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LE CONFLIT EN SERRA LEONE

Summary.

The Sub-Saharan Africa is the most conflict prone-regions in our continent. In this particular part of our continent, we saw the last and the most violent conflict which take place in our continent. In this work we will analyze one of these conflicts: the conflict in Sierra Leone with the keys of geopolitics. The geopolitics is this field of human knowledge which tries to find the logics of conflicts and why they appear. It’s a combination of geography, history and politic. There are many researches which try to explain the logics of conflicts. Some researchers suggest that greed (or opportunity) serves as a better explanation for civil conflict: “The true cause of much civil war is not the loud discourse of grievance, but the silent force of greed” (Collier 1999, 8). Following Gurr (1970) and Ellingsen (2000), we will see that the outbreak of armed civil conflict as a combination of frustration (repression, suffering), opportunity (enough freedom to organize; access to finances, weapons, and soldiers), and a common identity (cohesion facilitates mobilization). During our explanation of the conflict in Sierra Leone, we will use the Collier and Hoeffler model of explanation of civil war calling the model CH. Although we feature the CH model prominently, we include in the model variables relevant to all three general factors in civil war in Sierra Leone. A substantial body of literature deals with the relationship between civil war, economic growth, and natural resources (Addison, Le Billon, and Murshed 2002; Auty 2001; de Soysa 2002; Le Billon 2001). We will also use this literature to find why the Sierra Leone conflict takes place. This literature emphasizes the crucial importance of access to finances in the form of foreign support for the insurgency, the availability to raise revenue through the extraction of resource rents, or indirectly through taxing goods passing through rebel-controlled territory. With the end of the cold war, foreign support for rebel groups has decreased, and such movements have increasingly been forced to generate their own revenue. In this new conflict environment and particularly in the Sierra Leone conflict, the line between civil war and crime has become increasingly blurred. While economic inequality, political rights, ethnic polarization, and religious fractionalization were insignificant, natural resource dependence emerged as a significant factor in the CH study. Economic development and access to finance, in the form of foreign contributions or control over natural resources, provide the backbone of the opportunity explanation for civil war. A short time since last conflict always increases the risk of a new conflict. In their work on Africa, Collier and Hoeffler (2002) conclude that the main source of conflict in sub-Saharan Africa is the region’s poor economic performance. Should we arrive at the same conclusion as Collier and Hoeffler that conflict in sub-Saharan on Africa are conflict of poverty? That conflict in Sierra Leone is because of poverty?


INTRODUCTION

En 1460, l’explorateur Portugais Pedro da Sintra donna le nom de Sierra Leone à la presqu’île où allait s’édifier plus tard la ville de Freetown. Sierra Leone signifie « la montagne du lion ». Pedro Da Sintra lui a attribué ce nom à consonance italo-portugaise car il a publié son récit en italien. La Sierra Leone fait ici l’objet d’une étude géopolitique. Cette dernière étant une discipline à l’intersection de la géographie, des sciences politiques, et des sciences militaires qui traite des relations entre pouvoir et territoire, dans une perspective polémo-géographique et dans des contextes où l’étude porte sur des affrontements antagonistes, réels ou potentiels. Avec une approche des problèmes essentiellement fondée sur la dialectique, elle s’attache à l’analyse de la répartition des ressources et à leur effet sur les relations entre les entités politiques. Pour le cas d’espèce, la Sierra Leone est un pays situé entre la Guinée et le Liberia. Il est bordé au Sud-Ouest par l’océan Atlantique. La superficie de ce pays est de 71 740 Km2. Il dispose d’une population très jeune (la moyenne d’âge est de 14 ans) et peu nombreuse (6 005 250 habitants). La Sierra Leone Connaît un climat tropical chaud et humide, elle bénéficie d’un climat annuel de plus de 26°C. De même, elle est située au 8ème degré de latitude Nord et au 11ème degré de longitude Ouest. Au-delà de ses caractéristiques géographiques, la Sierra Leone a aussi un passé colonial. En effet, elle a été la première colonie britannique et elle est restée sous le joug de la colonisation pendant 169 ans (1792-1961). La Sierra Leone a donc obtenu son indépendance le 27 avril 1961. Bien après son accession à l’indépendance, la Sierra Leone est entrée dans une période conflictuelle aussi longue que périlleuse. Le régime politique appliqué avant le conflit est celui de parti unique (APC) et suite au conflit, la Sierra Leone est devenue une République multipartite à régime présidentiel où le Président est à la fois chef de l’Etat et chef du Gouvernement. La période du conflit en elle-même tire ses racines très loin dans l’histoire et est jonchée de spécificités et même, elle est un passage important pour la procédure de gestion de crises futures. Pourquoi est-il donc nécessaire d’analyser les enjeux géopolitiques du conflit Sierra Léonais ? Ce qui importe c’est établir les bases solides sur lesquelles l’on pourra s’appuyer pour élaborer de meilleurs early warning, peace building et peace keeping pour d’éventuels conflits. Pour ce faire, nous parlerons du conflit en Sierra Leone (Titre 1) puis nous en présenterons les enjeux (Titre 2).

TITRE 1 : LE CONFLIT EN SIERRA LEONE

Section 1 : La genèse

En faisant une remontée génésique de l’histoire de la Sierra Leone, on constate que les causes de la guerre des pierres et des troubles politiques qui ont déchiré ce petit pays d’Afrique de l’Ouest sont à rechercher tout d’abord dans l’occupation du territoire par les anciens esclaves libérés après l’abolition de l’esclavage. Ces anciens esclaves s’installèrent sur une presqu’ile où se trouve la capitale Freetown, vivant à une distance prudente des autochtones cantonnés dans des provinces. Leur venue va être à l’origine des hostilités et des rivalités sur fond de luttes de pouvoir qui vont semer le trouble dans ce petit pays. D’une part, les principales ethnies originelles sont en lutte entre elles et contre les Krios[1]. Notons d’autre part qu’au moment où éclate la guerre, la Sierra Leone sort d’une longue dictature instaurée par Siaka Stevens entre les années 1968 et 1985, caractérisée par la répression politique sanglante de toute opposition démocratique, la mauvaise gouvernance, la corruption généralisée, le népotisme, le gaspillage des ressources nationales, l’implication des militaires dans la gestion des affaires gouvernementales[2]. Par ailleurs, le développement d’une économie parallèle reposant en grande partie sur le commerce illicite des diamants contribue à la grave récession que connait le pays au milieu des années 1980 ; caractérisée par l’accroissement de la dette extérieure, une inflation galopante, des pénuries de combustible, d’électricité et de nourriture dues à la baisse des exportations. L’arrivée au pouvoir du général Momoh ne se traduit pas par une amélioration rapide de la situation économique. Et donc après l’échec d’une tentative de coup d’Etat en mars 1987, J. Momoh décrète ‘’l’Etat d’urgence économique’’ au mois de novembre et met en œuvre des mesures draconiennes d’austérité, tandis que l’économie continue de s’effondrer. La hausse du chômage chez les jeunes est particulièrement perceptible, le gouvernement est confronté à l’aggravation du mécontentement populaire et à des dissensions internes qui le conduisent à adopter le retour au multipartisme. Cet effondrement moral, ce chaos politique et économique largement antérieurs à l’avènement du RUF n’ont guère plu aux occidentaux jusqu’au début des années 1990. Et un an avant les toutes premières attaques du RUF, le Programme des Nations-Unies pour le développement(PNUD) classait déjà la Sierra Leone au dernier rang alors, le 160e de son indice de développement humain[3]. C’est donc dire que l’instabilité et l’insécurité qu’a connues la Sierra depuis Siaka Stevens ont mis son économie à rudes épreuves.

La guerre civile Sierra Léonaise trouve son origine immédiate dans l’extension de la guerre civile au Liberia voisin, guerre qui débute en 1989 et son moteur dans la lutte pour le contrôle des gisements de diamants du pays. En effet, dès 1991, la Sierra Leone offre un refuge aux civils libériens qui fuient les combats ; puis elle devient elle-même un front de la guerre civile libérienne lorsque Charles Taylor, qui mène la rébellion au Liberia traverse la frontière Sierra Léonaise. Il provoque la création du RUF[4]réunissant une centaine de combattants libériens, burkinabés et sierra léonais autour du rebelle Foday Sankoh dans les zones diamantifères proches de la frontière libérienne. Aussi, le gouvernement du général Joseph Momoh, successeur de Siaka Stevens (1985-1992) suscite un fort mécontentement populaire sur fond de marasme économique. Ainsi auprès de la population, le mouvement rebelle bénéficie d’une certaine sympathie lorsque le 23 mars 1991, le RUF attaque deux villages situés dans l’Est du pays.

Section 2 : Les acteurs

· Le RUF

Créé par Charles Taylor, l’objectif de ce mouvement était de s’emparer des gisements de diamants dont l’extraction illicite et le négoce au Liberia vont financer les deux rebellions. Mais cependant, cet objectif n’explique pas entièrement la cruauté et la terreur auxquels le RUF va avoir recours pour asseoir sa domination sur la population civile. Revoyant des rituels traditionnels d’intégration sociale, Foday Sankoh (dirigeant du RUF) parvient a constituer son armée en utilisant largement l’enlèvement d’enfants dans les villages de brousse pour en faire des soldats à sa dévotion, les coupant de la société en leur faisant commettre des actes excluant tout retour à leur milieu( assassinats de proches, anthropophagie). Le mécontentement généralisé qui règne depuis longtemps à l’égard du gouvernement du pays et des élites politiques de Freetown a fourni une base et un soutien populaire qui s’étendait au-delà des séparations ethniques et régionales dans tout l’arrière-pays. Le financement de ce mouvement provenait en grande partie de la vente illégale de diamants alluviaux.

· Civil Defence Forces(CDF)

Il était constitué d’un ensemble de chasseurs regroupés selon leur appartenance tribale. Ils défendaient leurs communautés, au départ contre la SLA (armée régulière) et, par la suite contre le RUF. Parmi ses membres, on trouvait les Kamajors (zone de Kailahun), les Tamaboro (district de Koinadugu), les Donso (district de Kono), les Kapra (district de Tonkolili) et les Gbeti (districts de port Loko et de Tonkolili)[5]. Les membres de la CDF se sont massivement enrôlés dans la milice afin de défendre leurs communautés, le recrutement se faisant sur la base de réseaux familiaux ou communautaires. Par conséquent, la discipline au sein de la CDF semble avoir été relativement plus forte que celle des autres groupes. Vice-ministre de la défense du président Kabbah, Sam Hinga Norman était le coordonateur national de la CDF.

· Armed Forces Revolutionary Council(AFRC)

Il est formé par soldats mécontents des forces armées sierra léonaises. Johnny Paul Koroma a présidé l’AFRC et dirigé la junte de mai 1997 à février 1998. L’AFRC a été obligé d’abandonner Freetown en Février 1998, mais certains éléments ont continué à opérer par petits groupes. Koroma a continué à profiter de l’allégeance de certains membres de l’ex-SLA et a pu gagner à sa cause davantage de soutien parmi la population du grand Freetown grâce à sa défense de la capitale en mai 2000[6]. L’AFRC était politiquement isolé, bien qu’il puisse avoir reçu de l’aide du Liberia. Sur les plans financier et militaire, il a bénéficié de l’exercice d’un contrôle effectif du pays et de ses avoirs au cours de son règne de 8mois[7].

· West Side Boys(WSB)

Dirigé par Foday Kallay, cette milice comprenait des anciens membres de la SLA et était localisé dans la région de Rokel Creek, près d’Occra Hills dans le district de Port Loko. Les WSB attaquaient et volaient des voyageurs sur les routes situées dans leur zone de contrôle[8].

· Les Kamajors

Confrérie de chasseurs traditionnels sierra léonais, victimes des enlèvements perpétrés par le dirigeant du RUF s’organisent en milice d’autodéfense contre les rebelles. Dans les zones rurales Sierra léonaises, si les chasseurs ont émergé en tant que combattants potentiels dans la guerre civile, c’est notamment parce qu’ils étaient les seuls membres de la société civile a posséder et a faire régulièrement usage de fusils, et qu’ils détenaient le savoir local requis dans une guerre menée pour l’essentiel en terrain rural accidente. Tout au long de la guerre, les chasseurs ont patrouillé pour le compte des troupes gouvernementales et de leurs alliés. Les chasseurs étaient également considérés comme des experts dans l’identification et le contrôle des processus de changements d’apparence. Un chasseur devait être capable de distinguer entre des animaux ordinaires et des sorciers qui se transmuaient en formes animales. Par conséquent, ils étaient bien placés pour déceler la nature cachée des combattants dont les loyautés paraissaient constamment changeantes.

· ECOMOG

Forces d’interposition militaire mises en place par la CEDEAO et conduite par le Nigeria. Elle regroupait plus de 15000 soldats dont la mission était de rétablir le président Kabbah. En effet, suite à l’annexion de la capitale Freetown par le RUF en 1998, les forces de l’ECOMOG ont été déployées en Sierra Leone pour assurer sa reconquête.

· Libye (Kadhafi)

Principal fournisseur d’armes. Les membres du RUF et leur chef ont reçu leur entrainement en Libye.

· Blaise Compaoré

Il redoutait l’intervention du Nigeria comme arbitre dans le conflit libérien et le conflit sierra léonais. Il s’est plutôt allié au président Charles Taylor.

· Côte-d’Ivoire

En 1996, un accord de paix est signé à Abidjan entre le gouvernement sierra léonais et le RUF.

· Lomé (Togo)

En juillet 1999, un accord de paix y est signé. Il prévoyait la mise en liberté de Foday Sankoh.

· Nigeria

Signature d’un accord de cessez-le-feu a Abuja en novembre 2000 entre le gouvernement et les rebelles.

· Excecutive Outcomes (Afrique du Sud)

Société sud-africaine forme un groupe de mercenaires qui seront envoyés en Sierra Leone. Ils seront baptisés les ‘’sauveurs’’ par la population. Leur mission officielle fut la formation des troupes, le renseignement et la santé. Ils élaboraient également des stratégies antiguérilla de l’armée gouvernementale.

· MONUSIL

La Mission d’Observation des Nations-Unies en Sierra Leone créée en 1998 avait pour mission de veiller au désarmement des anciens combattants et au respect des droits de l’homme.

· MINUSIL

En 1999 est créée une Mission Militaire des Nations-Unies dans le but de garantir le respect de l’accord de Lomé et remplacer les 15000 hommes de l’ECOMOG. Constituée d’une dizaine de milliers d’hommes, elle est également chargée de surveiller le désarmement des combattants et de prendre contrôle des zones minières.

· La Commission de Vérité et de Réconciliation/Tribunal Spécial pour la Sierra Leone sont des instruments mis en place pour favoriser la justice et la réconciliation et de juger les responsables des crimes commis en Sierra Leone depuis le 30 janvier 1990, date de la signature de l’Accord de Paix d’Abidjan entre le RUF et le gouvernement.

· La Grande Bretagne

Elle a été celle qui a colonisé la Sierra Leone mais aussi l’une de celle qui a profité gracieusement des revenus du diamant grâce à l’aide d’executive outcomes.

· De Beers

Conglomérat diamantaire Sud-africain qui a exploité les mines de diamant en Sierra Leone.

· SLPP (Sierra Leone People’s Party)

Il s’agit de l’un des deux partis politiques majeurs en Sierra Leone.

· APC (All People’s Congress)

Parti politique sierra léonais qui a longtemps été le parti unique.

· Siaka Stevens

Il fût président durant l’année 1967. Il est aussi le leader de l’APC.

· Général Momoh

Il a été président de la république après la démission de Siaka Stevens.

· Milton Margai

Il a guidé son pays vers l’indépendance et a été le tout premier Premier Ministre.

· Ahmed.Tejan Kabbah

Il est le chef du parti SLPP et il a aussi été Président de la République.

· NPLF

Il s’agit d’un groupe formé par Charles Taylor.

· NPRC (National Provisional Ruling Congress)

Il a été établi par Valentine Strasser suite au coup d’Etat à l’encontre du Général Momoh.

Section 3 : Le Déroulement

La Sierra Leone fut le premier pays démocratique de la sous-région. En 1967, l’opposition dirigée alors par Siaka Stevens remporte les élections législatives. Mais cette victoire est aussitôt suivie de plusieurs coups d’Etats militaires visant à maintenir l’ancien premier ministre au pouvoir. Celui-ci est renversé et un Conseil de reforme militaire instauré. Le 18 avril, un troisième coup d’Etat restaure un nouveau gouvernement civil dirigé par Siaka Stevens. Celui-ci promulgue une nouvelle constitution et institue le parti unique. Le 3 octobre 1985, le général Momoh Joseph, candidat unique est élu à la présidence de la République.

Dès 1991, une guérilla des maquisards du RUF dirigé par Foday Sankoh et soutenu par le chef de guerre libérien Charles Taylor, est lancée contre le gouvernement en place et ouvre définitivement la voie à un conflit sanglant qui va s’étendre de 1991 à 2001. Le régime du général Momoh ne résistera pas à cette guérilla et sera renversé par une junte composée d’une soixantaine de jeunes militaires mécontents. Un nouveau Conseil national provisoire de gouvernement(NPRC) est installé. Malgré ce coup d’Etat, les rebelles continuent leur offensive, menaçant d’envahir la capitale. Ces derniers sèment la terreur dans les villages en se livrant à des tueries aveugles, des tortures et exécutions sommaires. A travers tout le pays, le crime, les trafics prolifèrent et l’enrôlement des femmes et des enfants est de plus en plus de rigueur. C’est ainsi qu’en 1993 plus de 1000 jeunes de moins de 15ans furent recrutés dans l’armée. Ces membres des forces gouvernementales recrutés à la hâte, mal encadrés et surtout mal rémunérés, se livrent aussi à des exactions et des trafics. Dans ce pays où l’Etat n’existe plus, on ne sait qui contrôle qui et quoi. Ce pays a souvent connu de l’anarchie et ce n’était pas très différent pendant la guerre, si bien qu’il était difficile de faire la différence entre un soldat régulier et un rebelle. Le sud, considéré comme le grenier du pays, est entièrement dévasté, et la zone diamantifère située à l’est est isolée. Le conseil national provisoire de gouvernement, débordé par des soldats des troupes régulières incontrôlés, fut longtemps soutenu d’abord par la Guinée et le Nigeria, puis par des mercenaires Gurkhas népalais. Devant les attaques du RUF contre les ressources minières du pays et la désorganisation de l’économie qui s’en est suivie, la junte au pouvoir a fait appel à des mercenaires pour encadrer ses soldats. C’est ainsi qu’environ 150 mercenaires d’une société privée sud-africaine (la société Executive Outcomes) assurent l’encadrement des forces gouvernementales en échange d’une concession diamantifère à l’est du pays. Un nouveau coup d’Etat éclate6semaines avant les élections législatives et présidentielles prévues le 26 février 1996 et vient rendre vains tous les efforts des civils d’accéder à la tête du pays.

Le coup d’Etat militaire du 29 avril 1992, qui porte au pouvoir un jeune officier, Valentine Strasser, oriente le pays vers une transition démocratique, mais ne parvient pas à mettre fin à la guerre civile qui touche les régions minières et agricoles. Alors que le pays sombre dans l’anarchie, le général Julius Maada Bio renverse Valentine Strasser en Janvier 1996 et, fort de l’aide de mercenaires sud-africains entame des négociations avec le RUF, qui contrôle les ¾ du pays. Des élections démocratiques soutenues par les Nations-Unies portent à la Présidence de la République Ahmad Tejan Kabbah, un ancien diplomate onusien. Dans ce contexte, un accord est signé le 30 novembre 1996 à Abidjan entre le président Kabbah et Foday Sankoh. En dépit de cet accord, les rebelles ne baissent pas les armes et face à une armée en déliquescence, le président Kabbah s’appuie sur les Kamajors. L’armée régulière sierra léonaise qui se sent désavouée, renverse le 25 mai 1997 le président Kabbah, sous la conduite du commandant Johnny Paul Koroma et laisse pénétrer les rebelles du RUF dans la capitale Freetown, livrée au pillage et à la terreur. La CEDEAO confie à sa force d’interposition(ECOMOG), conduite par le Nigeria, la mission de rétablir le président Kabbah. Tandis que la Sierra Leone est suspendue du Commonwealth, la junte sierra léonaise est frappée par le conseil de sécurité des Nations-Unies d’un embargo sur l’importation de pétrole et d’armes. En 1998, Freetown est reconquise par les forces de l’ECOMOG et le président Tejan Kabbah rentre de son exil en Guinée en mars 1998. Malgré la présence de la MONUSIL créée en juillet 1998, les combats reprennent de plus bel et les rebelles du RUF ne se privent pas de commettre des atrocités sur la population civile. Réclamant la libération de leur chef Foday Sankoh, capturé par les Nigérians à Abuja en 1997, le RUF, mené par Sam BOCKARIE, lance une attaque surprise contre Freetown en janvier 1999 et la met à feu et à sang. On note environ 6000 morts suite à cette attaque fantôme. Des pourparlers de paix sont engagés à Lomé au Togo et mettaient en présence le président Kabbah et le chef du RUF, toujours prisonnier, sous l’égide du président Eyadima et du pasteur Américain Jesse Jackson. Ces pourparlers ont abouti le 7 juillet 1999 à un accorde de Cessez-le-feu prévoyant la mise en liberté de Foday Sankoh, l’impunité pour ses combattants auteurs d’atrocités et la création d’une commission chargée des ressources minières et la reconstruction dont la présidence est concédée au chef du RUF. Créée en octobre 1999 afin de garantir le respect de l’accord de Lomé et de remplacer les hommes de l’ECOMOG, la MINUSIL, forte d’une dizaine de milliers d’hommes, est chargée de surveiller le désarmement des combattants et de prendre le contrôle des zones minières. C’est de loin la plus importante opération jamais envisagée par les Nations-Unies à cette époque. En mai 2000, le processus de pacification est interrompu par le RUF pour empêcher le déploiement des forces de l’ONU près des mines de diamants. De nouveau, le mouvement rebelle lance une offensive contre Freetown, tandis qu’environ 500 casques bleus sont capturés. Les occidentaux qui ont supervisé l’accord de paix de Lomé, et estimé contrairement a l’avis de la population qu’il valait mieux ‘’sacrifier la justice à la paix’’ se voient contraints d’intervenir pour empêcher la prise de la capitale. A cet effet, le débarquement d’un contingent en provenance du Royaume-Uni (ancienne puissance coloniale) contribue à une reprise de l’initiative par l’armée gouvernementale, tandis que F. Sankoh est arrêté, les casques bleus sont libérés après des interventions internationales auprès de Charles TAYLOR. Aussi, le 5 juillet 2000, la résolution 1306 du conseil de sécurité de l’ONU décrète un embargo sur le trafic illégal de diamants issus de Sierra Leone. Cette mesure touche à la fois le RUF qui contrôle l’extraction illicite des diamants et le Liberia où s’organise le négoce. Après la signature de l’accord de Cessez-le-feu à Abuja(Nigeria), en novembre2000, entre le gouvernement et les rebelles, la communauté internationale intensifie la lutte contre le trafic de diamants et l’aide extérieure dont bénéficie la rébellion. De même, les combats du RUF présentent des signes durables de lassitude que vient aggraver la perte d’influence de leur leader F. Sankoh emprisonné et sur le point d’être jugé. Par ailleurs, le gouvernement sierra léonais prépare une transition démocratique sous contrôle des Nations-Unies et procède au désarmement de plus de 45000 combattants (environ 25000 rebelles et 20000 hommes issus de milices villageoises progouvernementales). A la suite de l’achèvement du processus de désarmement, la fin de la guerre civile est officiellement proclamée le 18 janvier 2002.Le conflit civil ayant opposé les forces gouvernementales sierra léonaises au RUF de 1991 a 2001 est un conflit sanglant qui a fait plus de 50000 morts. Cibles et instruments de la guerre, des milliers de civils ont été victimes d’amputations, de viols, d’enrôlements forcés (notamment parmi les enfants) et de pillages. Environ 2 millions de personnes sur une population de 4millions d’habitants ont été déplacés ou ont dû se refugier dans les pays voisins, principalement en Guinée et au Liberia.

TITRE 2 : LES CAUSES DU CONFLIT SIERRA LEONAIS

La Sierra Leone est un pays qui a connu de nombreuses tribulations pour des raisons diverses et variées et ce notamment sur le plan économique, le plan sociologique, le plan politique mais aussi à cause des interférences régionales. Pris isolément, aucun de ces facteurs n’aurait pu suffir à entraîner le pays dans la guerre civile.

Section 1 : Les causes politiques et sociologiques

Pour une meilleure compréhension des causes du conflit en Sierra Leone, nous devons remonter dans l’histoire et revenir au passé colonial de ce pays. Comme nous le savons, la Sierra Leone est une ancienne colonie britannique. La particularité de cette annexion est qu’elle se limitait à Freetown[9] et à ses environs. Ceci du fait que Freetown est située en bordure de l’océan atlantique et est donc facilement accessible de l’extérieur, ce qui n’était pas le cas de la partie arrière du pays qui n’est devenue un protectorat britannique qu’en 1896 (88 ans après Freetown). Les britanniques se faisaient aider par les esclaves affranchis (Krios ou créoles[10]) pour accroître leur influence à Freetown. Il y a donc une coupure qui a été établie pendant l’époque coloniale entre la population de Freetown et celle de l’intérieur du pays et le fait que la capitale soit isolée géographiquement n’a pas amélioré la situation, au contraire, c’est même un facteur qui pourrait éventuellement créer d’autres conflits. Il y avait une véritable rupture entre la population de Freetown et celle du reste du pays. En effet, c’est à Freetown que résidait le Président Ahmad Tejan Kabbah et en même temps c’est à Freetown qu’existait la seule université du pays, le collège de Fourah Bay tandis que de l’autre côté résidait le rebelle Foday Sankoh et les membres du RUF. Il se posait donc un antagonisme entre les hommes civilisés de Freetown et les barbares de l’arrière-pays. Aujourd’hui encore, il existe une différence criarde au niveau du développement du Sud et du Nord de la Sierra Leone. Ce déséquilibre est encore renforcé par les bailleurs de fonds qui investissent beaucoup plus à Freetown ou alentours.

La situation géographique étant loin d’être la seule cause de conflit, nous pouvons relever aussi l’émergence dans les années 1980 d’un conflit de générations. La jeunesse de toute la Sierra Leone sans distinction de sa provenance (qu’elle soit du Nord ou du Sud) ou de sa qualité intellectuelle (instruite ou analphabète), était lésée à cause de la tradition en place dans le pays. En effet, toutes les ressources que soient les terres, les diamants et même les épouses appartenaient aux anciens. A partir de là, on pourrait expliquer une montée de tension provenant de la jeunesse soit parce qu’elle n’était pas suffisamment instruite ou alors parce qu’elle revendiquait précisément l’accès à ces richesses. Face à l’intérêt que manifestait la jeunesse pour l’instruction, les bailleurs de fonds ne semblaient pas y prêter attention et se focalisaient sur des champs d’actions qui n’étaient pas une priorité en Sierra Leone (renforcement des structures d’assainissement et d’hygiène par exemple…). Pourquoi est-ce que les bailleurs de fonds ne voulaient-ils pas résorber le problème majeur en Sierra Leone ?

Les clivages ethniques longtemps masqués pendant la période coloniale ont finalement refait surface. Comme nous le savons, les Krios étaient l’ethnie des privilégiés pendant la période colonial. Ils occupaient des places de choix en Sierra Leone bien qu’ils étaient minoritaires (2 à 3% de la population). Cette ethnie a rapidement perdue son influence après le départ des Britanniques, du fait de sa faiblesse démographique, elle a donc été écartée des postes de responsabilité. Après le décès de Sir Milton Margai en 1964 (premier ministre et chef du Sierra Leone People’s Party) le pouvoir est revenu à Albert Margai son frère. Avec sa venue au pouvoir, le SLPP s’est transformé en parti ethnique, représentant l’ethnie Mende du Sud tandis que l’APC est devenu le parti des populations temne du Nord et des groupes ethniques minoritaires. Le candidat de l’APC, Siaka Stevens a remporté les élections de 1967 et a réussi à prendre sa place grâce à l’armée car Margai a essayé de se maintenir au pouvoir. Avec l’arrivée de ce dernier, la politique s’est dégradée, maintenant c’est le règne de l’arbitraire et du népotisme qui prévalait, notamment avec l’exécution des opposants. A sa suite, vint le général Momoh qui durant son règne n’a rien fait pour améliorer la situation de corruption qui existait déjà. En plus de cela, les enseignants et les fonctionnaires n’étaient plus payés tout comme son armée. C’est avec la dégradation de la situation sociale et politique en Sierra Leone qu’est apparu le RUF (1991) qui était établi dans l’arrière-pays et qui était déjà très populaire car il avait le statut d’arme vengeresse des populations. Les jeunes ont commencé à s’enrôler dans le RUF car ils n’avaient plus rien à perdre. Comme l’a si bien résumé Elisabeth Blunt (1999) journaliste de la BBC, « s’il est vrai que beaucoup d’Etats de la région ont trahi leur jeunesse, la Sierra Leone l’a fait plus que tout autre (…). Quitter le village, posséder une arme, manger de la viande et tuer les adultes paraît infiniment préférable à la quête misérable de subsistance dans le bush, sans aucune perspective d’amélioration.[11] »

Face à la montée en puissance du RUF, le général Momoh a demandé une aide extérieure de la part du gouvernement britannique mais cela lui a été refusé. Face à ce refus, les officiers de l’armée sierra-léonaise (SLA) se sont alloué les services de mercenaires étrangers. Le général Momoh, toujours dans l’optique d’accroître ses effectifs a poussé le vice en recrutant des enfants de 12 ans qui se vendaient au plus offrant et on usait du terme « sobels » pour les qualifier car ils servaient à la fois de soldats et de rebelles. La lutte contre le RUF était donc enclenchée et le général Momoh recevait du soutien provenant d’un pays limitrophe à la Sierra Léone qui n’est autre que le Libéria à travers la faction National Patriotic Front of Liberia (NPFL) dirigée par Charles Taylor et le Liberia lui servait de base arrière pour lancer ses attaques sur les zones minières. Malgré tout, le RUF est devenu le maître d’une bonne partie rurale en Sierra Leone. Le général Momoh a finalement été renversé par des militaires de l’ECOMOG. Le nouveau chef de l’Etat Valentine Strasser et président du NPRC (National Provisional Ruling Council) a permis que la démocratie s’installe en Sierra Leone et cela n’a été effectif qu’avec sa destitution par un coup d’Etat. Pendant ce temps, les militaires du NPRC assuraient la transition. L’une des décisions importante du NPRC a été de prendre la société Sud-africaine Executive outcomes[12] pour assurer la sécurité contre le RUF dans le pays. Cette société a été efficace car elle a repris le contrôle de la plupart des zones minières. Cette société était aidée de l’ECOMOG et des milices pro-gouvernementales. Face à cette force de frappe, le RUF a été contraint d’accepter l’ouverture des négociations avec le gouvernement. Cependant, l’effet qui a découlé de cette situation est la décrédibilisation de l’armée face aux milices pro-gouvernementales.

Section 2 : Les causes économiques et les interférences régionales

« Ni les sciences économiques et politiques, ni l’histoire militaire traditionnelle ne parviennent à expliquer le conflit en Sierra Leone (…). En fait, les diamants ont été le moteur du conflit en Sierra Leone, qui a destabilisé le pays durant près de 30 ans, dérobé son patrimoine et détruit toute une génération d’enfants, précipitant le pays tout au bas de l’index du développement humain du PNUD[13] ». C’est ce qu’ont déclaré Smillie, Gberie et Hazelton (2000) pour dire en fait que la seule cause véritable du désastre meurtrier en Sierra Léone, c’est le diamant. L’exploitation du diamant a débuté en 1930, atteignant une production officielle d’un million de carats dans les années 1960. Pendant que la Sierra Leone était encore sous l’égide de la puissance coloniale Britannique, l’exploitation illégale et le trafic illicite du diamant était tel que la firme De Beers a voulu protéger le diamant en surveillant les sites miniers. Les trafics ont été facilités par le caractère alluvionnaire du diamant sierra-léonais qui peut être exploité dans des zones non-équipées et non-électrifiées. C’est aussi à partir de 1960 que la moitié du diamant a commencé à être exporté illégalement par des libanais avec l’aval du gouvernement. La production officielle du diamant a chuté[14] sous les présidences de Stevens et Momoh. C’est pour cette raison que la compagnie De Beers à transférer son bureau d’achat de Freetown à Monrovia pour avoir une meilleure prise sur le marché informel du diamant mais la guerre civile au Liberia va pousser cette compagnie à s’installer en Guinée[15]. Le diamant sierra léonais a même conduit à des luttes d’influence entre des compagnies israéliennes et les Libanais. Dans le gouvernement en place, « les politiciens sierra-léonais devaient rivaliser d’alliances dans un système politique fragmenté, où l’accès à l’argent du diamant devenait un moyen déterminant de pression. ».[16] Le diamant instaurait un jeu économique qui avait des répercussions aussi bien pour la Sierra-Leone que pour ceux qui le convoitaient à l’extérieur.

Pour avoir accès au diamant, « le Liberia a agi comme banquier, formateur et mentor du RUF [17]» qui était un instrument de pillage des ressources minières sierra-léonaises au profit du président Charles Taylor du Liberia. « L’enjeu de cette guerre n’a probablement pas été la victoire mais plutôt la réalisation des bénéfices provenant d’activités lucratives menées sous le couvert de la guerre [18]». C’est dans cette optique que l’ancien ambassadeur des Etats-Unis à Freetown, John L. Hirsch a pensé que « empêcher le RUF et Taylor d’accéder aux ressources diamantifères est une condition fondamentale pour mettre fin à la guerre [19]». Une réalité toutefois un peu plus complexe souligne que « jusqu’en 1995, l’extraction et l’exploitation de diamants par le RUF avait probablement un caractère sporadique et individuel » et que « l’intérêt manifesté par le RUF pour les diamants s’est aiguisé (…), en particulier après l’emprisonnement de Foday Sankoh au Nigeria en 1997 (…). L’exploitation de diamants devenant un important moyen de mobiliser des fonds.[20] » Nous ne pouvons pas nier que l’un des facteurs dans la lutte du RUF était le diamant mais cette lutte comporte d’autres réalités

Le président Charles Taylor avait des intérêts économiques quant au soutien du RUF dans toutes ses actions en Sierra Leone mais l’autre réalité est que le maintien de l’instabilité en Sierra Leone a constitué une garantie de sécurité intérieure pour lui car il éloignait du Liberia des miliciens incontrôlables et de potentiels rivaux. D’un autre point de vue, l’exploitation du diamant n’était pas perpétrée par le RUF seul. Il y avait aussi la main mise de firmes traditionnelles et même une forte exploitation gouvernementale manifestée par la présence de négociants libanais.[21] C’est donc dire avec Mireille Guigaz que « si la zone est contrôlée par des éléments armés, qu’ils soient réguliers ou rebelles, ce sont eux qui font la loi. Si la zone est contrôlée par des fonctionnaires civils, ils sont de toute façon corrompus et font également la loi. S’il n’y a ni éléments armés, ni fonctionnaires, ce sont les intermédiaires qui régulent le système ».[22] Tout le monde prenait part à la course aux diamants, la Grande Bretagne n’était elle aussi pas en reste.

Le Royaume-Uni avait relativement abandonné son ancienne colonie et ce n’est que dans les années 1990 qu’il a eu un revirement de situation. Pourquoi cela ? La réponse est simple, c’est à cause du diamant. La grande Bretagne n’est pas un importateur direct de diamants bruts des pays producteurs mais elle constitue un carrefour pour la commercialisation du diamant. Nous notons la présence à Londres de la centrale d’achats de De Beers. Cette dernière a importé en 2000 au royaume uni une valeur de 1 milliard 19 millions de dollars de diamants.[23] La grande Bretagne est ainsi l’un des plus gros importateurs mondiaux de diamants bruts à la suite du passage de la compagnie De Beers. En plus de ses intérêts économiques, la grande Bretagne se trouvait une valeur éthique à venir en aide à son ancienne colonie et elle a donc apporté son soutien aux autorités en place en Sierra Leone. Le Royaume-Uni est aussi intervenu pour prouver son influence et sa place centrale dans le monde et bien entendu tester ses forces armées.

La dimension régionale du conflit en sierra Leone a constitué de ses aspects les plus scabreux. Une interprétation couramment retenue est que le conflit sierra léonais est une des conséquences directes de la crise libérienne. Le colonel Ghanéen Aboague a d’ailleurs affirmé dans son ouvrage que : « s’il n’y avait pas eu le conflit libérien, on peut affirmer avec certitude qu’il n’y aurait pas eu de conflit dans l’Etat voisin de Sierra Leone (…). La guerre en Sierra Leone est la fille de la crise libérienne »

Dans la région, des pays comptaient affirmer leur importance. C’était le cas du Nigeria qui a fortement impulsé la CEDEAO pour qu’elle s’engage dans le conflit libérien pour contrer les appétits des chefs de factions et en particulier ceux de Charles Taylor. Face au rôle d’arbitre que s’est attribué le Nigeria avec l’ECOMOG, certains pays francophones se sont sentis menacés. Ça a été le cas du Burkina Faso de Blaise Compaoré qui a plutôt soutenu moralement et matériellement le NPFL de Charles Taylor.

Il y eut un autre intervenant non négligeable dans le conflit en Sierra Leone, il s’agit de la Lybie avec le Colonel Kadhafi.[24]Dès les premières années de son régime, il a beaucoup soutenu des rebelles mais il les laissait tomber au profit d’autres alliés mieux armés ou plus loyaux. Il finançait ces groupes avec l’argent du pétrole. Il avait des ambitions révolutionnaires en Afrique de l’Ouest. C’est pourquoi il a aussi financé le RUF. Foday Sankoh a été formé et armé en Lybie.

TITRE 3: LES IMPACTS DU CONFLIT SIERRA LEONAIS

Comme tout conflit majeur, qui a duré pendant plus de Vingt ans, le conflit sierra léonais encore appelé « guerre des ressources naturelles» eu de nombreux effets dévastateurs aussi bien sur l’environnement que le social, l’économie bref ce conflit eu des impacts sur tout les aspects de la vie d’une communauté, d’un peuple. Dans le cadre de ce titre il s’agit pour nous d’analyser les effets que le conflit sierra léonais a eu sur les différents aspects que nous avons mentionné plus haut, mais il s’agit surtout pour nous d’analyser les effets ou impacts de ce conflit dans la perspective de se projeter dans le futur afin de voir comment la géopolitique peut nous aider, nous étudiants en Paix et Développement à mieux comprendre l’écologie des conflits modernes.

L’analyse des effets du conflit sierra léonais se fera suivant trois grands axes que sont : les effets sur le plan économique, les effets sur le plan politique, et enfin les effets sur le plan social. Nous conclurons ce titre en notant les transformations majeures que le conflit a induit sur la géopolitique régionale et continental.

Section 1: Les effets du conflit sur le plan économique.

Le conflit sierra léonais fut un conflit économique, et pour cela, il eut des effets considérables sur l’économie de la Sierra Leone et des Pays environnants. Si les populations sierra léonaises ont vu leur situation économique se dégrader du fait de ce long conflit armée, on ne peut pas en dire autant de celle des seigneurs de guerre et de celle des grandes multinationales spécialisées dans l’extraction des ressources minières. Le conflit en Sierra Leone accrut le Sous-développement du pays. En effet classé avant le conflit parmi les pays les plus pauvres de la planète, la Sierra Leone est aujourd’hui un pays qui ne vit que grâce à la manne des donateurs occidentaux[25]. L’éducation, la santé, tous les aspects de la vie économique de ce pays sont laissé en une telle situation de décrépitude que ce pays ressemble de nos jours à un mort vivant. Si l’on procède à une analyse des principaux indicateurs du développement que sont : PNB, le PIB, l’IDH etc. On se rend compte que tout ces indicateurs montre que la Sierra Leone est un pays appauvrit par plus de dix ans d’un conflit armé.

De plus, le simple fait que les populations au lieu de vaquer à leurs occupations quotidiennes, étaient soit obligées de faire la guerre, soit obligées de se déplacer de camp de réfugiés en camp de réfugié afin d’échapper aux seigneurs de guerre locaux a accentué cet état de paupérisation. La guerre en Sierra Leone a causé la mort de plus d’un million de population aussi bien civile que militaire[26], et il est à noter que ces morts se dénombrent parmi les personnes les plus aptes à participer à la vie économique de la Sierra Leone, de telle sorte que le conflit en Sierra Leone fut comparé par certains auteurs à la traite négrière de par son impact sur l’aspect humain et de ce fait sur l’économie de ce pays ancien comptoir colonial. Le conflit en Sierra Leone priva donc ce pays de ses bras les plus aptes à le sortir de la pauvreté économique dans laquelle il se trouvait, elle priva ce pays de la jouissance de ses ressources naturelles, qui au lieu de l’enrichir enrichit plutôt les seigneurs de guerre, les grandes multinationales étrangères. Guerre fondée sur le souci de permettre à une minorité d’accéder au bonheur, le conflit en Sierra Leone exacerba plutôt le clivage entre riches et pauvres dans ce pays, n’améliorant pas la situation économique des populations locales, et surtout et cela est déplorable aggrava la situation économique de ce pays en le mettant littéralement «à genoux».

Le conflit en Sierra Leone eut un autre impact sur le plan économique de ce pays. En effet, la « course aux ressources naturelles » de ce pays à conduit à ce que l’on peut qualifier de véritable braquage des richesses naturelles d’un pays.[27] Les principaux protagonistes au conflit sierra léonais ne faisaient la guerre que pour s’accaparer des richesses naturelles de ce pays. Deuxième pays producteurs de Lignite ressource naturelle indispensable dans la fabrication de la peinture, riche pays producteur en diamants alluvionnaires[28], la Sierra Leone c’est vu livré aux mains de véritables prédateurs qui avaient tout intérêt à ce que ce conflit dure, et qui dans cette optique entretenaient le conflit en alimentant les protagonistes en armes et munitions. Cette prédation aboutie à la mise en place d’un embargo sur l’exportation des ressources naturelles de la Sierra Leone, ce qui eut pour effet immédiat d’aggraver se situation économique. De plus, le discrédit[29] jeté sur ces ressources fait en sorte que les investisseurs étrangers hésitent à venir jusqu’à présent investir dans l’extraction des ressources minières de la Sierra Leone.

Il est donc évident que le conflit en sierra léonais a eu un impact important et néfaste sur l’économie de la Sierra Leone et cela à plusieurs égards :

- On n’investit pas dans un pays en conflit permanent parce que l’on n’est pas certain de la sécurité de son investissement.

- La guerre a dépeuplé ce pays avec son cortège de morts, de déplacés et d’handicapés[30], or le principal facteur du développement est l’élément humain, élément qui sans lequel aucun développement durable n’est possible.

- Le conflit en Sierra Leone fut ce que l’on nomme un conflit de ressources, et de ce fait, il c’est caractérisé par une prédation des ressources naturelles de ce pays au profit d’acteurs individuels ou de multinationales et nos au profit de l’Etat et des populations aggravant ainsi la pauvreté.

A bien des égards le conflit sierra léonais, qui se voulait un conflit pour l’instauration d’une égalité des chances entre les citoyens de la Sierra Leone, avec pour objectif avoué de promouvoir la prospérité de la Sierra Leone, aboutit plutôt à l’appauvrissement de ce pays et de ses populations. Mais, ce conflit bien que conflit économique eu une grande influence sur la politique de la Sierra Leone.

Section 2: Les effets du conflit sur le Plan Politique.

Le conflit sierra léonais débuta au début des années 90. Cette constatation est importante dans la mesure où l’on sait que cette période de l’histoire marque la chute du mur de Berlin et l’avènement de ce que Francis Fukuyama nomma « la fin de l’histoire[31]».

Le conflit sierra léonais connut de nombreux acteurs directs et indirects comme nous l’avons souligné plus haut dans notre travail. Ce qu’il y a lieu de souligner ici est que les acteurs du conflit en Sierra Leone seront plus les acteurs politique de ce pays, on constate alors que la guerre en Sierra Leone a crée une nouvelle classe d’acteurs politique: les seigneurs de guerre ; les militaires et enfin les anciens cadres des organisations internationales de retour au pays comme des «sauveurs[32]». Cette refondation de la classe politique de la Sierra Leone entraina un changement du paradigme de l’accession au pouvoir dans ce pays. On ne pouvait accéder au pouvoir dans ce pays que si on était soit un SOBEL[33], soit un ancien technocrate des Nations-Unies. L’élection du Président Ahmad Tejan Kabbah (ancien cadre des Nations Unies) et la nomination de Foday Sankoh comme Ministre des Mines (ancien chef de guerre) vient fort à propos illustrer notre précédente remarque.

Le conflit en Sierra Leone eut comme autre impact une redéfinition de la carte politique de la sous région. En effet, le conflit sierra léonais eut pour conséquence de faire naître ou alors apparaître de nouveaux leaders en Afrique et plus particulièrement en Afrique de l’ouest. Le Nigeria en imposant par la force la paix entre les différents protagonistes au conflit, par la puissance de son armée c’est posé imposé sur la scène de la politique sous régionale comme celui sans lequel rien n’était possible. La puissance de l’armée nigériane et son efficacité au combat a valut au Nigeria le statut de puissance régionale. Avec le conflit sierra léonais, apparaît de nouvelles alliances stratégiques et politiques dans la sous région Afrique de l’ouest. En effet, le Burkina Faso, la Guinée deviennent des acteurs majeurs en Afrique de l’ouest au détriment de vielles puissances telles que le Ghana et la Cote d’Ivoire. Cette redéfinition de la carte de l’influence géostratégique de la sous région aura un impact sur les institutions politiques de cette partie de l’Afrique et surtout sur le rôle des leaders politique de ces pays devenus des acteurs incontournables de la politique régionale. Le conflit en Sierra Leone a aussi eu comme effet politique celui de mettre au pouvoir dans ce pays un nouveau groupe ethnique. Ce détail est utile dans la mesure où l’on connaît en Afrique la place qu’occupe l’ethnie et le rôle qu’elle joue dans la vie politique.

Section 3 : les effets du conflit sur la géopolitique régionale et continentale.

Le conflit en Sierra Leone a surtout et c’est le lieu de le souligner, un rôle majeur dans la définition de la typologie des conflits en Afrique, leurs analyses politiques et leurs résolutions. En effet, ce conflit et ceux qui l’ont accompagné[34]ont permis aux Etats africains d’affiner si l’on peut dire leurs capacités à résoudre leurs conflits en internes sans s’appuyer sur les Nations Unies ou la puissance coloniale, elle permit aux Etats africains à développer des mécanismes de résolution des conflits propres aux africains. La place prépondérante que pris la CEDEAO dans la résolution du conflit sierra léonais, le rôle du Nigeria, la médiation du Burkina Faso, la capacité de nuisance du Liberia[35], autant d’éléments qui permirent de mettre en exergue le fait que les conflits en Afrique ont maintenant pour principaux acteurs les africains. Le conflit en Sierra Leone permit de mettre en place des caractéristiques essentielles au système FEWER[36] propre aux réalités africaines. De plus ce conflit montra que les mécanismes de résolution des conflits tels que conçu par les juristes des Nations Unies n’étaient pas efficaces en Afrique, la preuve est que les élections en Sierra Leone et l’élection d’un Président démocratique ne mit pas fin au conflit. Au contraire, ce Président subit un coup d’Etat et n’eut été l’intervention des acteurs africains, il ne serait pas revenu au pouvoir. Ce conflit eu comme autre implication politique le fait qu’il apporta une nouvelle vision du concept de post conflict building. Ainsi, le plus difficile n’est pas de mettre fin au conflit, comment faire pour vivre après dans la situation d’avant, sinon dans la situation meilleure qu’avant ? Voilà les questions auxquelles les techniciens des organisations internationales sous régionales, régionales et internationales eurent à apporter des réponses, et cela nous le devons à des conflits tels que celui qui prit par en Sierra Leone.

Le conflit en Sierra Leone, fut sur le point de vue de ses effets politiques enrichissants pour la compréhension de la nouvelle donne politique en Sierra Leone, en Afrique et dans le monde. On a donc l’apparition de nouveaux acteurs politiques aussi bien en Sierra Leone qu’en Afrique. Les concepts de Post conflict Building et de FEWER sont remis au gout du jour et des réalités locales et surtout les conflits en Afrique sont devenus le problème des africains[37]. Cette redéfinition des acteurs politique des conflits en Afrique et en Sierra Leone en particulier nous amène à nous demander quel effets le rôle de ces acteurs à eu sur la vie social et sur la reconfiguration sociologique de la notion si complexe de «nation» en Sierra Leone

Section 4 : Les effets du conflit sur la société sierra léonaise.

« Quelle soit pour une raison bonne ou juste, il n’y a pas de guerres justes[38]» cette citation du grand écrivain américain Ernest Hemingway est d’autant plus vraie quand on regarde les effets d’une guerre ou d’un conflit armé sur les populations civiles. Le conflit en Sierra Leone présente à lui tout seul, tous les éléments négatifs que peuvent comporter un conflit: massacres, viol, vols, mutilations, pillages, déplacements de populations civiles bref tous les ingrédients d’une catastrophe humanitaire[39] fait par la main des humains.[40]Les populations civiles non engagées dans le conflit armé en Sierra Leone étaient contraintes de fuir les zones de combat sui étaient le plus souvent leurs villages. Même quand elles se réfugiaient en ville, les combats les y rattrapaient augmentant leurs désarrois et leurs angoisses. Imagier ce que c’est que de s’endormir en sachant que dans la nuit, un individu peut venir et vous violer puis vous tuer ? Il n’y arien de plus traumatisant. De plus ne plus avoir pour seul biens que les vêtements que l’on porte et un baluchon sur la tête réduit ces populations à ce que l’on appela alors «les damnés de la terre.[41]» Le conflit en Sierra Leone mis de surcroit en difficulté la construction d’une nation unie. Le conflit en effet aggrava les clivages ethniques et identitaires. D’ailleurs les mouvements rebelles étaient des regroupements des ethnies, et ne visaient que la défense des intérêts du groupe. Le conflit sierra léonais en plus de faire apparaître une nouvelle classe politique dans le pays, fit apparaître une nouvelle typologie sociale dans le pays. Au lieu d’avoir une classification basée sur l’aspect économique, on a en Sierra Leone une classification sociale qui prend en compte la position que l’on occupait pendant le conflit. Ainsi, on n’a plus les riches et les pauvres mais, les seigneurs de guerre, les déplacés et mutilés de guerre, les combattants et les expatriés de retour au pays. Cette nouvelle classification de la société sierra léonaise est l’héritage du conflit.

Le conflit sierra léonais est de ceux qui structurent durablement un pays, une nation, une région et même notre vison du monde et des enjeux de ce monde. S’il est vrai que ce conflit tire son origine d’un malaise social, il n’en demeure pas moins vrai que les acteurs de ce conflit ce sont retrouvés embarqués dans un navire dont ils ne connaissaient ni la destination, ni la date de débarquement. L’analyse des impacts de ce conflit permet de mettre en exergue les effets de ce conflit sur les différents aspects de ce pays et de cette région, effets qui furent tellement structurants à telle enseigne que l’on voit dans la crise ivoirienne et les soubresauts au Burkina Faso, les spasmes du conflit sierra léonais.

CONCLUSION :

De la précédente analyse, nous comprenons l’importance d’une vision géopolitique quant à l’étude d’un conflit. Pour le cas qui nous concerne, nous avons répondu essentiellement à la question : quels sont les évènements sous-jacents qui ont rendu possible le conflit ? Est-ce que le conflit sierra léonais est un conflit de la pauvreté comme le prétende Collier et Hoeffler ? Oui, car il est un conflit qui prend sa source dans la frustration qu’on ressentie les populations marginalisées du pays et écartées de la manne minière. A partir de cette préoccupation nous avons pu déduire les intérêts politiques, économiques et même idéologiques des acteurs de ce conflit. Face à ce grand échiquier qu’a été la Sierra Leone, d’aucuns ont établi certaines stratégies visant à résorber le conflit et nous avons pu constater que cela n’a pas toujours été concluant. C’est donc dire qu’il faut repenser les stratégies pour éviter les conflits, pour y faire face et pour y mettre un terme. La Sierra Leone a été en proie à toutes les ébauches de stratégie, mais la seule qui n’a pas été appliquée c’est une stratégie provenant de la source même, c’est-à-dire résoudre le problème de la misère et des inégalités sociales. Du fait de sa position géographique et de la richesse de son sol, la Sierra Leone a été très prisée au-delà même de l’Afrique. Sa richesse et sa position ont été les sources de son plus grand malheur. Il a eu des impacts sur l’avenir politique du pays mais aussi dans d’autres pays de la région.



[1]-LES GEMMOCRATIES, F.Misser, O. Vallée,p129-130

[2] -La Sierra Leone pendant le régime de Siaka S. a connu 4 coups d’Etat entre 1967-1968. CDRL.

[3] -Chataigner , L’ONU dans la crise en Sierra Leone, p14.

[4]-Revolutionary United front créé par le président libérien Charles Taylor et dirigé par Foday Sankoh. Il constituait une centaine de combattants venus du Liberia, du Burkina Faso, de la Sierra Leone. Cf. ‘’Armés mais désœuvrés’ , Nicolas Florquin, p369-370

[5] -Les chasseurs regroupés selon leur appartenance tribale ont constitué des groupes de Kamajors dont le but était la défense des communautés villageoises. Cf. Nicolas Florquin, Armés mais Désœuvrés, p370

[6] -Suite a la prise de la capitale par les membres du RUF en 1998, bien qu’agissant pour son propre compte, l’AFRC vient soutenir les efforts de l’ECOMOG de l’Armée gouvernementale et de la MONISIL. CDRL

[7] -Nicolas Florquin, Armés mais Désœuvrés, p371

[8] -Nicolas Florquin, Armés mais Désœuvrés, p372

[9] Freetown est la plus grande ville et la capitale de la Sierra Leone. C’est une ville portuaire située au Nord du pays.

[10] Anciens esclaves ou descendants des esclaves, minorité en Sierra Leone. Ils ont participé au développement de l’influence britannique à Freetown

[11] Confer. Mémoire de Mireille Guigaz dans le chapitre consacré aux diamants du conflit.

[12] Société militaire privée Sud-africaine créée en 1989 par d’anciens militaires sud-africains

[13] Extrait des études publiées par l’organisation non gouvernementale canadienne « partenariat Afrique Canada » (Smillie, Gberie et Hazelton 2000)

[14] 2 millions de carats produits en 1970 ; 595 000 carats produits en 1980 et 48 000 carats en 1988.

[15] Le bureau de De Beers à Conakry sera finalement fermé au printemps 2001.

[16] Citation de C. Clapham dans le cadre de son analyse d’un système politique rentier appuyé sur l’exploitation du diamant alluvial

[17] Extrait du « partenariat Afrique Canada »

[18] Analyse extraite de « partenariat Afrique Canada »

[19] Analyse de Hirsch dans son ouvrage publié par l’académie internationale de paix.

[20] Op.cit.

[21] Confer. L’ONU dans la crise en Sierra Leone, Chataignier Page 38.

[22] Mémoire de Mireille Guigaz

[23] Confer. L’ONU dans la crise en Sierra Leone, Chataignier, Page 39.

[24] Confer. L’ONU dans la crise en Sierra Leone, Chataignier, page 46.

[25] Rapport PNUD 2009 sur le classement des pays pauvres.

[26] Il s’agit du chiffre communiqué le 10 mai 2000 au Conseil de sécurité par le Secrétariat Général des Nations Unies.

[27] Rapport 1997 de l’ONG Transparency international sur le pillage des ressources naturelles en Sierra Leone.

[28] Les diamants alluvionnaires sont les plus faciles à exploiter parce que ne nécessitant pas d’énormes moyens techniques.

[29] Suites au rapport des ONG, les diamants en provenance de la Sierra Leone furent catalogués comme étant des «diamants de sang »

[30] Le RUF avec sa politique de « manches longues ou manches courtes » a largement contribué à augmenter le nombre d’handicapés dans le pays, ajouté à cela les mines anti personnelles qui firent de milliers de victimes.

[31] Francis FUKUYAMA, La fin de l’histoire et l’avènement du dernier homme. 6eme Fayard. Paris 1999.

[32] La nouvelle classe politique en Sierra Leone tout comme au Liberia voisin est constitué après la guerre civile d’anciens cadres du système des Nations Unies : on a ainsi Ellen Johnson Siterf au Liberia et Ahmad Tejan Kasbah en Sierra Leone

[33] Acronyme signifiant Soldats et rebelles. En effet, dans ce conflit, on était soldat le jour et rebelle la nuit. Voir à ce sujet Donald Rostchild, civil war to civil peace. Oxford University Press. 2009

[34] Il s’agit de tous les conflits qui ont marqué l’histoire de l’Afrique post guerre froide. De 1990 à 2000.

[35] En effet le Liberia et son Président Charles TAYLOR fut l’un des principaux animateurs des conflits armés dans cette partie du continent africain ;

[36] il s’agit du système mis en place par les Nations Unies en vue de prévenir les violences. FEWER signifie : forum of early warning for early reaction.

[37] La grande implication des Etats africains dans la résolution du conflit sierra léonais et surtout la mise en place pour la première fois d’une force de maintien de la paix africaine, tous ces éléments montrent que le continent ait décidé de prendre en main la résolution des conflits en son sein.

[38] Ernest Hemingway, Pour qui sonne le glas. Folio, Paris. 1988. Ce livre retrace l’histoire de la guerre civile espagnole durant les années 1930.

[39] Rapport du HCR sur la catastrophe humanitaire en Sierra Leone. 1999.

[40] Une distinction est faite ici entre les catastrophes humanitaires qui sont du fait de la nature et ceux qui sont du fait des humains.

[41] Titre d’une œuvre de Franz FANON, dans lequel il parle de la misère du peuple algériens souffrant des atrocités de la guerre civile algérienne.


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