
Références bibliographiques
1. Gustave, GLOTZ ; La cite grecque, Paris 1928, 273p
2. Christopher, ROWE & Malcolm, SCHOFIELD ; The Cambridge history of Greek and Roman political thought, Cambridge university press, 2000
3. Démocratie grecque / démocratie modern – perspectives, d’après Cornelius CASTORIADIS: la cite et les lois (ce fait la Grèce, 2 séminaires 1983 – 1984, Seuil 2008)
4. http://artslivres.com/ShowArticle.php?Id=894&Title=MOSSE+Claude+-+Les+Grecs+Inventent+la+Politique
5. http://www.oboulo.com/organisation-politique-cite-grecque-104198.html
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