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ADAM SMITH

INTRODUCTION


Adam Smith, baptisé le 5 Juin 1723 et mort le 17 Juillet 1790, était un économiste et philosophe d’origine écossaise considéré comme le père de l’économie moderne. Durant ses études, il se lie avec le philosophe David Hume dont la pensée exerce une grande influence sur ses conceptions en matière d’éthique et d’économie. Son œuvre maîtresse « The Wealth of Nations » (parue le 09mars 1776) a contribué à créer l’économie telle qu’on la connaît de nos jours, en en faisant une discipline autonome. Grâce aux multiples théories et ouvrages à succès qu’Adam Smith a eu à mettre en place dès l’époque des lumières écossaises en économie, il se veut attribuer avec raison le statut de repère théorique du concept de développement ; ainsi, le développement chez Adam Smith s’appréhende d’un point de vue essentiellement économique ; par ailleurs, il soutient que, du fait de l’alternance entre les sentiments humains de « sympathie » et d’ « égoïsme » évoqués dans l’une de ses œuvres « Théorie des sentiments moraux » , l’altruisme chez l’homme n’est jamais dénué d’intérêt. Les idées et théories d’Adam Smith sont donc d’une certaine manière incontournables dans l’étude du concept de développement. Pour mieux les comprendre, nous axerons notre analyse en trois grandes parties : contexte historique et émergence des idées d’ Adam Smith en (I), sa pensée en (II), et son apport en (III).




I. Contexte Historique et émergence des idées d’Adam Smith

A. Contexte Historique :


1. En Ecosse : Influence de la doctrine mercantiliste

Pendant la période des lumières en Ecosse, l’essor de l’industrie se lisait au travers de la doctrine mercantiliste, doctrine selon laquelle l’économie d’une nation était basée sur le commerce et l’échange. Les partisans du mercantilisme au XVIe siècle furent les premiers à entreprendre une étude systématique des éléments constitutifs de la richesse des nations. Selon eux, la richesse était constituée, pour l'essentiel, des réserves de métaux précieux. Les mercantilistes pensaient également que l’Etat se devait d’intervenir dans la perspective de réguler les échanges internes, et par la même occasion de prévenir la concurrence destructrice à l’origine des conflits. Cette régulation intervenait sur le plan de la mise sur pied des associations et par le recrutement des inspecteurs du commerce chargés de faire respecter les prix sur le marché .Quant aux échanges internationaux l’Etat avait pour rôle d’appuyer ses ressortissants commerciaux dans la recherche du profit à l’extérieur afin de renforcer l’économie nationale. Contrairement à eux, Adam Smith lui, était pour la non intervention de l’Etat. En effet il pensait que l’Etat devait se limiter à assurer ses fonctions régaliennes à savoir la défense, la police et les dépenses publiques utiles à tous mais non rentables pour un particulier (notions quelques fois très extensives pour Smith).

2. En France : Influence de la doctrine physiocrate

Les Physiocrates sont une école d'économistes français du XVIIIe siècle dont les méthodes contribuèrent au développement des sciences économiques. La doctrine des physiocrates s'opposait au mercantilisme, qui quant à elle est une doctrine économique qui fondait la prospérité d'un État sur l'accumulation des réserves de métaux précieux et sur la réglementation des échanges commerciaux. Convaincus de l'existence d'un ordre naturel, les physiocrates soutenaient que le « laissez-faire » engendrerait naturellement la société la plus prospère et la plus vertueuse qui soit. Les échanges pourraient alors s'effectuer librement. Ils faisaient reposer la prospérité sur l'agriculture, à leurs yeux ,la seule source de richesse et sur la paysannerie, qu'ils considéraient comme la seule classe productive, le commerce et l'industrie permettant seulement de distribuer la richesse produite, et s'analysant en conséquence comme une activité stérile. Ils réfutèrent en outre l'importance accordée par les mercantilistes au commerce international. Favorables à la propriété foncière s'appuyant sur la monarchie héréditaire, les physiocrates eurent une grande influence durant les années 1760 et leur pensée inspira Adam Smith. Il approfondit la théorie des physiocrates en soulignant que la richesse pouvait non seulement être extraite mais aussi être produite. Celui-ci réfuta cependant l'importance qu'ils accordaient à l'agriculture ; son successeur, David Ricardo, la réfuta également et insista contre les physiocrates sur la valeur du travail comme source d'utilité.
II. Biographie et repères bibliographiques d’Adam Smith

A. Biographie : Adam Smith (1723-1790)

Adam Smith était un économiste et philosophe d’origine écossaise, considéré comme le père de « l’école classique », et de l’économie moderne, avec son œuvre « Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations ».

Adam Smith est né à Kirkcaldy, en Ecosse, et baptisé le 5 juin 1723. Son père était contrôleur des douanes, mort six mois avant sa naissance. Malgré les soins de sa mère, sa santé est assez fragile. Brillant élève à l’université de Glasgow où il entre à 14ans, il se passionne pour les mathématiques où il excelle. Il y suit également les cours du philosophe Hutcheson, qui l’imprègne des principes de l’école philosophique écossaise (l’homme est guidé par deux grandes familles de forces instinctuelles : des instincts égoïstes qui développent l’esprit de conquête, des instincts altruistes, sens moral inné, qui favorisent la coopération). Il achève ses études à Oxford, où il entre à l’âge de 17ans, et y étudie la littérature et la philosophie. Son orientation première était d’entrer dans les ordres, mais la lecture de la Théorie de la nature humaine de Hume (dont la découverte d’un livre dans sa chambre lui a failli valoir une exclusion) l’en dissuade.
En 1748, il enseigne la rhétorique et les belles lettres à Edimbourg. Il se lie d’amitié avec Hume, qui est alors réprouvé par les autorités religieuses. En 1751, il obtient la chaire logique à Glasgow. Anecdote révélatrice, Adam Smith, esprit rationnel opposé au dogmatisme, refuse de donner des cours en latin, ce qu’il considère comme une tradition non fondée sur la raison. En 1752, il échange sa chaire contre celle de la philosophie morale, où il remplace Hutcheson. Son enseignement a un succès qui retentit jusqu’en Europe : ses élèves viennent parfois de Moscou pour suivre ses cours, Voltaire notamment, lui en envoie. Smith fréquente les clubs littéraires et politiques de l’époque où il prêche le libre-échange. Il forme, notamment avec Hume, la Société d’Edimbourg « pour encourager les arts, les sciences, l’industrie et l’agriculture en Ecosse », en 1754. Il se livre à des travaux philosophiques
Comme « Theory of the Moral Sentiments » (la Théorie des sentiments moraux), publié en 1759, qui lui vaut une grande admiration et le préceptorat du jeune duc de Buccleuch en 1763, avec qui il entreprend le voyage traditionnel sur le continent. Smith visite ainsi Paris, où il retrouve Hume en 1764, Toulouse, Montpellier, Genève, où il rencontre Voltaire qu’il respecte beaucoup et, de nouveau de passage à Paris, fréquente la société des philosophes et encyclopédistes, dont d’Alembert, d’Holbach, Helvétius, Necker, Turgot, Morellet, Quesnay, avec qui il débat des questions économiques. Durant ce voyage, jusqu’alors maître en philosophie, il est initié à l’économie politique, et les physiocrates l’influencent énormément. Mais le 17 octobre 1766, l’assassinat à Paris du frère cadet de son jeune élève, Hew Campbell Scott, qui les avait rejoints, interrompt brutalement le préceptorat. Il apparaît que Smith se complaît dans une vie purement intellectuelle, puisque apparemment, le romanesque n’a jamais eu sa place dans la vie de Smith. On dit qu’il fut amoureux d’une anglaise qui l’éconduit, mais sa vie sentimentale se limite à cette anecdote. Distrait et bourré de manies, il témoigne toujours très peu de goût pour la vie sociale. Au retour de ses voyages en 1766, il s’installa à Kirkcaldy et se consacra à son grand ouvrage, « An Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations » (la Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations) qui parut en 1776. Il déclasse ainsi les auteurs français, jusqu’ici maître du champ économique, et est considéré comme le « père de l’économie politique ». Ce livre influence la politique économique de l’Angleterre de manière majeure. Pitt applique ses principes dans le traité qu’il signe avec la France en 1786, et s’en sert pour l’élaboration de ses budgets. C’est la première fois qu’on applique à l’économie politique les procédés de l’enquête scientifique, ou mieux, qu’on tente d’en faire une science spécifique. Après un petit voyage à Londres où il recueille les témoignages de l’admiration de ses amis, Smith est nommé commissaire des douanes en 1777, comme son père. Il semble dès lors assez fatigué. Il subit régulièrement des malaises, et se consacre à son métier administratif. La mort de sa mère (pourtant âgé de 90ans) l’affecte au point que sa santé décline encore, et qu’il subit une attaque de paralysie en 1786. En 1787, nommé recteur de Glasgow, il n’a pas la force de prononcer son discours d’installation. Il meurt ainsi, traînant ce qui lui reste de vie, à Londres, le 17 juillet 1790. Son héritage est curieusement modeste : on découvre alors que le théoricien du libéralisme classique aurait donné toute sa vie la plus grande partie de sa fortune à des œuvres caritatives.



B. Emergence des idées d’Adam Smith :

1. L’intérêt personnel

Contrairement à Locke et Hume qui pensent que ce sont les sentiments comme la sympathie, l’altruisme qui motivent les actions de l’homme, Adam Smith, penche pour l’intérêt personnel. Pour lui, chacun agit selon ses intérêts égoïstes, mais ceux-ci sont bénéfiques à la fois pour l’individu que pour la société. Selon Adam Smith, ce n’est pas à cause de la sympathie du boucher que nous avons de quoi manger chaque soir, mais plutôt à cause de l’intérêt que le boucher pourra tirer de la vente de sa marchandise. Ceci dit, si l’homme n’était pas motivé par un intérêt égoïste, le progrès de l’économie serait impossible car c’est le progrès d’un individu qui fait le progrès de tous. Dans un sens, Smith fait usage du principe d’utilité de Hume. D’après ce dernier, tout individu maximise ses propres utilités à travers l’échange et la production qui contribuent à l’intérêt général. Seulement, Smith fait une modification dans ce résonnement ; pendant qu’à Mandeville la recherche de l’intérêt personnel est un vice, ce n’en n’est pas un pour Smith, car pour lui un tel comportement ne peut être accompagné que par une motivation positive. C’est ainsi qu’il écrit « The wealth of Nations » pour expliquer que la recherche de l’intérêt personnel n’est pas un vice car, du moment où elle vise une action positive, le comportement économique individuel fait naître la constitution et le développement de la structure socio-économique.


2. Naturalisme et Optimisme :

• Le naturalisme chez Smith traduit l’origine naturelle et spontanée des institutions économiques ; en tant que moraliste qui s’inscrit dans la tradition du droit naturel, son projet est analytique pour tenter de comprendre les mécanismes de l’économie et non d’en faire procéder des jugements de valeur sur le bien et le mal, le bon et le mauvais. Ses jugements moraux restent inspirés par la doctrine du droit naturel : est juste ce qui sert le bien commun et l’intérêt public, la société ne pouvant avoir d’autre le but que la recherche du bien commun. Sa condamnation des monopoles, des dépenses somptuaires et des prodigues se situe dans la lignée de l’œuvre de Pufendorf, juriste et premier théoricien du contrat social qui s’aventura le plus loin dans une formulation d’une théorie de la valeur.
• L’optimisme quant à lui renvoie à la croyance selon laquelle les institutions économiques sont créées et principalement bénéfiques malgré quelques effets négatifs. Smith, dans cette optique, poursuit la tradition physiocratique selon laquelle il existe comme un ordre naturel étant d’origine divine qui était sûrement la meilleure possible. Dans le même ordre d’idée, il pense qu’il existe certains instincts de base qui guident le comportement humain. Smith suit l’idée rendue populaire de Mandeville, selon laquelle la poursuite des personnels concoure au bien-être de la société toute entière. Ainsi, pour que les activités et les institutions économiques soient bénéfiques, les sentiments de Hume (sympathie et altruisme) n’étaient pas nécessaires. Smith maintient l’idée selon laquelle il existe des instincts qui poussent l’homme à agir et créer certaines institutions qui ne sont pas seulement spontanées, mais également nécessaires et bénéfiques pour la société. De plus, il pense que, comme la division du travail, le capital est tout aussi bénéfique à cause du fait qu’il limite l’industrie ; autrement dit, sans capital, l’industrie ne peut fonctionner : « Capital, true source of economic life ». Nous retrouverons un autre exemple du naturalisme chez Smith ou encore de la spontanéité des institutions économiques dans sa théorie de l’offre et de la demande. Ici, Smith dans une large mesure anticipe le marché parfaitement compétitif assumé par les futurs économistes.






3. repères bibliographiques

Tout au long de son parcours Adam Smith publiera plusieurs ouvrages dont les plus importants et les plus cités restent :

• La « Théorie des sentiments moraux », paru en 1759 et

• « Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations », paru en 1776










III. La pensée d’Adam Smith

A. Œuvres principales

1. « Théorie des sentiments moraux »

Adam Smith y donne une signification très particulière de la sympathie. En effet, dès la première formulation qu’il en donne, Smith ne limite pas la sympathie au fait de souffrir des souffrances des autres : il y inclut le fait d’être heureux de leur propre bonheur. Ensuite, recherchant la condition de possibilité de la sympathie elle-même il la trouve dans « La faculté que nous avons de nous mettre, par imagination, à la place des autres ». La sympathie n’est donc pas une passion : elle est un mouvement actif de substitution, dons le ressort est l’imagination. On en a la preuve en considérant que « quelque fois même, en nous mettant à la place des autres, nous éprouvons pour eux des sentiments donc ils sont incapables pour eux-mêmes ». On voit donc que, dans la sympathie, l’on ne souffre des souffrances des autres qu’autant qu’elles provoquent ‘imagination de nos propres souffrances. De même, « nous sympathisons aussi avec les morts », parce que nous plaçons « nos âmes toutes vivantes dans leurs corps inanimés ». Il est donc clair qu’il n’y a pas de séparation, de position tranchée entre l’égoïsme et la sympathie : celle-ci n’est pas essentiellement altruiste ; quand nous nous mettons à la place d’un autre, c’est bien nous même que nous y mettons, et quand nous souffrons à l’occasion de la souffrance d’un autre, nous ne souffrons encore qu’à propos de nous-mêmes.
La sympathie chez Adam Smith n’est donc pas l’altruisme, et nous allons voir qu’elle ne s’oppose pas non plus à l’égoïsme producteur que définit la richesse des nations. Tout d’abord, contre toute étymologie, il va jusqu’à affirmer que « notre inclination à sympathiser avec la joie, lorsqu’elle n’est contrariée par aucun sentiment, est plus forte que notre inclination à sympathiser avec la douleur ». La justification que donne Smith de cette proposition est double. En premier lieu, l’ « état naturel » de l’homme est tel qu’un supplément de bonheur lui ajoute moins que ce qu’un supplément de malheur lui retire. En conséquence, l’homme moyen est plus proche de celui qui éprouve un supplément de bonheur que celui qu’un supplément de malheur écarte de la nature humaine. Cette propension à sympathiser avec la joie est à l’origine du désir d’améliorer sa condition, de l’ambition, de la distinction des rangs. « C’est parce que les hommes sont plus disposés à sympathiser complètement avec notre joie qu’avec nos chagrins que nous faisons parade de nos richesses et que nous cachons notre pauvreté ». On ne dort pas, dit Adam Smith, d’un sommeil plus profond dans un palais que dans une cabane. Le désir d’améliorer sa condition ne s’enracine donc pas dans la naturalité biologique de l’homme mais dans sa nature sociale : hors celle-ci l’emmène à rechercher sans cesse les suffrages de ses semblables, leur sympathie : le désir de sympathie est donc le fondement de l’ambition, autrement dit, la théorie des sentiments moraux explique l’origine des sentiments qui est le nœud de la richesse des nations.

2. « Recherche sur la Nature et les causes de la richesse des nations »
« Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations » est une œuvre de synthèse. Elle ne contient de nouveau mais toutes les connaissances économiques du temps sont représentées autour du concept central de richesse nationale en un système général et cohérent. Ajoutons que Smith, connaissant très bien l’histoire économique, confronte sans cesse sa pensée et les faits. Il faut aussi rappeler que le texte paraît en 1776, à une époque où l’expansion du travail salarié et de l’échange marchand est entravée par des règlements multiples. On réclame la libre circulation des marchandises et des hommes. Smith théorise les conditions de la régulation par le marché du capitalisme naissant. Il est l’un des premiers à présenter les relations économiques comme un ensemble régi par de lois, ces relations s’autorégulant grâce au marché.
Qu’est-ce que la richesse ? Adam Smith rompt avec la théorie mercantiliste selon laquelle la richesse d’une nation se mesure à la quantité de matériaux précieux qu’elle possède. On peut avoir beaucoup d’or en raison des mines qui approvisionnent le pays sans aucun rapport avec la richesse ou la pauvreté de la population. La richesse se définit par la production annuelle obtenue grâce au travail. L’enrichissement de la nation repose sur l’augmentation de la quantité de travail et l’amélioration de la productivité. Quelles sont les conditions d’amélioration de la productivité du travail ? Smith répond qu’il faut une division du travail, une fabrique d’épingles : dix hommes employés à fabriquer des épingles, à la condition de répartir entre eux les différentes étapes de la fabrication, produisent un nombre incomparablement plus grand d’épingles que si chacun d’entre eux est contraint d’effectuer tous les stades de la fabrication. Le principe qui donne lieu à la division du travail est l’intérêt réciproque. « Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du marchand de bière et du boulanger, que nous attendons notre dîner, mais du soin qu’ils apportent à leurs intérêts. Nous ne nous adressons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme ». Mais l’égoïsme de l’individu selon Smith n’est pas dénué du sentiment de sympathie qui fait que l’homme recherche la compagnie de ses semblables. D’ailleurs comme nous l’avons vu, le tribalisme est le propre des sociétés primitives et stationnaires, la société se développant par la division du travail et donc l’échange marchand implique des liens entre les individus autrement plus importants. Effectivement, cette société primitive sur laquelle pleure Karl Polanyi est fondée sur la force et la soumission, alors que la société d’échange attribue les rôles selon l’utilité sociale de chacun.
La division du travail provient d’une compréhension par chacun de son intérêt propre. Dans la société primitive où dominait le troc, chacun cherchait à échanger ce qui lui a coûté le moins de peine contre ce pourquoi il est le moins doué. Cependant la nécessité de réaliser un plus grand nombre d’échanges a entraîné l’apparition de la monnaie.





B. Théories principales

1. La division du travail

Cette notion n’a pas été à proprement parler découverte par Adam Smith, car Turgot et les autres physiocrates l’avaient déjà observée. Mais bien au-delà Platon dans La République évoqua les bienfaits de la division du travail, facteur d’enrichissement et de création de liens entre les hommes fondant la société civile. Mais alors que Smith considère que le penchant à l’échange permet à cette division du travail de se mettre en place naturellement. Playon en appelait au législateur pour l’imposer et le perpétuer par la mise en place d’un système de castes. On entend par division du travail la décomposition et la répartition du travail dans les activités de production et de commerce. Cette notion renvoie également à ce qu’on appelle d’habitude la « chaîne de production ». Adam Smith, considéré comme « le père de l’économie politique », a écrit : La Richesse des nations dans laquelle il défendait l’économie classique. Pour lui, l’élément fondamental de la richesse des nations de travail était le travail divisé, qu’il illustre avec son exemple de manufacture d’épingles. A ce propos, il déclare : « Un homme qui ne serait pas façonné à ce genre d’ouvrage,(…), pourrait peut être à peine faire une épingle dans toute sa journée , (…) .Un ouvrier tire le fil à la bobille, un autre le dresse, un troisième coupe la dressée, un quatrième empointe, un cinquième est employé à émoudre le bout qui doit recevoir la tête (…) ». C’est ainsi que dans une société de travail, chaque membre a un rôle à jouer, rôle qu’il est tenu de respecter, faute de désorganisation et d’échec.


2. L’autorégulation du marché et la non intervention de l’Etat
Théoricien du capitalisme libéral, Adam Smith pensait que le progrès économique et moral se basait sur la concurrence, et que l’amélioration des conditions de vie générales ne pouvait pas être accomplie si l’Etat s’impliquait fortement dans les activités commerciales et industrielles individuelles. Par conséquent, toute intervention de l’Etat n’est que néfaste. Pour Adam Smith, l’économie est un secteur où se rencontrent des intérêts essentiellement personnels. L’homme de ce fait produit, consomme et échange tel ou tel bien parce qu’il souhaite satisfaire ses propres intérêts. Chaque membre de la société de travail, qu’importe sa fonction, n’agit d’une certaine manière que parce que le choix qu’il fait correspond à ses désirs. Smith pense donc que les agents économiques sont des individus qui agissent rationnellement dans le but de satisfaire un besoin personnel. C’est grâce à une régulation spontanée que cet entrecroisement entre ces intérêts ne dégénère pas en un conflit, « une guerre de chacun contre chacun », voir même le chaos, si on considère que l’acheteur désire le moindre prix, tandis que le vendeur aspire à la maximisation de son profit, à travers la compétition. Chacun, en recherchant son propre intérêt, contribue à l’épanouissement général, car la somme des activités économiques est équilibrée par ce que Smith appelle « la main invisible ».

a) La « main invisible du marché »

La théorie d’Adam Smith est souvent résumée par l’étrange image d’une « main » qui harmoniserait les intérêts personnels de sorte à créer la plus grande prospérité pour tous. C’est le fameux thème de la «main invisible ». L’effet de la main invisible assure l’harmonie naturelle de l’universalité des intérêts privés. C’est uniquement parce que les individus entrent en contact les uns avec les autres, parce qu’il se produit un échange entre des avantages personnels opposés, que se fixe un « prix d’équilibre » assurant la satisfaction des intérêts des uns et des autres. La « main invisible » chez Smith signifie donc très précisément l’enchaînement imprévisible pour les hommes eux-mêmes des effets de leurs actions. Ils ne savent pas ce qu’ils font mais ce qu’ils font a des conséquences bénéfiques pour tous. On peut même dire que le résultat bénéfique est mieux assuré en ignorant qu’on le fait plutôt qu’en croyant le savoir. C’est ce que la science du législateur, dans le domaine économique, peut montrer. C’est le sens général du grand livre d’économie politique d’Adam Smith : De la Richesse des nations. En Les riches sont comme guidés par une « main invisible » lorsqu’ils distribuent des rémunérations aux pauvres qui leur permettent de satisfaire leurs besoins tout autant que si la terre avait été également partagée.

b) Le « libre échange »
Smith défendra des théories abolitionnistes en s’appuyant sur une réflexion économique basée sur le libre-échange. Il rejettera les idées conservatrices des paysans d’un mercantilisme protectionniste et des officiers du roi qui remontent à l’époque du colbertisme et contestera l’efficacité économique et sociale de l’esclavage en y dénonçant un système moins rentable que le salariat. Smith est d’avis que l’abolition de l’esclavage profitera même aux colons qui s’y opposent pourtant obstinément. Selon Smith, l’esclavage tue toute motivation, tandis que le libre échange éveille l’engagement et l’enthousiasme des ouvriers libres et développe leur zèle, leur intelligence et leur esprit inventif. Ainsi, le travail des hommes libres entraîne un zèle économique en dehors de toute contrainte qui augmente la productivité du travail et se montrera supérieur face aux esclaves contraints à travailler par la force.

Pour Adam Smith la richesse ne résidait pas dans les valeurs elles-mêmes, mais dans les biens qu’elles permettent d’acquérir. Ainsi, contrairement aux mercantilistes pour qui l’or est une richesse de grande valeur, Adam Smith le considérait comme un bien ordinaire, un bien comme les autres. Par conséquent, l’implication de l’Etat diminue la richesse des nations, puisqu’il empêche aux agents d’acheter le plus grand nombre possible de marchandises au plus bas prix. Smith préconise que chaque nation se spécialise dans la production et l’exportation de biens pour lesquels elle tire un avantage suprême : C’est ce qu’il appelle le « libre échange ».



C. L’apport d’Adam Smith

1. Distinction fondamentale entre « valeur d’usage » et « valeur d’échange »

Adam Smith remarque que toute marchandise possède une « valeur d’usage » et une « valeur d’échange ». Par exemple, rien n’est plus utile que l’eau (sa valeur d’usage est maximale), mais on ne peut presque rien obtenir en échange de celle-ci. Le diamant en revanche est quasi inutile (valeur d’usage presque nulle) mais on peut obtenir une très grande quantité d’autres biens en échange (grande valeur d’échange). Il s’agit alors de déterminer en quoi consiste le véritable prix de toutes les marchandises. La valeur d’une marchandise se mesure à la quantité de travail que le propriétaire peut commander en échange de cette marchandise. Adam Smith parle à ce propos de « travail commandé » qu’il distingue du « travail incorporé », somme de travail nécessaire à la production de la marchandise. La valeur du travail étant invariable, elle est « le seul étalon fondamental et réel avec lequel on peut en tout temps et tout lieu estimer et comparer la valeur de toutes les autres marchandises ». Ainsi c’est le travail et non la monnaie qui permet de comparer la valeur de toute chose. Lorsque le capital s’accumule et que certains particuliers emploient des travailleurs contre un salaire, « la valeur ajoutée par les ouvriers aux matériaux se résout en deux parties ; l’une paie leur salaire, l’autre les profits réalisés par leur employeur ». Smith énonce donc, avant Marx, l’idée que le profit du capitaliste vient d’une partie non payée du travail.


2. La thèse de l’échange international

L’apport de Smith est également d’avoir constitué un corps de doctrine d’économie politique fondé sur le libre-échange, conçu comme une garantie pour que le commerce national et international soit un jeu à somme non-nulle, et une importation, nuancée par son inscription dans la continuité des doctrines scolastiques du droit naturel et du laisser-faire des physiocrates français.
Le libre échange a ainsi fait son entrée au panthéon des croyances qui fondent les politiques économiques, souligne Smith ; basé sur le présupposé, conforté par l’économie classique et surtout néoclassique, qu’il existe un état de parfaite compétition dès lors qu’on laisse les prix se former librement. De ce fait l’observation « les pays avancés sont favorables au libre-échange » devient « en adoptant le libre échange on devient un pays avancé » et d’un principe pragmatique et contingent de politique publique, le libre-échange devient un principe scientifique, une « loi » de l’économie à valeur universelle.


D. Influence of Adam Smith in the work of the New Right
Le travail d’Adam Smith a été mentionné comme l’inspiration originale

The work of Adam Smith was mentioned as the original inspiration of the liberal democracy, in that it inspired for the economic analysis of the free- market system. It is clear that this is a deceptive treatment of Smith. The work of Smith was strongly registered within classical political- economy, which in turn advocated quite particular issues in accordance of the historical growth of capitalism which later on had to make more lively the theorists of marginalism who are the new and direct ancestors of the New Right. Cependant, le travail d’Adam Smith peut être associé aux déclarations des célebrants du Nouvel Ordre sur le libre-échange. En s’inspirant des idées d’Adam Smith sur le libre-échange, les théoriciens du Nouvel Ordre ont produit des arguments sur l’idée selon laquelle le libre-échange maximise le bien-être humain. De ces arguments sont nées des déclarations sur les plans économique, politique, social et épistémologique. L’expérimentation de ces idées aux Etats-Unis, en Angleterre et en Australie a été un échec car Elles ont conduit à des conséquences fâcheuses à l’instar du chômage, la dégradation des conditions de vie, le déclin de la production industrielle et l’augmentation des dettes.






CONCLUSION

Rendus au terme de notre exposé où il était question des repères théoriques du concept de développement à l’instar d’Adam Smith, il apparaît clairement que ce dernier a été l’un des pionniers de la notion de développement entendu comme croissance économique. Afin de parvenir à cette conclusion, nous nous sommes attardés tout au long de notre exposé non seulement sur la question de savoir qui était Adam Smith, mais également sur ses théories telles que « l’ordre spontané du marché ». Ces théories l’ont conduit durant son parcours à l’élaboration de deux principaux ouvrages « Théorie des sentiments moraux »,1759 et « Richesse des nations », 1776, dans lesquels il est attelé à analyser d’une part les sentiments qui sous-tendent la manière d’agir des Hommes, conditions des échanges sociaux et d’autre part les sources de la richesse économique des nations. En somme, nous pouvons dire que les investigations d’Adam Smith furent dynamiques pour l’économie car ayant été déterminantes pour la vulgarisation de la pensée économique et pour l’intensification des échanges. Il demeure d’ailleurs très cité aujourd’hui encore lorsqu’on aborde à quelque niveau que ce soit le concept de développement.





BIBLIOGRAPHIE

« History of economic thought » Bathia, HL p.69-110

“Théorie des sentiments moraux” Adam Smith I et III, section I chapitre I

« Richesse des nations » Adam Smith, livre II, chapitre IV / livre II chapitre III

Encyclopédie Encarta 2009

Encyclopédie wikibéral

« Development Theory an Introduction » P.W Preston

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