INTRODUCTION
Le conflit
peut être définit comme étant un
désaccord entre deux ou plusieurs personnes ayant des buts, des valeurs, des
idées, des croyances et des besoins opposés.
S’il est défini comme étant une vive opposition entre personnes ou comme étant
une lutte armée entre deux ou plusieurs Etats, c’est une réaction entre deux
choses ou plusieurs parties (individus ou groupes) qui ont ou pensent avoir des
objectifs incompatibles et cela selon Fisher et ses collègues (2002)[1], fait
partie de la vie de chaque jour. Donc toute différence de race, d’opinions, de
sexe, de culture, de religion, de langues, de générations est une source de
conflit, mais qui n’aboutit pas nécessairement à la violence, à moins qu’elle
soit manipulée à cette intention. « Les conflits sont des faits de la vie,
inévitables et souvent créatifs » (Fisher & al. 2002, p.4). Du niveau intrapersonnel
le plus petit, jusqu’aux groupes, organisations, communautés et nations, toutes
les relations humaines, relations sociales, relations économiques et relations
de pouvoir connaissent la croissance, le changement et le conflit. Les conflits
naissent des déséquilibres de ces relations : par exemple, l’inégalité dans le
statut social, l’inégalité dans la richesse et l’accès aux ressources, et
l’inégalité de pouvoirs. Tous ces phénomènes conduisent à des problèmes comme
la discrimination, le chômage, la pauvreté, l’oppression ou le crime. Chaque
niveau est relié aux autres, formant ainsi une chaîne de forces qui peut être
très puissante pour induire soit un changement constructif, soit une violence
destructive. Selon Galtung, le conflit est une contradiction d’objectifs qui
peut être simple, complexe ou structurelle. Tandis
que Bercovitch définit le conflit ainsi “a
process of interaction between two or more parties that seek to thwart, injure,
or destroy their opponent because they perceive they have incompatible
interests or goal”[2]. Dès lors ces deux
grands auteurs retiennent notre attention dans la consolidation d’une paix.
Ainsi, Johan Galtung, né à Oslo le 24 octobre 1930, est un politologue norvégien connu
comme le fondateur de l'irénologie, science de la paix. Il développe
une définition positive de la paix qui inclut la recherche d’une justice
sociale et la lutte contre toute « violence
structurelle »
qui résulte de la pratique du pouvoir étatique. Il est le fondateur et le
directeur de « Transcend », un réseau pour la transformation des
conflits par des moyens pacifiques. Il est également
considéré comme l’un des grands pionniers des études sur la paix et du
règlement des conflits, sur le plan théorique comme sur le plan pratique. Jacob
Bercovitch quant à lui, est professeur de relations
internationales au Département de science politique à l'Université de
Canterbury en Nouvelle-Zélande.He is widely
regarded as a leading expert on international mediation, especially in
protracted or intractable conflicts that repeatedly erupt into violence. Dr.
Il est largement considéré comme un des principaux experts sur la médiation
internationale,Bercovitch directs the University
of Canterbury's program on diplomacy and teaches and conducts research on
international politics and international conflict resolution. et mène
des recherches sur la politique internationale et la résolution des conflits
internationaux. Pour lui, la recherche sur la nature, les causes, et la
résolution des conflits est un domaine important de recherche en sciences
sociales. Suite à ces brèves biographies de nos deux
auteurs, l’on peut se poser la question de savoir quels rapports peuvent-ils
exister entre les perceptions en termes de typologie des conflits chez
Galtung et Bercovitch ? Pour répondre à cette préoccupation, il est
important dès lors de faire une étude comparative des différentes approches typologiques
de ces deux auteurs. Ceci dit, notre devoir s’articulera autour de deux grands
axes, d’une part une approche typologique des conflits selon Galtung et
Bercovitch (I) et d’autre part une analyse de ces deux approches (II).
I-JOHAN GALTUNG ET JACOB BERCOVITCH : TYPOLOGIE DES CONFLITS
Le conflit tel que susmentionné par chacun de ces auteurs, est lié à la
nature humaine et nait du fait qu’il existe une opposition entre les parties en
présence, ainsi pour mieux appréhender le conflit selon ces auteurs, une
approche typologique de chacun serait nécessaire.
A-APPROCHE TYPOLOGIQUE DE
GALTUNG
Selon Galtung le
conflit trouve ses racines dans la contradiction entre deux ou plusieurs
personnes ayant des objectifs différents. De ce fait, une clarification
conceptuelle du conflit devra être opérée (1), avant une présentation générale
de la typologie des conflits de cet auteur (2).
1-
Clarification
conceptuelle
Johan Galtung dans son
ouvrage[3]
perçoit le conflit comme inhérent à toute relation sociale, interindividuelle
et même intra individuelle. Aussi il ne conçoit pas le comme un processus qui
nait ex nihilo mais causale; en effet pour lui le conflit peut être superposé à
plusieurs niveaux quel que soit son origine micro, méso, macro et méga.
Ainsi le conflit peut être schématisé comme un triangle dont les
sommets marqueraient la contradiction, l’attitude et le comportement.
Chacun de ces concepts correspondent respectivement à la violence directe,
structurelle et culturelle. Lorsque des membres d’une minorité ou des femmes
sont assassinés, il s’agit d’une violence directe. Lorsqu’ils
meurent de pauvreté, c’est une violence structurelle lorsque et ces morts sont justifiées par la
tradition ou bien d’autres explications, nous sommes face à une violence
culturelle. Par conséquent, l’instauration de la paix durable
ne peut être assurée par la seule absence de violence directe. Elle
suppose l’élimination des contradictions et des attitudes qui donnent lieu au
maintien du conflit dans la société. Ainsi, dans le modèle de Galtung,
l’absence de violence directe correspond à la paix négative. Pour
aller au-delà et instaurer une paix positive toutes les formes de conflit ici mentionnées
doivent être transcendés Nous pouvons
constater aujourd’hui que les conflits sont toujours présents malgré ces
propositions pour parvenir à la paix. Ils
sont divers et font parti de notre vie. Pour pouvoir les résoudre ou
trouver une solution à ceux-ci, il faut être apte à reconnaître à quel type de
conflit on à affaire et le simplifier.
2-Présentation générale de la typologie
Pour cet homme de paix il existe quatre grands
types de conflits micro-conflit, méso-conflit, méga-conflit et macro-conflit.
Le micro-conflit
est le conflit observé au niveau intra-personnel ou interpersonnel soit deux individus
et un objectif ou un encore un individu et deux objectif). Lorsqu’il se
présente à l'échelle individuelle comme un conflit interne, en soi on parle
d'une prise de décision difficile (dilemme). Le scientifique Freud parle du
conflit entre le ça (instinct) et le surmoi (idéal à atteindre, objectifs
positifs en soi) , ce serait donc à l'issu de ce conflit que des solutions
doivent être trouvées en soi même d’où le moi (être conscient et réfléchi)pour
résoudre le problème psychologique auquel l’individu en question ferait face. L’autre
solution selon Galtung pourrait être l’UBER MENSCH de Nietzsche entendu comme
surhomme en référence à une auto-transcendance ou transformation.
Le
méso-conflit est un conflit observé à l’échelle de la société il est encore
dit conflit intra sociétal. Il est plausible qu’à l’échelle social un certain
nombre de conflit peuvent être observé tel que les conflits intertribaux,
d’idées ou encore les conflits entre parties politiques car aucun groupe humain
ne peut se forger sans qu’il n y ait divergences d’opinion selon les
différentes tribus auquel l’individu ferait face. Il existe la nécessité d’un
dépassement dialectique pour résoudre ce type de conflit. L’auteur se réfère à
ce niveau au modèle de transcendance sociétal de Karl Marx dans la mesure où il
existe toujours une jonction possible en termes de synthèse (l’un et l’autre) ou
de répulsion (ni l’un, ni l’autre).
Le
macro-conflit est celui qui est observé à l’échelle nationale et
internationale il comprend les Etats de différentes zones et est souvent
provoqué à cause d’un intérêt prononcé des dits Etats pour les ressources
naturelles. C’est également un conflit entre les centres et les périphéries,
les dominants et les dominés. A ce niveau la transcendance peut s’effectuer par
la substitution du modèle de TOP-DOWN
par BOTTOM-UP jusque là expérimenté ceci passe naturellement par la
reconnaissance du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Le
méga-conflit est le plus haut niveau des conflits, il s’agit des relations entre les régions
dont les Etats sont membres et des relations entre les civilisations dont les
nations sont membres, et des relations entre ces deux entités[4]. Il
inclut non seulement le confit interétatique mais aussi le conflit inter
civilisationnel et intercontinental. Il est observé le plus souvent qu’à cause
des velléités expansionnistes des Etats dits forts dans le seul but d'accroitre
leur influence sur le monde au détriment des nations plus démunies se créait un
sentiment de marginalisation et d’intégrisme qui pousse à des formes radicales
de résistances ou de défenses. Ici Galtung propose la non violence comme mode
de transcendance des conflits civilisationnels et régionaux en s’inspirant du
combat de Gandhi en INDE et de l’expérience Sud-africaine.
B - L’APPROCHE TYPOLOGIQUE DE JACOB BERCOVITCH
L’approche Bercovitchéenne
du conflit décrit les conflits internationaux qui ont caractérisé le monde pendant des siècles. L’usage de la violence
armée dans les relations entre Etats en vue de défendre leurs intérêts et leur
pouvoir est le fondement de ces conflits internationaux, ainsi la plupart des
conflits selon Bercovitch oppose les Etats ou sont dirigés contre un groupe.
Ainsi, avant de faire une présentation de sa typologie, Bercovitch procède
d’abord par une clarification du concept conflit internationaux.
1-
Clarification conceptuelle
Les conflits internationaux
comme tout autre conflit surgissent de la nature conflictuelle de l’homme en ce
qui concerne le « soi » aussi
bien que la nature sociable de celui-ci en ce qui concerne les « interactions
humaines[5] ».
Nous faisons tous face à des pulsions et émotions conflictuelles quand nous
répondons quotidiennement aux situations
de conflit dans nos relations personnelles. Certains conflits sont internes
comme le conflit entre membres d’une même association et quand des groupes
différents s’opposent au gouvernement. D’autres conflits sont externes comme le
conflit entre groupes ou encore entre Etats. Le conflit est nécessaire pour
notre croissance entant qu’individu et comme groupe, c’est part le conflit et sa
résolution de manière productive et
créative que de nouvelles idées surgissent, une haute compréhension est atteint
et les obstacles sont surmontés. Quand la violence physique ou psychologique est inclut dans le conflit il
devient destructive et négative ainsi le conflit n’est pas la violence,
l’agression et la coercition. Le terme conflit décrit les incompatibilités mais
aussi les processus qui essaient de les résoudre, ceci à des implications
physique et morale. Ainsi, le
conflit peut être définit comme“a process
of interaction between two or more parties that seek to thwart, injure, or
destroy their opponent because they perceive they have incompatible interests
or goal”[6]. Les relations de conflit
se caractérisent par un ensemble d’attitude, de comportement et le processus de
conflit implique un niveau d’interdépendance et de dynamisme entre les parties.
Les attitudes de conflit entrainent des comportements de conflits qui à leur
tour encourage le durcissement des attitudes d’une façon cyclique[7].
Une relation de conflit est composée de trois éléments en corrélation : une
situation spécifique de conflit qui fait allusion à une circonstance qui génère
des buts et des valeurs incompatibles parmi les différents parties (élément matérielle) ; les
motivations et la structure cognitive des parties renvoient à une attitude de
conflit qui est constitué des processus psychologique et cognitive qui génère
le conflit ou sont ultérieure à ceux-ci (élément psychologique); le
comportement dynamique du processus
de conflit renferme des stratégies, les activités cognitives entrepris par un
ou toutes les parties et qui ont pour but de blesser, contrarier ou éliminer
l’autre (élément comportementale). Le conflit international pour BERCOVITCH et FRETTER est actif et dynamique plutôt que
d’être passif et actif, il est constitué des efforts organisés et collectives d’une
nation pour influencer, contrôle ou détruire la personne et la propriété d’une
autre nation[8]. Ainsi, ils perçoivent le
conflit international comme un processus naturel et une probable conséquence de
l’existence des acteurs avec des différents valeurs et intérêts et non comme
une fin.
2- Types de conflits du point de vue de Bercovitch
Jacob BERCOVITCH et Judith
FRETTER catégorisent le conflit international en quatre types qui sont le
conflit interétatique, le conflit civil internationalisé, le conflit militarisé
et les incidents politiques[9].
Ø Les conflits interétatiques
Les
conflits interétatiques le plus souvent
concerne le territoire en conflit avec les Etats proches. Ce type de conflit peut aussi
entrainer des rivalités dans lequel l’Etat se sent menacé ou intimidé par son
opposant. Ces Etats en conflit peuvent s’engager dans un jeu dangereux de chat
et sourie, un jeu de provocation qui
entraine l’intensification des différences qui résulte en un
conflit armé ou encore de la violence (le conflit ente la Somalie et
L’Ethiopie, 1964, 1972-1985, 1987-1988.)[10]
Ø Les conflits civils
internationalisés
Le
conflit civil émerge des idéologies différentes et devient internationalisé
quand un second ou un troisième Etat intervient
d’une manière significative qui menace la paix et la sécurité
internationale. Ce type de conflit se produit lorsqu’un Etat s’implique dans un
conflit civil violent soit directement par invasion ou indirectement en
soutenant activement une faction dans un autre pays, ce soutien inclut
l’approvisionnement en arme,
entraînements des troupes et envoie des conseillers à une faction en
conflit (le soutien que la Zambie a accordé
aux rebelle Rhodésien en 1967-1980)[11].
Ce soutient implique qu’un pays permet aux rebelles d’utiliser son territoire
pour lancer une attaque contre un autre pays. Dans des cas extrême les rivales
superpuissances peuvent combattre les guerres de procuration en soutenant les
factions en conflit dans un conflit
civil (les Etats Unis ont soutenu l’Union
National pour l’Indépendance Total de l’Angola de Jonas Savimbi)[12]
Ø Les conflits militarisés
Ceux-ci
se produisent quand deux Etats s’affrontent militairement, cet
affrontement résulte à l’éclatement des
crises ou incidents. Ce type d’affrontement peut ne pas résulter en des guerres
totales mais créer des potentiels pour des conflits sérieux et menacer la paix
et la sécurité internationale (la crise Missile de Cuba de1962)[13].Les
relations entre Etats rivaux sont caractérisées par des nombreux conflits
militarisés.
Ø Les incidents politiques
Les
incidents politiques peuvent être définis
comme des conflits interétatiques qui éclatent au-delà des conflits
quotidiens et normaux entre les Etats comme des disputes de commerce et visas
diplomatique. Ce type de conflit inclut les démonstrations verbales et
politiques comme la dénonciation, la propagande, les insultes diplomatiques et
peuvent aussi être des menaces et ultimatums. Dans certain cas les incidents
armés peuvent avoir lieux, ceci se produit entre les Etats qui sont normalement
amicale (cas du conflit de pèche entre l’Angola-Icelandic 1972-1973)[14].
De la perception et
typologie du conflit chez Bercovitch nous constatons que le conflit éclate parce
que les attentes des acteurs ne sont pas
satisfaites. Ainsi, éviter le conflit selon lui signifie définir et établir des
mécanismes et des procédures pour une solution avant que des points
conflictuels et des incompatibilités ne se transforme en violence. Ces
mécanismes sont utilisés pour tous les conflits des institutions étatiques et
sociales, ils ont pour fonctions d’éviter, limiter ou réduire l’intensité, la durée et
l’extension de la violence[15].
II-ANALYSE
DES APPROCHES : GALTUNG /BERCOVITCH
Dans la perspective d’une
analyse de l’approche Galtung et Bercovitch, il convient de présenté leurs
corrélations A et les disparités B
A-CORRELATION DES APPROCHES
ENTRE GALTUNG ET BERCOVITCH
1-Perception
du conflit et thématique des macro-conflits
L’approche conceptuelle du conflit
selon Bercovitch a des points similaires à celle développée par Galtung sur un
certain nombre d’aspects. De prime à bord les deux auteurs prolifiques considèrent le conflit comme étant inhérent à
la nature humaine c’est-à-dire que l’on le veuille ou pas le contraste
caractériel interindividuel contribue de manière génésique à établir des
rapports de rivalités entre les individus. Cependant il existe plusieurs niveaux de conflit allant
du moins complexe (micro-conflit) au plus complexe (méga-conflit) dans ce sens
Galtung dans sa typologie indicative des diverses strates de conflit met un
accent particulier sur les macro-conflits il en est de même pour Bercovitch. En
effet les macro-conflits sont entendus par les deux auteurs comme étant des
formes avancées de conflits observées à l’échelle civile et plus encore à celle
« interétatique » ou civilisationnel.
Pour ces deux penseurs le stade du
macro-conflit est observable lorsque celui du conflit latent inhérent à la
société (conflit sociale) sort ainsi du cadre abstrait pour se manifester
concrètement par des affrontements physiques. En effet selon le dictionnaire
Larousse le macro-conflit s’identifie comme étant un conflit à grande échelle
qui implique les populations des régions et des nations entières. A un niveau
interne, le conflit peut donc être civile ; intertribale et à
l’internationale il est inter-étatique. Cela dit au niveau des propositions
effectives de résolutions de ses différents conflits des nuances sont observées
car pour Bercovitch on constate un certain pessimisme et une certaine
légitimation de la violence structurelle chose que Galtung rejette avec force à
travers le concept de paix positive.
2-Approche de résolution des typologies de conflits : le rôle fondamental
de la médiation
Selon Jacob Bercovitch la médiation
prend place lorsqu’il y a une impasse dans le cadre de la négociation d’un
conflit, il s’agit de faire ressortir l’intérêt commun des parties en conflit à
négocier. De ce fait la médiation est l’intervention d’une tierce partie dans
le but d’aider les parties en conflit à résoudre leurs différences ; il
s’agit donc de l’introduction d’une troisième partie neutre dans le but de
trouver une solution acceptable par tous[16].
Aussi les deux théoriciens de la paix
accordent une grande importance à la
tierce personne entendu comme le médiateur, l’interface qui s’investit dans le conflit en tant que
facilitateur de paix, sa démarche est rétablir un dialogue constructif pour une
solution à la crise vécue ; cette dernière peut être durable
(transcendance positive) ou intermédiaire (transcendance négative)
selon la terminologie de Galtung. Pour se faire le médiateur a le devoir de
saisir les opinions des deux parties adverses les analyser en profondeur et en
dégager une synthèse conciliatrice entre les deux protagonistes. Ainsi les
acteurs sont d’avis que le médiateur est une personne flexible dans sa manière
d’agir, les solutions résultent dans sa créativité et ses qualités aussi pour Bercovitch:
« It is often said that mediation is more like to be successful in
international politics because it retains the flexibility and control over the
conflict management process, while adding extra resources and creativity. That is, mediation can break negotiation deadlocks,
re-open channels of communication, provide face-saving for concessions, and
propose creative’s solutions »[17]. Cependant,
Bercovitch a une approche de résolution des conflits très systémique et Galtung quant à lui, s’inscrit
dans une perspective plutôt rationaliste et libérale. En résumé la médiation de
Galtung tend vers la dynamique d’une transcendance
positive, elle est par-dessus tout un appel à la paix positive où l’amour
interindividuel transcenderait le conflit inhérent à l’homme alors que la
médiation de Bercovitch se limite à la dimension de la paix négative.
B-DISPARITES DES APPROCHES
ENTRE GALTUNG ET BERCOVITCH
Notons
tout de même que, même si ces auteurs
ont des convergences tel que nous l’avions mentionné plus haut, il demeure
fondamentalement opposé notamment sur le plan
méthodologique (1) et sur le plan paradigmatique (2).
1-Approches méthodologiques
Dans cette première partie, il sera
question de faire ressortir les méthodes qui sont préconisées pour la
résolution des conflits : « transcend » pour Johan Galtung et
pour les méthodes de management de Jacob Bercovitch
Ø Galtung : conflict
transformation/ Transcend
Historiquement l’idée de transcendance a
longtemps été l’apanage de la tradition philosophie d’abord exposé par le philosophe Grec Platon dans le
mythe de la caverne pour distinguer ce que les prisonniers de la caverne croient
voir de ce qui en est réellement. Platon
voyait en la transcendance un moyen de distinguer le vrai du faux, en
empruntant les catégories scientifiques du monde intelligible. Mais le système
Platonicien se basait sur le postulat que notre monde était une copie déformée
d’un monde parallèle et parfait. Héritier de cette traduction philosophique
Kant va s’inscrit dans le même ordre idée, mais va rejeter la possibilité de la
connaissance de notre monde à partir des catégories ésotériques ; jugeant
que seul l’expérience est compréhensible d’où l’idée d’une transcendance non plus
idyllique mais une transformation de l’existant dans le meilleur des scenarios
réalisables pour l’humanité. A cet effet Galtung rend légitimement hommage à la
philosophie qui selon lui: « est la pierre angulaire de tout effort de
transcendance »[18].
D’après Galtung transcender c’est aller au-delà, dépasser,
ainsi, la transcendance implique un saut qualitatif face à un obstacle ou
difficulté majeure qui se dresse à vos pieds de manière à ne plus avoir de
ressentiment en vers le passé ;
Dans le cadre d’une résolution
pacifique et non violente des conflits ; c’est une véritable révolution
car elle impose des exigences pour le médiateur non seulement sur les fins
(paix positive) mais aussi les moyens (méthode). La transcendance s’inscrit en droite
ligne de la recherche d’une dynamique de paix positive, paix qui prend en
compte la satisfaction des besoins fondamentaux des êtres humains et la lutte
contre toute violence structurelle. Pour Galtung la plus part des modèles de
résolutions de conflit souffrent d’un mal congénitale ou consubstantielle en
eux-mêmes car leur objectif n’est pas d’instaurer une véritable paix mais de
mettre fin à la violence physique ce qui ne permet pas aux parties en conflit
d’entrer dans une logique de vouloir vivre ensemble. Ainsi nous sommes
naturellement coincés dans les scénarios de « Win-lose », « Lose-win »,
« retrait » et « Compromis » qui sont en fait les modèles stéréotypés de nos méthodes
de résolution des conflits. Selon notre
auteur l’intelligence est notre plus grand allié dans la recherche de
l’optimalité ou de la perfectibilité en
matière de résolution des conflits car elle exige une créativité de la part du
médiateur, la croyance en la force du dialogue et la négociation. Pour Galtung
aucune transformation des conflits n’est possible sans avoir établit au
préalable un diagnostic c'est-à-dire décomplexé un conflit ou l’avoir
simplifié, car le diagnostic évite « le risque de sauter dans la
profondeur à partir du symptôme de surface »[19] ce
qui permet de démystifier le conflit, de donner ou de dégager un pronostic (risques d’escalade du conflit) et afin de
prescrire une thérapie adéquate.
Enfin la méthode transcend préconise une cinquième solution en
dépassement des solutions jusque là envisagées de manières conventionnelles; la
transcendance positive ou alternative
qui est la solution optimale pour la réalisation de la paix positive.
Ø Bercovitch :
Conflict management
D’après
Bercovitch , « conflict management as the importance of the
region that main global powers declined and the great powers were no
longer prepared to intervene, it became
apparent that intervention and resolution would have to come from within the
continent »[20]
il s’agit donc d’un mécanisme de résolution de conflit qui permet de juguler
les carences en terme d’impuissance du système international. Trois types de méthodes
de management des conflits existent : les méthodes de management par voies
diplomatiques, les méthodes de management par voie du droit et les
méthodes de management par les voies politiques.
-
Pour l’auteur on parle
des méthodes de management par voies
diplomatiques lorsque les acteurs en présence usent des voies qu’offre la
diplomatie pour normaliser leurs relations; Ici les méthodes utilisées sont la
médiation (c’est lorsqu’un tiers intervient dans l’optique de permettre aux
parties en conflit de résoudre pacifiquement un litige), la négociation (c’est
un moyens de la prise de décision international, utilisé traditionnellement en
diplomatie), les missions d’observateurs(il s’agit d’un rôle de
supervision mandaté par une organisation internationale), les opérations de
maintien de la paix(, le chapitre VI de la charte des nations unies prévoit
l’envoi des casques bleus pour maintenir la paix ) des nations unies la
conciliation ( c’est qu’il existe une inflexibilité des parties, c’est ce
processus qui consiste à rétablir le dialogue) , l’enquête (c’est le
désire pour les acteurs d’avoir un point de vue indépendant basé sur une
investigation et la « good offices» (c’est une facilitation, une forme
passive de la médiation)[21] .
-
Les méthodes de
management par le droit sont celle qui se réfère au droit international et le
maintien de l’ordre international ; on peut citer comme exemple
l’arbitrage (c’est le fait pour les parties en conflit de soumettre librement
leur litige devant un juge qu’ils ont préalablement choisie) et l’adjudication (règlement d’un conflit par le
biais d’une juridiction international)[22].
-
Les méthodes de
management par les voies politiques, il s’agit des pratiques des organisations
internationales et des organisations intergouvernementales qui ont pour but de
permettre la matérialisation des valeurs partagés[23]
Arrivée au terme de ces
deux approches méthodologiques, nous constatons que, tandis que l’un est pour
conflit transformation /transcend, l’autre est cependant pour conflit
management. Ainsi, dans l’optique d’une construction et d’une consolidation de
la paix, l’un préconise qu’une transformation est nécessaire, tandis l’autre
pense qu’il faudrait simplement gérer
le conflit.
2-Approches
paradigmatiques
Dans
cette seconde partie il s’agira de voir comment les deux auteurs s’inscrivent
en droite ligne de l’opposition traditionnelle entre idéaliste et
réaliste ; on peut alors parler de l’approche novatrice (Galtung) et de l’approche
classique de résolution de conflit (Bercovitch).
Ø Galtung et l’approche
novatrice
Dans le même
sillage du paradigme idéaliste de résolution des conflits Galtung ne cache pas
son optimisme quant au fait que le conflit n’est pas une fatalité pour l’homme,
à qui il redonne les pleins pouvoirs face à l’échec du système qu’il faut
questionner et remettre en cause, notamment dans la pertinence de ces méthodes
de résolutions de conflits. Il faut donc en tirer des conséquences et des
résolutions pour une transformation non violente des conflits dans l’avenir.
Une telle rupture
impose selon Galtung la redéfinition de la place de l’homme (médiateur) entendu
comme vecteur de paix d’où le sous titrage de son ouvrage: « Une
introduction au métier de médiateur » qui préfigure sur son orientation
heuristique. L’auteur s’inscrit en faveur d’une plus grande liberté du
médiateur vis-à-vis du système et des méthodes conventionnelles de résolution
de conflits que se soient dans le cadre des micro-conflits, des méso-conflits,
des macro-conflits ou méga-conflits celui-ci fort de son background
inter-disciplinaire, de sa large culture et la motivation intrinsèque doit être
au centre de la transformation non violente des conflits[24].
La démarche de Galtung présuppose une
intellectualisation du conflit ou sa rationalisation afin de lever la contradiction
et la dépasser ; et s’inscrit en droite ligne de la philosophie des
lumières et Kantienne porté par la devise « saupere aude »[25] ;
Avec en profil l’idée d’une perfectibilité de l’humanité, cet optimisme en
dépit de sa quintessence contraste avec les exigences du réalisme ou du
pragmatisme au vue de l’éternel question de son applicabilité car, la
pertinence de la démonstration inductive de Galtung reste à démontrer puisqu’on
ne saurait généraliser une proposition relativement vrai dans un contexte bien
déterminé à tous les cas et niveaux de conflit possible. D’autre part la
méthode transcende peut être un obstacle pour la vie de part sa
pondéreusité ce qui pourrait avoir un
effet contre productif en cantonnant notre
vie dans un climat de morosité.
Ø Bercovitch et l’approche
classique
Dans le cadre de la
résolution des conflits internationaux , la vision Bercovitchéenne repose
essentiellement sur l’idée que l’Etat institution politique dont la légitimité
international à été reconnu au terme de la guerre de 30 ans avec la signature
du traité de Westphalie est au centre de la création du système international
dont l’objectif est de préserver l’ordre et la paix international. Cet entité
substantiel par ses pratiques, coutumes et us contribuent nettement à la
pacification du monde à travers les institutions internationales (ONU) et
régionales (UE, CEMAC) auxquelles, il délègue une partie de sa souveraineté.
Pour Bercovitch, le système international principalement constitué des Etats et
de ses entités supranationales est le seul garant de la paix international à
travers le déploiement d’un certain nombre de mécanismes mise en place dans le
sens de renforcer l’interdépendance des Etats-nations dans le cadre d’une
diplomatie toutes azimuts.
D’après Bercovitch, le
système international peut se présenter sous deux formes : « négative
interdépendance » ou « positive interdépendance ». Dans le cas
d’une interdépendance négative, il existe une prépondérance et une compétition
d’intérêts entre les différents acteurs ce qui créait un climat d’animosité, de
méfiance et d’hostilité qui se réduit en une situation de
« win-lose » (ex : Grèce et Turquie). Dans un autre sens on peut
parler d’interdépendance positive celle-ci est caractériser fondamentalement
par une pleine coopération (Etats unis- Canda).[26] L’interdépendance négative fait que si à
l’intérieur des Etats, il existe un régulateur qui peut résoudre ou contenir
des conflits tels que les grèves, le système international lui rencontre des
difficultés spécifiques à savoir un environnement anarchique et une faiblesse des lois ou normes qui facilitent
inévitablement l’escalade d’un conflit en violence[27].
Au final Bercovitch relève les faiblesses du
système international qui souffre de l’absence d’un régulateur fort d’où
l’anarchie. Le management de conflit est donc plus que jamais nécessaire afin
de juguler ce désordre. Cependant l’approche de Bercovitch est en faveur d’une
violence structurelle car ces arguments vont plutôt dans le sens de renforcer
le système international pour plus d’efficacité.
CONCLUSION
Le sujet qui a fait l’objet de notre
étude reposait sur une comparaison des typologies des conflits selon Galtung et
Bercovitch, en effet, il a été question d’une part d’établir les différentes
approches typologiques et d’autre part, de faire une analyse de ces approches
dans le but d’établir les similitudes et les divergences. Parvenu donc au terme
de cette analyse, force est de constater que la typologie de GALTUNG met en exergue la nature des conflits à partir de leur
intensité, tandis que celle de BERCOVITCH met un accent sur le cas du conflit
international, mais également sur les causes. Ainsi, il en ressort que la
classification des conflits de Galtung est beaucoup plus large que celle de
Bercovitch du fait qu’il s’agit d’une analyse panoramique du conflit, palier par
palier. Alors que Bercovitch considère les conflits internes aux Etats comme
relevant de la souveraineté nationale. Ainsi, son analyse porte directement sur
l’échelle internationale. Aussi nos protagonistes Johan Galtung et Bercovitch
ont des approches bien particulières de l'analyse du conflit à l’échelle
national et international. Tandis que le premier s’appesantit sur un impact de
la pensée psychologique de la société à une échelle individuelle et enfin
interindividuelle le second quant à lui parle d'un système impérialiste ou les
Etats forts se veulent dominants par rapport aux Etats dits faibles. Si l'on
procède par analogie cela souligne un fait intéressant ; L’approche théorique
de Johan Galtung se rapproche du paradigme idéaliste (transcendance considération
de l’être humain et pardon), une approche Bercovitchéenne quant à elle nous
rappelle une approche réaliste (guerre des superpuissances aux moyens des armes
lourdes). Néanmoins, il existe
une certaine complémentarité entre les deux auteurs, car tous deux traitent des
questions liées à la paix et leurs analyses se rejoignant sur le fait qu’un
médiateur demeure nécessaire pour la résolution de conflits. Au final l’étude
de ces auteurs dénote de la complexité, des contradictions profondes et du dynamisme
de l’irénologie contemporaine.
BIBLIOGRAPHIE
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GALTUNG, Johan : Transcendance et
transformation des conflits : Une introduction au métier de médiateur. Traduit par Célestin Tagou, PUPA/AIPCD, Yaoundé 2010
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Fisher, S., Ludin, J., Williams, Su; Williams,
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l’action. Birmingham: Responding to Conflict., (2002)
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Politique, CLUJ-NAPOCA 2010.
[1] Fisher, S., Ludin, J., Williams, Su; Williams,
St, Ibrahim, D., & Smith A.R. (2002). Cheminer le conflit. Compétences et stratégies pour
l’action. Birmingham: Responding to Conflict.
[2] [2] Bercovitch, Jacob and Fretter, Judith: Regional Guide to international conflicts
and Management from 1945-2003, CQ Press, 2004, p.3
[3] Johan GALTUNG, Transcendance et
transformation des conflits : Une introduction au métier de médiateur. Traduit
par Célestin Tagou, PUPA/AIPCD, Yaoundé 2010 ; page 131
[4] GALTUNG, Johan :
Transcendance et transformation des conflits : Une introduction au métier
de médiateur. Traduit par Célestin Tagou, PUPA/AIPCD, Yaoundé 2010 ;
page 131
[5] ANCHES Diana-Ionela, thèse de Doctorat ; La Médiation Dans La vie Sociale et Politique, CLUJ-NAPOCA 2010, p.7
[6]BERCOVITCH Jacob and JUDITH Fretter, , Regional Guide to International Conflict and
Management from 1945-2003, CQPress, Washington, D.C 2003,p.3
[7] A intervalle régulier ou encore
de façon périodique au fur et à mesure que le conflit persiste.
[8] BERCOVITCH Jacob and JUDITH Fretter, Regional Guide to International Conflict and
Management from 1945-2003, CQPress, Washington, D.C 2003, p. 4
[9] OP cit , P .7
[10] OP cit P.7
[11] OP cit P.7
[12] OP cit P.8
[14] OP cit P.8
[15] Mitchell Chr. The structure of international conflict, London : McMillan,
1981, p.7
[16] BERCOVITCH Jacob and JUDITH Fretter, , Regional Guide to International Conflict and Management from 1945-2003,
CQPress, Washington, D.C 2003 P.16
[17] OP cit, P.17
[18] Johan Galtung, in transcendance
et transformation des conflits : une introduction au métier de médiateur,
p 13, édition PUPA 2010.
[20] In Regional Guide to International
Conflict and Management and Management from 1945 to2003, Jacob Bercovitch
and Judith Fretter,p 57 University and Canterbury, Christchurch .New Zealand
[21] OP cit,pp 14-25
[22] OP cit , pp 25- 28.
[23] OP cit, pp 28-29.
[24] Johan Galtung, in transcendance
et transformation des conflits : une introduction au métier de médiateur,
p 163, édition PUPA 2010
[25] Dévise des lumières conceptualisé par E. Kant et qui
signifie : « ait le pouvoir de te servir de ton
entendement »
[26] OP cit, p 4.
[27] OP cit, p 4
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