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LA METHODE DEDUCTIVE

Introduction
Toute discipline est caractérisée par son objet d’étude et sa démarche ou méthode. Le dictionnaire Larousse définit la méthode comme la démarche organisée et rationnelle de l’esprit pour arriver à un certain résultat. En sciences, il existe un éventail de méthodes parmi lesquelles la méthode déductive ou rationnelle : objet de notre exposé. La démarche déductive consiste à partir du général pour arriver au particulier. Pour mieux cerner la déduction, il nous semble judicieux de nous pencher sur sa définition et son historique d’une part et la démarche déductive proprement dite d’autre part. Par ailleurs, nous examinerons l’apport de la dite méthode en économie et ses limites.

I. Définition et historique de la méthode déductive
1. Définition
Pour Sherlock Holmes, la déduction consiste à partir de l’observation d’un fait général au particulier. Le raisonnement déductif permet donc d’aboutir à des conclusions capables d’être suivies si l’observation de départ et le chemin suivi pour aboutir à la dite conclusion est vrai. La déduction est aussi qualifiée de « top-down approach ». Ainsi, si des prémisses posées sont vraies, la conclusion doit l’être aussi. Et si de nouvelles prémisses sont ajoutées aux prémisses de départ, la conclusion reste valable. Lorsque l’antécédent ne comporte qu’une seule prémisse, on parle de déduction immédiate, ou inférence. Lorsqu’il en comporte plusieurs prémisses, la déduction est médiate, ou syllogistique.
L’exemple suivant est un raisonnement déductif comportant deux prémisses et une conclusion logique déduite de celles-ci : « si l’on admet que tous les êtres humains ont une tête et deux bras et que Pierre est un être humain, on peut alors logiquement conclure que Pierre doit avoir une tête et deux bras ». Ce raisonnement déductif est valide, c’est-à-dire que sa conclusion est vraie si toutes les prémisses sont vraies.
2. Historique
La paternité de la méthode déductive revient au philosophe Descartes (1596-1650) qui est le promoteur du rationalisme moderne. Cependant, le rationalisme apparaît sous différentes formes dans presque toutes les périodes de la philosophie occidentale, et peuvent être aisément qualifiées de rationalistes les pensées de Platon ou d’Aristote en ce que la raison est ce qui permet d’articuler la pensée dans un discours, et qu’en ce sens une connaissance du monde est possible. Aristote est donc le premier à décrire la méthode déductive en ce qu’on a qualifiée de logique aristotélicienne stipulant que tout raisonnement peut se ramener à une forme syllogistique. Un syllogisme étant un argument composé de deux « prémisses », et d’une « conclusion » déduite des prémisses.
À la suite de Bacon en Angleterre et de Campanella en Italie, Descartes va juger la logique aristotélicienne stérile et formule alors que la découverte de la vérité dans les sciences est conditionnée par l’observation de « règles certaines » et que ces règles n’ont rien de commun avec la logique aristotélicienne. En croyant posséder la méthode scientifique par excellence qui mène à la vérité, Descartes soutient que la véritable connaissance ne peut se fonder sur les sens et que la certitude ne vient que de la déduction qui est notre raison. A la suite de Descartes viendront des philosophes comme Baruch Spinoza (1632-1677) et Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716). Ce dernier reprit le projet cartésien d’une philosophie inspirée des méthodes scientifiques. En effet, que pouvons-nous dire de la démarche déductive ?

II. La démarche déductive
L’objectif de la méthode déductive est la détermination de la loi d’un effet d’après les lois des diverses tendances dont il est le résultat commun. Elle se fonde sur trois étapes à savoir une induction directe, un raisonnement et une vérification.

1. Première étape : Induction directe
Le premier pas de la démarche déductive est une induction directe c'est-à-dire une observation des faits ou expérimentation. Cette étape suppose une observation préalable de chaque cause. Il serait par exemple difficile de formuler les lois d’un objet en mouvement si on n’observait pas d’abord les lois liées à l’objet et ensuite, celles liées au référentiel avant de tirer les lois de l’ensemble. Dans le domaine de l’économie, les troubles d’une fonction (production, répartition et consommation) ne peuvent avoir lieu sans entrainer plusieurs autres ce qui aboutit généralement à des crises. La compréhension de la crise dépend donc de l’observation des premières traces du désordre.

2. Deuxième étape : raisonnement.
La seconde étape consiste à déterminer, d'après les lois des causes, quel sera l'effet produit par une combinaison donnée de ces causes. A l'aide de ces déductions des lois séparées des causes, on peut, dans une certaine mesure, trouver une réponse à ces deux questions: une certaine combinaison de causes étant données, quel sera l'effet produit? Quelle combinaison de causes, si elle existait, produirait un tel effet donné? Dans le premier cas, on estime que l'effet aura lieu dans certaines circonstances complexes dont les divers éléments sont connus; dans l'autre, on juge suivant quelle loi (sous quelles conditions antécédentes) un effet complexe donné sera produit.


3. Troisième étape : vérification
Le troisième élément essentiel de la Méthode Déductive est la vérification. Pour que les conclusions obtenues par déduction soient garanties, il faut que, soigneusement comparées, elles se trouvent d'accord avec les résultats de l'observation directe partout où on peut le constater. Si l'observation directe et la comparaison des faits fournissent des lois empiriques de l'effet (vraies dans tous les cas observés ou dans le plus grand nombre), la vérification la plus sûre dont la théorie soit susceptible serait qu'elle conduise déductivement à ces mêmes lois empiriques.

III. Apport et limites de la démarche déductive
1. Apport en économie

La déduction est très appliquée en douane. Elle permet au niveau de la douane de dégager la valeur de la marchandise importée à partir du prix de la revente sur le marché local ou à défaut celui d'une marchandise identique ou similaire importée, déduction faite de la marge bénéficiaire et des frais engagés après l'importation. Pour une marchandise ou un bien ayant coûté 100 FCFA à l’import, sa valeur douanière sera fixée sur la base de 100 FCFA.

L’analyse et l'interprétation des données statistiques est faite à partir de la méthode déductive. En effet, la statistique déductive ou descriptive a pour but de résumer et de présenter les données observées sous la forme la plus accessible (simplification et réduction des données, à la fois visuelle et conceptuelle).

2. Limites
Les limites que l’on a pu faire à la déduction sont nombreuses :
 On lui reproche de parler de détermination par une induction directe des causes séparées alors que les causes ne se laissent pas toujours observer chacune à part. il est donc difficile d’établir avec certitude les fondements inductifs nécessaires pour servir de support à la méthode déductive. C’est pourquoi John Stuart Mill dans le livre III du Système de logique déductive et inductive paru en 1853 déclare que : « en poursuivant la vie dans les êtres que nous disséquons, nous la perdons à l’ instant où nous la saisissons »
 L’autre critique faite est que : quand bien même il serait possible d’observer chacune de ces causes à part, il reste difficile de les combiner toutes de manière à préciser l’effet résultant de leur action collective. Les causes qui influencent la vitesse du mouvement d’un projectile telles que la force de la poudre, l’angle d’élévation du projectile, la densité de l’air, la direction du vent etc. sont non seulement nombreuses, mais aussi difficile à combiner.

Conclusion
Rendu au terme de cet exposé où il était question de la méthode déductive, nous pouvons à la lumière de ce qui vient d’être vu dire que c’est aux trois parties constituantes de la déduction à savoir l'Induction directe, le Raisonnement et la Vérification, que l'esprit de l'homme doit ses plus éclatants triomphes dans l'investigation de la Nature. Nous lui devons toutes les théories qui rassemblent des phénomènes nombreux et compliqués sous quelques lois simples, qui, considérées comme lois de ces phénomènes, n'auraient jamais pu être découvertes par l'étude directe.

Références bibliographiques
- John Stuart Mill : système de logique déductive et inductive, Livre III 1843 Chapitre XI, PDF pp129-136, traduction de Louis PIESSE
- François, DEPELTEAU : la démarche d’une recherche en sciences humaines ; de la question de départ à la communication des résultats, paris 2000 p59-62.
- www. Livre.fnac.com
- www. Agroparistech.fr
- www. Classiques.uqac.ca
- encyclopédie Encarta 2009
- www.douane-gouv.fr

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