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UJAMAA (SELF-RELIANCE) ET LE DEVELOPPEMENT COMMUNAUTAI

PLAN
Introduction

I- La déclaration d’Arusha
A- Emergence historique de la déclaration
1- Julius Nyerere : L’homme
2- Contextes internes et externes
B-Contenu de la déclaration
1- Les principaux points
2- Analyse
II- Ujamaa ou self reliance
A. Le socialisme africain
1- Principes et objectifs
2- La self-reliance : principes, fondements et manquements
B. Le développement communautaire
1) Sens et itinéraire : origine et principes
2) Le développement selon Nyerere

III-Application et Bilan d’Ujamaa
A. Application
1) Plan politique et économique
2) Plan social et éducatif
B. Bilan
1) Les réalisations
2) Les erreurs et les échecs
IV-Perspectives
A. Propositions
B. Ujamaa et le développement communautaire aujourd’hui
Conclusion




Introduction
Après la seconde guerre mondiale nait pour la première fois la notion de développement. Elle apparait précisément dans le point 4 du discours d’investiture du 20 janvier 1949 du Président Truman. C’est plus exactement la notion de sous-développement qui sera utilisée pour caractériser les nations défavorisées auxquelles il allait falloir étendre après le plan Marshall qu’avait connu l’Europe ,l’aide jusque-là accordée à quelques pays d’Amérique .Des théories sont donc mises sur pied pour d’expliquer les disparités et remédier à l’écart de développement entre pays industrialisés et ceux du tiers monde .Ainsi les années 50 début 60 marquent la naissance de la première métathéorie :la modernisation. Elle a pour figure de proue l’économiste Rostow et considère le sous- développement comme un retard de développement dont la solution réside dans le passage d’une société traditionnelle à une société moderne. Ses limites se faisant ressentir à travers sa conception réductrice et ethnocentrique démontrée par Rist, Preston et Webster, elle cède le passage à la théorie de la dépendance. Cette seconde métathéorie qui émerge dans les années 60 et 70 coïncide avec l’accession de nombreux pays sous domination coloniale à l’indépendance et précisément des Etats africains. Cette école de pensée va à son tour essayer d’expliquer le sous-développement par la subordination des « périphéries » par rapport au « centre ».Face à ses limites et à la préoccupation générale de la problématique sur le développement, les nations unies dans le cadre de la décennie du développement orientée vers les pays pauvres vont favoriser l’implémentation de nouvelles stratégies. Mais qu’est-ce qu’une stratégie de développement? La stratégie de développement se définit comme le choix des objectifs fondamentaux ainsi que les moyens nécessaires en vue d’accéder au développement en s’appuyant sur un ensemble de décisions qui engagent l’avenir à savoir un système économique précis ,une politique d’industrialisation clairement définie, une certaine forme de répartition des ressources. En Afrique, Julius Nyerere premier président tanzanien désireux de sortir son pays du poids de la pauvreté met sur pied la toute première stratégie africaine: Ujamaa. Comment y parvient-il ? Quelles étaient ses moyens d’action ? A-t-elle atteint les buts escomptés ? A-t-elle eu un impact au sein de la communauté africaine et internationale? Quel est son bilan? Ujamaa aujourd'hui? Toutes ces questions qui vont constituer la charpente de notre travail vont être répondu en nous attardant tout d’ abord sur le contexte historique de la Tanzanie après les indépendances et l’émergence de la déclaration d’Arusha y compris son contenu, puis le socialisme africain à travers ses fondements, ses principes, ses objectifs ainsi que son implémentation à travers la self-reliance, ensuite s’attarder sur son bilan via une étude critique et enfin actualiser le concept dans le cadre de nos sociétés africaines actuelles.
I- LA DECLARATION D’ARUSHA
A- Contexte historique de l’émergence de la déclaration

1- Julius Nyerere : l’homme

Julius Kambarage Nyerere est originaire des lacs, groupe ethnique de Zanaki. Il naît à Butiama le 13 Avril 1922 et décède le 14 Octobre 1999 à Londres. Homme politique, il fut le 1er ministre de la Tanzanie de 1960 à 1961. Elu Président de la Tanzanie le 29 Octobre 1964, il est une figure attachante de la scène politique africaine et est connu comme homme d’action et penseur. Encore connu sous l’appellation de « Mwalimu » c’est-à-dire dire instituteur, il fut l’un des principaux représentants du socialisme africain, idéologie sur laquelle il base le fondement de sa politique .S’inspirant des expériences communistes en général et chinoises en particulier, il s’attèle à lutter contre la pauvreté grandissante dans son pays après les indépendances. A travers la déclaration d’Arusha prononcée le 5 février 1967 dans laquelle il définit les principes, les objectifs et la doctrine qu’il souhaite voir suivre son pays. Son idéal était de conduire son Etat à une société égalitaire, juste, solidaire trouvant dans ses propres ressources les moyens de son autosuffisance et dans l’éducation sa priorité première. A ce jour de nombreux ministères et représentations diplomatiques sont encore localisées à Dar-es-Salam. En1985, Julius Nyerere quitte le pouvoir et demeure à ce jour un exemple fort pour la Tanzanie et les pays africains environnants.
2) Contextes interne et externe
a) Contexte interne
 Sur le plan politique
La TANU dirigée par Nyerere, qui devient Président en 1964 est l’un des grands instruments d’influence par lequel la stratégie Ujamaa va être mise sur pied.
 Sur le plan économique
La situation économique était caractérisée par la main mise de la Grande-Bretagne sur les secteurs de l’exportation, les banques voire une partie de l’administration. Les problèmes économiques auxquels était confrontés le nouvel Etat indépendant de Tanzanie étaient : l’insuffisance et le manque de développement des formes de coopératives, l’inexpérience et un personnel peu qualifié. Ces manquements conduisent à la déclaration d’Arusha qui implémente les communautés rurales connues comme les « villages Ujamaa ».
 Sur le plan social
Les autres problèmes émergeant sur le plan social étaient l’inégalité et la disparité de la distribution des richesses à travers le déséquilibre entre les zones rurales et urbaines et l’enrichissement rapide et illicite de certains fonctionnaires et commerçants qui attiraient les tensions sociales. La croissance démographique était importante mais le niveau d’éducation et de formation très bas. Après les indépendances, l’analphabétisme était de 90% et en 1961, seuls 500.000 enfants à peine allaient à l’école primaire.

2-Aspects externes
La Tanzanie se trouvait prise dans les conflits régionaux: la déclaration unilatérale d’indépendance de la Rhodésie du Sud en 1965, guerre de libération menée par Frelimo au Mozambique sans oublier la constance présence du problème sud-africain. Cette situation rendait la Tanzanie très dépendante du financement extérieur. 78% provenait essentiellement de la Grande-Bretagne. La détérioration des termes de l’échange due à la revente du sisal, une diminution de l’emploi salarié et une croissance démographique.

B-Contenu de la Déclaration
La déclaration d’Arusha constitue un discours normatif, une déclaration d’intentions, un catalogue de prescriptions adopté par le TANU le 5 février 1967. Elle contient les douze points ci-après :

1 - Les principaux points
Le 5 février 1967 le TANU adopta la déclaration d’Arusha qui se résume selon les douze points suivants :
 Les droits fondamentaux doivent être assurés pour tous .l’Etat doit toutefois veiller à ce que l’exercice des libertés individuelles ne conduise pas à l’accroissement des inégalités et à l’exportation.
 La dignité individuelle doit déboucher sur l’indépendance du pays
 L’option sociale suppose « un Etat où tous les gens sont travailleurs» et où personne n’exploite quiconque.
 Le pays est engagé dans une guerre contre la pauvreté. Une autre source de financement est évidemment constituée par l’aide extérieure sous forme de dons, de prêts et d’investissement privés. Mais il est stupide d’«imaginer que nous pourrons enrayer notre pauvreté avec l’aide extérieure plutôt qu’avec nos propres ressources ».
 L’aide étrangère met l’indépendance en danger
 Dans ces conditions, il ne faut pas accorder trop d’importance à l’industrialisation, au moins au début du processus du « développement » : celle-ci présuppose en effet des ressources financières, technologiques et humaines que la Tanzanie ne possède pas.
 Qu’elles proviennent de l’impôt ou de l’extérieur, les ressources financières de l’Etat doivent être affectées en priorité aux paysans et non aux villes, d’autant plus que les prêts obtenus de l’extérieur sont financés par l’exportation des produits agricoles.
 Mettre l’accent sur la culture des produits et viser l’autosuffisance alimentaire.
 L’ardeur au travail est la racine du développement.
 L’ardeur au travail combinée à l’intelligence a déjà permis aux paysans de réaliser de nombreux projets de développement (…). Montrer aux gens des villages comment se développer par leurs propres efforts plutôt que d’entreprendre tous ces voyages longs et couteux à l’étranger à la recherche de l’argent pour les investissements.
 Pour sauvegarder notre indépendance et la liberté de notre peuple, nous devons compter sur nous même autant que possible et éviter de dépendre de l’assistance d’autres pays.

2-Analyse de la déclaration
A travers ces douze points, Julius Nyerere dévoile les objectifs du socialisme africain « Ujamaa », dont le principal est l’édification d’une société dans laquelle tous les membres jouissent des mêmes droits et des mêmes possibilités, où tous peuvent vivre en paix avec leurs voisins sans subir l’injustice, sans être exploités, ni exploiter son prochain, ou chacun voit son bien-être matériel augmenter progressivement sans qu’un seul ne vive dans le luxe.
Il s’agit aussi de mobiliser les ressources humaines au service d’un développement auto-suffisant, au lieu de ne compter que sur les ressources matérielles ou financières car « le développement d’un pays s’opère grâce à l’homme et non à l’argent .L’argent n’est pas le point de départ de développement, il en est le résultat». (Nyerere, 1968, p.243)
En résumé, le socialisme tanzanien promu par le président Nyerere est implicitement désigné par le concept Ujamaa. Etymologiquement Ujamaa vient du swahili et signifie « bien familial » .Il est donc question de pouvoir éduquer les populations sur l’ engagement mutuel collectif en inculquant le sacre des valeurs partagées tout en incluant les notions politiques d’africanité.

II- UJAMAA OU SELF-RELIANCE
A- Le socialisme africain
Le socialisme se définit comme une doctrine et mouvement économique, social et politique envisageant une organisation collective de la société dans un but de respect de l’égalité et de la réalisation sociale. Ce mouvement recherche donc une justice sociale en condamnant les inégalités et exploitation de l’homme par l’homme. Sa première utilisation remonte à l abbé Sieyes qui dans les années 1780 évoque un « traité du socialisme » parlant du « but que se propose l’homme en société et des moyens qu’il a d’y parvenir ».
Le mot signifie alors « science de la société ». En 1827, le mot « socialisme » serait utilisé pour la première fois par Saint Simon. D’autre origine à l’anglais socialism (1822) ou à l’italien socialismo. Ce mot prend des différentes selon le lieu, selon le point de vue politique où il est développé, donnant lieu à plusieurs débats qui portent sur sa définition d’où notre questionnement sur le fondement du socialisme africain. Le socialisme africain selon Julius Nyerere est une attitude de l’esprit, une mentalité et non l’adhésion inconditionnelle à un modèle politique standard. C’est une croyance, une conception qui se retrouve dans la tradition africaine, car celle-ci prône ma vie en communauté, le partage des richesses de façon efficiente et ceci selon les besoin de chacun et sa contribution. Ce socialisme est fondé sur le travail, sur Ujamaa ou esprit de famille. Il s’oppose au capitalisme qui compte sur l’exploitation de l’homme par l’homme pour bâtir une société ou règne le bonheur. Il s’oppose également au socialisme doctrinaire qui base la construction de la société parfaite sur une philosophie qui affirme que le conflit en l’homme et homme est inévitable. C’est pourquoi Nyerere affirme : « Nous autres, nous avons plus besoin d’être convertis au socialisme que de suivre des cours de démocratie. L’un ainsi que l’autre sont enracinée dans notre passé ». Le travail étant la clé du développement le socialisme africain promeut la politique du développement local, le développement communautaire qui est la politique de développement par excellence selon Nyerere à travers d’inclusion et l’exercice de la démocratie par le peuple et sa pratique par le gouvernement.

1) Contexte socio-historique
La fin des années 60 est marquée par un affrontement théorique entre « modernistes » et « dépendantistes », par la création de nouvelles institutions. Par ailleurs les mesures prises dans le cadre de la première décennie du développement n’améliorent guère la situation de la plupart des Etats africains. C’est dans ce contexte on ne peut plus négativiste que le président Nyerere en lutte contre la pauvreté va faire appel aux soviétiques et aux chinois pour l’aider à développer le « socialisme africain ». Les nouveaux régimes indépendants africains affirment qu’ils ne peuvent pas prétendre à un développement en continuant à utiliser le système conçu par les Européens, à savoir le capitalisme. Le socialisme devient donc populaire parmi les dirigeants africains; car il représente une rupture avec le colonialisme et l’impérialisme. Les fervents défenseurs de ce courant, à l’instar de Léopold Sedar Senghor, Nkwame Nkrumah, Julius Nyerere vont faire valoir qu’il n’est ni le contraire du capitalisme ni une réponse à ce dernier, mais quelque chose de complètement différent: une attitude d’esprit. Ils vont ainsi faire appel à une identité africaine. Le socialisme selon eux, est tout simplement une récupération de l’esprit, de l’être africain. Ses principes et ses objectifs vont être énumérés ci-après :

a) Principes
 L’égalité entre les hommes
 Le droit à la dignité et au respect pour tout homme
 Tout citoyen fait partie intégrante de la nation et a le droit de prendre part également au gouvernement du pays à tous les niveaux
 Tout citoyen a droit à la liberté d’expression, de mouvement, de religion, et d’association, dans les limites de la loi.
 Tout homme a droit d’attendre de la société la protection de sa vie et de ses biens légitimement acquis.
 Tout homme a droit à une juste récompense de son labeur.
 Tous les citoyens possèdent en commun toutes les ressources naturelles de leur pays, en attendant de les transmettre à leurs descendants.
 Pour assurer une distribution équitable des avantages économiques, l’Etat doit exercer un contrôle réel sur les principaux moyens de production.
 Il appartient à l’Etat d’intervenir activement dans la vie économique de la nation, pour assurer le bien-être de tous les citoyens et de prévenir l’exploitation d’un individu par un autre, afin d’empêcher également toute accumulation des biens en contradiction avec l’existence d’une société sans classe.

b) Les objectifs
 Pas d’exploitation
Un Etat véritablement socialiste est celui où tous les gens sont travailleurs et où il n’existe ni capitalisme, ni système féodal. Dans un Etat véritablement socialiste, seules ces catégories de personnes suivants peuvent vivre du travail des autres : les enfants, les vieillards, les infirmes et ceux à qui l’Etat à un moment donné ne peut procurer du travail.
 Les principaux moyens de production doivent passer sous le contrôle des paysans et des travailleurs. Pour implanter et maintenir le socialisme il faut s’assurer que les paysans et les travailleurs eux-mêmes possèdent et contrôlent les principaux moyens de production par l’intermédiaire de leur gouvernement et de leurs coopératives. Il est nécessaire de s’assurer aussi que le parti au pouvoir est un parti des paysans et des travailleurs. Les principaux moyens de productions sont la terre, la foret, les ressources minières, les cours d’eau, le pétrole, l’électricité, les moyens de communication et de transport, les banques, les assurances, le commerce extérieur, à l’importation ainsi qu’a l’exportation, le commerce de gros, les industries sidérurgiques, les usines à fabriquer les machines agricoles et les armes, l’industrie automobile, les cimenteries et usines de fertilisants, les industries textiles et toute grosse industrie sur laquelle une fraction importante de la population doit compter pour gagner sa vie, ou qui est vitale pour la production d’autres secteurs industriels, les grandes plantations, principalement celles qui produisent les matières premières.



 La démocratie
Ajouté au fait que la plupart des moyens de production appartiennent à l’Etat ou sont sous son contrôle, il faut encore que le gouvernement soit élu et dirigé par les paysans et les travailleurs.
 Le socialisme est une idéologie
Il est une idéologie et ne peut être implanté que par des gens qui croient fermement en ses principes qui sont prêts à les mettre en pratique. Un vrai membre de la TANU est plus socialiste et ses compatriotes c’est-a dire ceux qui partagent la même foi politique et économique sont tous ceux qui en Afrique ou partout ailleurs dans le monde, luttent pour les droits des paysans et des travailleurs.

2) Self-reliance : principes, fondements et manquements
a. Ses principes
Pour synthétiser les caractéristiques fondamentales de l’autonomie sociale et faire apparaître son originalité par rapport au modèle dominant, nous relèverons les éléments qui définissent ce que la self-reliance n’est pas.
 La self-reliance n’est pas un modèle abstrait, mais un processus historique de lutte contre une structure que l’on refuse.
 La self-reliance ne peut pas être instituée d’en-haut.
 Elle ne doit pas être confondue avec la simple transformation des matières premières sur le lieu de leur production.
 La self-reliance ne se réduit pas à produire d’abord les biens nécessaires aux plus démunis. En effet, une telle politique peut aussi être appliquée dans une perspective bureaucratique et gestionnaire.
 La self-reliance ne se confond ni avec l’autosuffisance, ni avec l’autarcie économique, même si l’autosuffisance alimentaire constitue l’un des objectifs de la self-reliance.





b. Ses fondements
La self-reliance vise à redéfinir les priorités économiques afin de produire les biens utiles à l’ensemble de la population plutôt que de compter sur le commerce international, pour importer les biens de consommation qui ne profitent qu’à une minorité. Le contrôle démocratique de la production constitue une condition fondamentale de la self-reliance.
 La self-reliance repose sur l’utilisation prioritaire des facteurs de production disponibles localement, au lieu de considérer le commerce international comme un substitut de la recherche.
 La self-reliance stimule la créativité et la confiance en ses propres valeurs.
 La self-reliance harmonise le mode de vie avec l’environnement et les facteurs locaux existants, ce qui entraîne des répercussions écologiques culturelles positives.
 La self-reliance entraîne une diversité de « développements » et refuse l’imitation des modèles importés.
 Elle diminue l’aliénation engendrée par l’absence de maîtrise du processus économique et favorise la solidarité horizontale.
 Elle permet d’atteindre un meilleur équilibre écologique, puisqu’elle empêche qu’un groupe ne pille ou n’épuise les ressources d’un autre, ou que les déchets polluants ne soient exportés hors des lieux où ils sont produits.
 La self-reliance oblige à réinventer au lieu d’imiter ce qui se fait ailleurs ; elle entretient un processus permanent d’apprentissage.
 Elle favorise également la solidarité avec ceux qui se trouvent au même niveau que soi, à l’intérieur d’un même pays ou sur le plan international ; elle permet de réorienter les flux commerciaux en évitant de passer par les centres (y compris ceux qui sont situés à l’intérieur du pays).
 Elle permet de résister à la dépendance entraînée par la commerce international et les fluctuations des prix ; pour cela, elle s’efforce de parvenir à l’autosuffisance concernant les ressources stratégiques et notamment les produits alimentaires.
 Elle accroît la capacité de défense d’un pays en lui permettant de résister aux pressions extérieures et, en décentralisant l’économie, elle rend plus difficile une agression militaire qui chercherait à frapper un centre.
 Elle met fin à la dichotomie centre/périphérie : la périphérie se transforme en une multitude de « centres » qui ne dépendent de personne.

c) Les effets pervers de la self-reliance
 La self-reliance réduit les inégalités qui découlent de l’échange, mais ne peut rien contre les inégalités liées à la dotation en facteurs de production, puisque que certains pays disposent de ressources qui n’existent pas ailleurs. Elle devrait donc s’accompagner de mécanismes de redistribution globale.
 La self-reliance peut renforcer l’exploitation au niveau local ou régional, si le système démocratique ne fonctionne pas correctement et réserver à une minorité la maîtrise de l’économie.
 La self-reliance risque d’accentuer la division du monde entre un centre « développé » et une périphérie « sous-développée ». Si la self-reliance implique bien, au début, une déconnexion d’avec le marché international, elle doit tendre à de nouvelles formes d’associations sur une base égalitaire.
 La self-reliance risque de réduire la mobilité entre les diverses unités. Il ne s’agit pas d’attacher les gens à la terre où ils sont nés, mais de favoriser les échanges entre ceux qui occupent des positions semblables dans des lieux différents.

 La self-reliance risque de créer un clivage entre ceux qui peuvent la pratiquer et ceux qui ne le peuvent pas. Mais d’une part, à l’intérieur des grands pays (commercialement indépendants), il convient de pratiquer des formes de self-reliance régionales, locales et de l’autre, les petits pays peuvent s’associer à leurs voisins pour pratiquer une self-reliance régionale.

B. Le développement communautaire

1) Sens et itinéraire : origines et principes
Gilbert Rist conçoit le développement comme une histoire de croyance occidentale alors que Georges Grum perçoit l’occident comme un « mythe »construit tout au long de l’histoire européenne. Ainsi ce concept transpire de toute son ambiguïté transposé aux sciences sociales .Alors qu’en sciences exactes, les mathématiciens et les physiciens parlent de développement des formules physiques et des équations mathématiques , les photographes parlent de développement de photo et les botanistes et biologistes parlent quant à eux de développement de corps vivants ;tout ceci pour désigner le passage d’un état à un autre. S’agissant du développement appliqué aux sciences sociales, ce concept transpire de toute son ambigüité puisqu’il existe une multitude de définitions. Ainsi pour le PNUD : « les principaux objectifs de développement humain (…) est d’élargir la gamme de choix offerts à la population qui permet de rendre le développement plus démocratique et participatif ». Pour Julius Nyerere, dans le rapport de la commission sud, le développement est « un processus qui permet aux êtres humains de développer leur personnalité, de prendre confiance en eux même et de mener une existence digne et épanouie… ». Dans ces deux définitions, l’homme qui est placé au centre du développement n’est pas pris de manière individuelle, mais collective. A cet effet, le développement communautaire est un développement autocentré sur l’homme, placé au sein des communautés consistant à renforcer les capacités des communautés à s’autogérer pour atteindre l’autosuffisance. Ce type de développement prend en compte la production, la croissance économique, la justice sociale et l’épanouissement. C’est pourquoi la culture du travail est un élément primordial pour sa réalisation. Ainsi, la stratégie du développement communautaire se fonde sur les principes cités ci-dessous :

- Regrouper les populations agricoles dans des villages communautaires c’est-a dire créer une communauté ;
- Instaurer un socialisme de village fonde sur le principe de l’autonomie économique
- Assurer l’autosuffisance (self-reliance) en renforçant les capacités d’autogestion de la communauté ;
- Assurer la sécurisation et la cohésion sociale en créant des infrastructures hospitalières et éducatives en améliorant également le système sanitaire et éducatif;
- Promouvoir l’égalité et la justice sociale en équilibrant les revenus par habitants;
- Assurer la nationalisation des entreprises;
- Promouvoir la création des coopératives;
- Promouvoir la participation de la population au processus de planification et des prises de décisions, c’est-à dire que la population doit s’impliquer dans le développement; c’est donc un acteur majeur du développement;

- Développer les régions rurales;
- Eduquer et former les populations des zones rurales.

2) Le développement selon Nyerere
Selon lui, le développement d’un pays se fait par les hommes et non par l’argent. L’argent et la richesse qu’il représente sont la conséquence et non la base du développement. Les conditions préalables au développement sont de plusieurs natures : la population, le sol, une bonne politique, de bons projets et, de bons leader ; le pays ayant une population de plus de 10 millions d’hommes et une superficie de 945.000 km2.
Nyerere pense que l’agriculture est la base du développement, puisque le sol tanzanien est fertile et suffisamment arrosé par la pluie. Les cultures vivrières (le maïs, le riz, le blé, le haricot, l’arachide) et commerciales (le sisal, le coton, le café, le tabac, le thé, le pyrèthre) peuvent aussi être exportées si elles sont produites en grande quantité.
Ce développement passe aussi par l’élevage. Le but principal du développement ici est d’avoir plus à manger et plus d’argent pour nos autres besoins ; nos efforts doivent donc tendre à augmenter la production de ces biens pour satisfaire les besoins de chaque tanzanien.


Les conditions de base du développement sont :

a) L’ardeur au travail : il s’agit d’augmenter le nombre d’heures par semaine, c’est-à-dire plus de 45 heures. Incitation des hommes au travail (allusion aux femmes qui travaillent 12 ou 14 heures par jour).
b) L’intelligence : Savoir en faire bon usage. Il prône la conjugaison de l’ardeur au travail et de l’intelligence. Ainsi, le choix judicieux des fertilisants, du matériel agricole, des insecticides, la culture adéquate, la bonne saison, le bon moment pour planter, pour désherber ; autant d’éléments qui montrent l’utilité du savoir et de l’intelligence. Tout cela ajouté à l’ardeur au travail, contribue à produire de grands et meilleurs résultats. Les hommes et leur ardeur au travail sont à la base du développement.
Nyerere met l’accent sur :
- La terre et l’agriculture
- Les hommes
- La politique socialiste d’indépendance
- De bons leaders









III - BILAN D’UJAMAA ET APPLICATION






A. Application
L’action commença dans les 24 heures qui suivirent la déclaration et la résolution . En effet, Julius Nyerere, soucieux d’accélérer l’émancipation des africains et de son pays par rapport au monde occidental, s’inspire des expériences communistes chinoises en s’engageant résolument dans une politique socialiste.

1) Sur le plan politique et économique:
Des actions ont été menées pour faire sortir le pays du capitalisme et de l’attitude capitaliste, pour le faire accéder au socialisme. L’éducation politique a été introduite dans les écoles, collèges et autres institutions d’éducation, et particulièrement renforcée au service national et dans les TPDF (Forces armées populaires). Des séminaires d’éducation politique ont également été mis en place. Le journal de langue anglaise a été nationalisé. La radio était aussi utilisée, comme moyen, puisqu’elle atteint plus loin et rapidement les villages. De même, le système administratif pour aller avec les idées démocratiques s’est vu décentralisé à partir de 1972. Cette décentralisation visait deux objectifs : accélérer la prise de décision et donner aux populations locales un plus grand contrôle sur les évènements de leur région et un accès aux exécutions des décisions de développement. A cet effet, une politique de regroupement de la population en villages a été mise sur pied afin que chacun puisse permettre au pays Tanganyika d’accélérer son développement au travers de la mise sur pied de conciles, de villages et de communautés.
Le 6 février 1967, la nationalisation de toutes les banques et offices privées eut lieu immédiatement. La tendance qui poussait la nation vers le développement d’une société de classes basée sur une égalité trop croissante et sur l’exploitation de la majorité au profit de quelques uns a été abolie. Le gouvernement de la TANU également mis sur pied des industries pour répondre aux besoins du peuple et atteindre l’autosuffisance. En effet, les usines fabriquant des outils agricoles, des pneus, des engrais, des postes de radio, des piles et bicyclettes ont été créées. Par ailleurs, le développement de la Tanzanie selon le gouvernement de la TANU doit avoir deux fondements : le développement rural avec la création des villages communautaires, et l’agriculture comme base de l’économie, parce qu’elle permet à la Tanzanie d’être autosuffisante sur le plan élémentaire et d’accroître ses richesses grâce à l’échange. Le gouvernement a également subventionné le prix des engrais et débloquer des crédits pour les coopératives et les villages Ujamaa, par l’intermédiaire de la DPR (Banque du Développement rural).

2) Sur le plan social :
La démocratie qui est au cœur du socialisme a été mise en branle. Le peuple du Tanganyika apprend une rééducation du socialisme traditionnel afin de s’affranchir du capitalisme et du socialisme occidental, qui ne reflète pas clairement l’amour et l’harmonie des communautés africaines. Ainsi, un esprit nouveau qu’est l’esprit de fraternité, d’égalité et de solidarité, pour que désormais les individus soient récompensés à la valeur de leur travail et de leur engouement au développement de la communauté. Sur le plan sanitaire : des hôpitaux ont commencé à voir le jour et l’administration du système sanitaire s’est améliorée et réformée. Ainsi, la médecine préventive qui représentait une partie du travail des centres de santé, des cliniques, des dispensaires médicaux ruraux et les assistants médicaux s’accrurent. Enfin et le plus important, le système éducatif tanzanien connut des réformes importantes ainsi que la création d’équipements et infrastructures scolaires. L’éducation de base devint accessible à tous les enfants. A cet effet, « L’éducation pour l’autosuffisance » a été publiée en 1967, afin que les enseignements dispensés soient plus proches des besoins de la société tanzanienne ; dans les écoles primaires et dans les groupes spéciaux post-primaires.
B. Bilan
1) Les réalisations

 Concernant la propriété publique des moyens de production et d’échanges :
La nationalisation des industries et services existants qui eurent lieu immédiatement après la déclaration d’Arusha, fut plus importante par ce qu’elle nous permit faire. En effet, elle permit la réduction de l’écoulement de la richesse de la Tanzanie sous forme d’intérêts et d’investissements. En ce qui concerne uniquement la banque nationale du commerce, la totalité des investissements nets retenus en Tanzanie entre 1967 et 1976 s’est élevée à 557,3 millions de shillings et encore, après avoir dédommagé les banques privées à partir desquels la BNC s’était formée. En somme, la richesse produite en Tanzanie fut destinée à être utilisée dans le pays ainsi que la décision de construire et de déterminer nos propres intérêts. A titre d’exemple, presque rien du coton n’était transformé en tissu en 1967, mais en 1975, nous avions 8 usines textiles avec une capacité de production de 84 millions de mètre carré de tissu. Il s’avère indubitablement que la valeur de la production a triplé sur 10 ans et l’industrie représente 10 pour cent du revenu national au lieu de 8 pour cent en 1966 (Déclaration d’Arusha, pp.10-11).
 Concernant l’égalité :
L’égalité et la dignité humaines sont des valeurs essentielles du socialisme. Des progrès louables vers la l’égalité ont été faits. Concernant les revenus personnels, le salaire maximum en 1967 dans le secteur public de l’économie était 29 fois plus élevé que le salaire minimum. En 1976 pourtant, le degré d’inégalité des salaires a été réduit (9 pour 1). Une correction a été faite dans la tendance des revenus moyens urbains à monter plus vite que ceux des zones rurales.
 Concernant l’éducation :
Elle a été marquée par l’accentuation de la création d’équipement pour l’éducation secondaire et post-secondaire, pour former les tanzaniens à des postes moyens et plus importants de l’administration et de l’économie du pays. En effet, en 1967, il n’y avait que 825.000 élèves dans les écoles primaires et en 1975, leur nombre était de 1.532.000. Ainsi en 1976, il y a eu une augmentation encore plus grande de la population scolaire 665.621enfants sont entrés à l’école pour la première fois ; à comparer aux 187.537 ayant commencé leur première classe en 1967. De grands progrès ont été également accomplis pour l’éducation des adultes, à travers les campagnes d’alphabétisation. En somme, l’expansion rapide de l’éducation a exigé un réel effort de la part des professeurs et des gestionnaires de l’éducation. Ils ont réussi à relever ce défi, gagnant ainsi le respect, le mérite et les remerciements de la communauté.
 Concernant la santé :
Nous sommes passés de 42 centres ruraux actifs en 1967 à 152 en 1976. 610 cliniques maternelles et infantiles de plus que ce qu’il y avait 10 ans plus tôt. Le taux de mortalité est descendu de 161 pour mille en 1967 à 152 pour mille en 1976. L’espérance de vie également est passée de 35-40 ans à 47 ans, durant les dix années qui ont suivi la déclaration.
 Concernant la démocratie :
La décentralisation de l’administration qui fut introduite en 1972 avait deux objectifs :
- Donner aux populations locales un plus grand contrôle sur les évènements de leurs districts et leurs régions.
- Et aussi, un grand accès aux exécutions des décisions de développement. La prise de décision a été accélérée et districts et régions.
La prise de décision a été accélérée et districts et régions peuvent désormais agir sur divers domaines sans attendre de s’en remettre à Dar-es-Salaam.
 Concernant l’agriculture comme base du développement :
La production agricole totale a augmenté durant les 10 dernières années. Une guerre sans merci a été engagée contre des maux tels que la corruption, le vol, le détournement des biens publics, les abus du service public ou contre la négligence à remplir les tâches pour lesquelles on est payé.
2) Les erreurs et les échecs de la déclaration
La période précédent 1972 vit l’introduction de nombreuses incohérentes avec la déclaration. La stratégie industrielle de base s’écartait largement de la priorité que la déclaration donnait au développement rural.


• Echec dans la mise en œuvre et la compréhension dans nos activités du concept d’autosuffisance.
Des pratiques telles que le non remboursement des emprunts ou l’absence de contrôle des projets qui sont financés par des prêts. Les initiatives locales ne sont pas toujours prises en considération. La difficulté à changer les mentalités tanzaniennes formatées par le colon. Dans l’utilisation des matériaux traditionnels au lieu au lieu des matériaux modernes (Refus de construire une maison en briques cuites et en tuiles pour un toit étamé et un seul européen).
• Concernant la production :
Bien qu’ayant réussie au cours des dix dernières années dans l’extension des services sociaux fondamentaux à un grand nombre de gens dans les zones rurales, il reste encore davantage à faire. Le revenu national a progressé plus lentement depuis 1967 qu’auparavant. Ainsi, de 1964 à 1967, le revenu national a augmenté en moyenne de 6,4 pour cent par an. Entre 1967 et 1975, il a augmenté en moyenne de 4,2 pour cent par an. Les résultats en agriculture ont été très décevants. L’irrigation ou la construction de petits barrages est plus un sujet de discussion qu’une action : insuffisance de la croissance agricole. Le taux moyen de croissance a été seulement de 4,6 pour cent par an. Les termes de l’échange entre les importations et les exportations ont baissé. Les investissements ne sont pas utilisés avec toute l’efficacité qu’il faudrait. Presque toutes les usines tournent en dessous de leur capacité de production et celle-ci est parfois de mauvaise qualité (Les chaussures Bora en 1975). En huit ans, l’ensemble des sociétés paraétatiques n’ont en moyen qu’un profit de 6,5 pour cent par an sur les ventes alors qu’elles n’ont aucun problème de banque.
• Inefficacité des usines et des ateliers :
Les ruptures occasionnelles dans l’approvisionnement en matières premières indispensables importées. La fréquence des pannes de courant et d’eau à Dar-es-Salaam et Nwanza entre 1974 et 1976 ont eu un effet néfaste sur la production. La lenteur et le retard du gouvernement à entreprendre des travaux d’infrastructures fondamentaux. Les frais de direction et d’administration sont souvent plus élevés que la production d’où les défaillances au niveau directionnel dans les usines.


• La paresse au travail :
Le refus de fournir un dur effort chaque jour, en réponse du salaire qui est payé, est une forme d’exploitation des autres membres de la société, qui ont augmenté depuis la déclaration d’Arusha.
• Sur le plan économique :
L’abolition des coopératives et des gouvernements locaux, ainsi que l’engagement de glisser la scolarisation au niveau primaire dans deux ans reflète l’impatience d’atteindre rapidement certains buts politiques au détriment du principe de développement centralisé encré dans la déclaration. Le gaspillage des ressources a été noté. Les dépenses du gouvernement s’avèrent très élevées. (Actuellement, 8 pour cent des revenus alloués aux régions passent en salaire et traitement des employés du gouvernement ; car les hommes sont payés mais les moyens et les équipements dont ils ont besoin pour exercer leur fonction ne sont mis à leur disposition).
• Sur le plan politique et social :
En 1974, l’opération Dodoma fit appel à l’armée pour forcer la collectivisation de l’agriculture. Elle cessa une année plus tard avec le meurtre du commissaire régional chargé de mettre en œuvre le processus. Ce qui provoqua la caducité de la déclaration. La Tanzanie en sortit endettée suite à la perte de confiance qu’elle subit auprès des bailleurs de fonds internationaux.

IV- PERSPECTIVES
After the failure of Ujamaa, other development strategies were proposed in Tanzania to pull the country out of the economic crisis in which it now found itself. These proposals are as follows:
A- Propositions
By the time the failure of Ujamaa was made obvious to everyone, even to Nyerere, the country found itself highly indebted to the IMF .This was by 1977 and caused the country to succumb to other methods rather than Ujamaa, to be able to continue getting loans from the IMF. This is because the IMF gave conditions to the Tanzanian government so as to allow them receive money from it. These conditions were; the liberalization of the national economy, the devaluation of the national currency, the lifting of price control and cuts in government expenditure. These neo-liberal economic policies were appraised by the IMF and the World Bank which took Kenya and Cote D’Ivoire as examples of its success for their rapid economic growth after independence. The two countries had allowed most of the economic sector to be owned by individual firms and had readily accepted loans and aids from western countries, something Nyerere was strongly against. This explains why by 1973, Kenya which was equal to Tanzania in terms of living standards by the early 1960’s, had experienced a more rapid output growth, greater than that of Tanzania by 50percent and a 30percent greater growth over the decade between 1974 and 1984.
There was also the African Charter for Popular Participation in Development and Transformation adopted by the United Nations General Assembly in 1990.This charter was applied in Arusha, Tanzania in the same year at the end of the International Conference on Popular Participation in the Recovery and Development process in Africa; The conference was a collaboration effort between African people’s organizations, African governments and the United Nations’ agencies in the search for a collective understanding of the role of popular participation in the development and transformation of the region.
At present, the development strategy which has emerged in Tanzania under its president; Benjamin William Mkapa, is that of the Development Vision 2025. This strategy was developed by the Tanzanian government in collaboration with the Tanzanian population. This vision serves as the guidelines for the economic and social development efforts of the country right to 2025.The formulation process was done while taking into consideration the previous development policies and their short comings. The earlier development policies were said to have failed due to the fact that they were not in consonance with the principles of a market led economy and technological development occurring in the world. The targets of this vision are high quality livelihood, good governance and rule of law, a strong and competitive economy; all these boosted by the social cohesion, national unity and peace and stability inherited from the Arusha Declaration .It is expected that by 2025 Tanzania would have moved from a least developed country to a middle income country with a high level of human development.
B- Ujamaa et le développement communautaire aujourd’hui
Dans les années 80 le socialisme qui était la fierté d’une grande partie de la population et qui avait contribué au renom international de la Tanzanie céda face aux pressions internes et externes. Les échecs des politiques menées et le poids du contexte politique international se conjuguèrent pour opérer en quelques années le passage d’une économie socialiste planifiée à une économie de libre marché et à la démocratisation de la vie politique. Le développement communautaire a eu un impact dans plusieurs pays africain à l’instar du Cameroun avec la création du projet appelé « villages pionniers »qui visait le développement des zones rurales et permettait aussi aux populations paysannes d être moins dépendantes. Cette stratégie a également influencée d autres stratégies telles que le développement local, durable, rural participatif.
Ujamaa a des répercussions sur la Tanzanie actuelle. En effet, cette théorie a favorisé une cohérence sociale en Tanzanie par un renforcement de l’unité nationale où la patrie est placée au-dessus de son ethnie. Dans un second temps, Ujamaa a permis la réduction des disparités entre les zones rurales et les zones urbaines : les villages tanzaniens pouvaient en effet dans les années 80 à 90, se targuer d’avoir un dispensaire et une école primaire. Ujamaa est également aujourd’hui la source d’inspiration de la plus grande partie des projets et programmes de développement en Tanzanie, à l’instar de « Development vision 2025 » où la Tanzanie se situerait au niveau des pays émergeants.
D’autres pays du tiers-monde à l’instar de l’Inde se sont inspirés d’Ujamaa. Par exemple, la plus grande majorité de la population indienne vit au village un peu comme Nyerere voyait la Tanzanie des villages. Ujamaa peut également se matérialiser par les coopératives agricoles à l’instar de l’association des cacaoculteurs du Cameroun située dans la région de l’Ouest et, les Groupes d’Initiatives Communes (GIC) agricoles et de santé. En clair, la société tanzanienne est la résultante de la théorie d’Ujamaa : théorie qui a influencé d’autres pays du tiers-monde.






Conclusion


Arrivé au terme de l’étude de la première stratégie de développement Ujamaa et le développement communautaire, il importe de rappeler qu’elle dévoile un ensemble de mesures adoptées et mises en œuvre par la Tanzanie de Julius Nyerere. Ujamaa a le mérite de placer l’homme comme un acteur majeur du développement. Dans la réponse au thème qui nous était proposé, nous nous sommes tour à tour attardés sur les concepts Ujamaa, le développement communautaire, leur implémentation et leur portée sur le plan internationale. Il ressort que Nyerere dans sa lutte contre la pauvreté forgea ce concept comme moyen de développement. Son arme majeur était l’agriculture au lieu de l’argent qui en ses propres termes était l’arme des pays riches. Les individus constituaient le pilier de cet effort en s’impliquant dans la redynamisation de l’agriculture par la création des communautés villageoises (village Ujamaa) pour favoriser le développement de son pays. « Compter sur ses propres forces étaient l’une des phrases marquantes qui guida son action ». Comme toute pensée construite par l’homme, le socialisme africain à travers un bilan objectif retracé par Nyerere lui-même fait montre des réalisations mais aussi des limites. Après son retrait volontaire du pouvoir en 1985, Ujamaa s’efface avec son initiateur. Ce concept demeure toutefois actuel, car de nombreux pays africains et même asiatiques comme l’Inde, s’en sont inspirés. Les échecs ont mis la Tanzanie dans un Etat de crise économique et permit l’explosion de nouvelles stratégies de développement dont l’une fondée sur la satisfaction des besoins fondamentaux avec Robert Mc NAMARA, qui préconise la prolifération des ONG à travers le développement local et un appel aux populations à participer plus activement, à travers le développement participatif et aujourd’hui décentralisé. Au regard des nombreuses crises agricoles, financières et écologiques qui ont des répercussions sur les économies africaines et dont la principale conséquence est la vie chère, n’est-il pas temps que les institutions politiques africaines et les acteurs économiques prônent un retour à la terre ? Ujamaa peut enfin être considéré comme un pionnier du développement durable au vu des techniques et méthodes employées par Nyerere.







BIBLIOGRAPHIE




- JULIUS K. Nyerere: SOCIALISME, DEMOCRATIE ET UNITE AFRICAINE, présence africaine, 1970.
- JULIUS K. Nyerere, LA DECLARATION D’ARUSHA 10 ANS APRES: un bilan de J.K. NYERERE, Editions L’Harmattan-Paris, 1977.
- Gilbert RIST, le développement histoire d’une croyance occidentale. P.205-233 /P.252-277
- KY-ZERBO, Joseph (1978) : Histoire de l’Afrique noire, d’hier à demain, Hatier, Paris
- LEYS, Collins the rise and fall of Development theory
- ABRAHAM MASLOW, La pyramide des besoins fondamentaux
- SEAN MORONEY (1989) :Africa-A handbook, revised edition ,volume 1
- PRESTON, P.W (1996): Development theory: An introduction, Blackwell Publisher, Oxford.
- Dictionnaire des sciences économiques et sociales sous la direction de RENE REVOL, Hachette livre, Edition Paris.

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